Archive annuelle 29 juin 2018

Vos droits en festivals

Lavos droits en festivals période des festivals approchant, il est utile de faire le point sur les moyens de se prémunir de tout ce qui pourrait venir gâcher l’esprit de la fête.

Sans vouloir associer systématiquement festivalier et consommateur de drogues et/ou d’alcool, il n’est jamais agréable d’être contrôlé, fouillé, bousculé, interrogé, voire interpellé à un moment où l’on pense à « tout, mais pas ça ». Car si un festival est surtout un moment de détente, il est aussi un lieu où se concentre une population importante, où la frontière entre licite et illicite peut sembler mouvante tandis que tout paraît permis.

La police et la sécurité veillent, parfois de façon discrète et réactive, parfois de manière omniprésente et proactive. Dès lors, pour éviter l’embrouille, mieux vaut se prémunir…
La brochure de la Liaison Antiprohibitionniste vient à point pour vous aider à connaître vos droits et leurs limites avant d’y être malencontreusement confrontés au mauvais moment.

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ParInfor Drogues & Addictions

C’est quoi au juste le chemsex ?

ChemsexDepuis quelques années, un nombre de plus en plus important de demandes d’aide venant d’usagers de crystal meth sont adressées à Infor-Drogues, et ce, surtout en Région bruxelloise. Une consommation souvent associée au chemsex, une pratique à laquelle nous consacrons désormais une page sur notre site.

Contraction des termes anglais « chemical » (qui signifie littéralement « produit chimique » mais est aussi utilisé pour désigner des drogues) et « sex » (sexe), le chemsex désigne le fait de consommer des produits psychotropes pendant les activités sexuelles pour les rendre plus intenses et les prolonger.

Si le lien entre des consommations de drogues et les pratiques sexuelles ou festives n’est ni nouveau ni attaché à une seule communauté, cette pratique en particulier est surtout présente dans le milieu gay et bisexuel, ainsi que dans le cadre de la prostitution masculine. Les escorts, terme employé pour décrire cette activité, sont d’ailleurs souvent ceux qui procurent et vendent les produits consommés.

Depuis leur popularisation, les sites et applications de rencontres géolocalisés sont souvent utilisés pour chercher de potentiels partenaires adeptes du chemsex. Généralement pratiqués à deux ou à plusieurs, ces plans peuvent durer pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours dans certains cas. Il est également possible de pratiquer seul et/ou virtuellement via des caméras qui permettent de se regarder consommer l’un l’autre.

Les produits communément associés au chemsex sont la cocaïne, le GHB, la kétamine, le crystal meth (ou d’autres dérivés amphétaminiques comme la 3-MMC) et les poppers. Quand les substances sont administrées par injection, on parle alors de slamming. De cette manière, le plaisir et la désinhibition sont encore augmentés et permettent des pratiques plus « hard » et plus longues.

Nous sommes surpris par le jeune âge de certains usagers, et les risques associés à cette consommation attirent de plus en plus l’attention au sein de notre service de consultation ainsi que de notre permanence téléphonique. La pratique d’activités sexuelles combinées à la prise de substances stupéfiantes peut en effet entrainer une dépendance aux produits, mais aussi à la fréquence et au contexte du chemsex. En dehors de ce cadre et sans produit, l’excitation sexuelle peut en effet devenir difficile pour les usagers. Il n’est pourtant plus rare pour nous d’entendre mentionner cette pratique.

ParInfor Drogues & Addictions

2019, le début d’une génération sans tabac ?

génération sans tabacPlus aucun enfant né à partir de 2019 ne devrait commencer à fumer. C’est en tout cas ce que revendiquent plusieurs associations à travers la campagne Générations sans Tabac [1], lancée juste à temps pour la journée mondiale sans tabac de ce 31 mai. Un mouvement initié par la Fondation contre le cancer et Kom op tegen Kanker et soutenu, entre autres, par notre partenaire, le Fonds des affections respiratoires (FARES).

Parce que voir fumer incite à fumer, l’opération vise avant tout à ce que les enfants évoluent de plus en plus dans des lieux sans tabac, en particulier ceux qu’ils fréquentent le plus comme les aires de jeux, les fermes pédagogiques ou encore les voitures. Six communes ont déjà annoncé qu’elles feraient prochainement de leurs plaines de jeux et terrains de sport des espaces sans tabac, auxquels s’ajoutent quatre fermes pour enfants et trois hôpitaux.

Loin de se lancer dans une chasse aux fumeurs, le mouvement Générations sans Tabac veut surtout que cette pratique se fasse loin du regard des plus jeunes. Moins ils verront fumer, moins ça leur semblera normal de le faire et ils seront au final de moins en moins nombreux à s’y mettre. Et la perspective d’un monde où les enfants ne sont pas en contact avec la cigarette semble très populaire, aussi bien auprès des fumeurs que des non-fumeurs. En effet, selon une étude menée pat la Fondation contre le cancer, 95 % des Belges soutiennent le droit de grandir dans un environnement sans tabac et 92 % pensent qu’il devrait être interdit de fumer en voiture en présence d’un mineur.

Outre les organisations actives dans le secteur de la santé, de nombreux acteurs sont appelés à rejoindre le mouvement, aussi bien les communes que les clubs de sport, les mouvements de jeunesse, les parcs d’attractions et tout autre citoyen qui le désire. Ainsi, le 31 mai, mais aussi tout le reste de l’année, la campagne invite tous ceux qui le veulent à participer à l’action « Je préfère faire des bulles que de la fumée ». Le principe est simple : il suffit de prendre une photo en faisant des bulles de savons, puis de la poster sur les réseaux sociaux avec le #generationssanstabac.  Cela permettra aux participants de montrer leur soutien au mouvement, ainsi que de lui donner une plus grande visibilité.

En plus de cette action, il est aussi possible de participer activement à la campagne Générations sans  Tabac via de nombreuses démarches et initiatives proposées sur son site internet. Pour les fumeurs, le premier pas consiste évidement à ne plus fumer en présence d’enfants. Pour les autres, ça peut simplement être le fait d’en parler à ses proches. Espérons en tout cas que chacun puisse faire un effort pour que la génération à venir soit la première depuis bien longtemps à vivre sans tabac. Mais, pour ça, il faut faire vite : 2019, c’est (presque) déjà demain.

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[1]  Communiqué de presse « Génération sans Tabac : pour que plus un seul enfant ne commence à fumer !  » / FARES, 2018

ParInfor Drogues & Addictions

La Belgique ? C’est de la bière

Jupiler - BelgiumIl y a bien longtemps que les publicitaires utilisent de puissants arguments identitaires pour vendre l’alcool. Notre petite vidéo L’alcool, c’est moi en propose un (très) bref tour d’horizon.

Aujourd’hui, la bière « que les hommes savent pourquoi et qui ligue le foot » se donne une nouvelle identité à peu de frais : elle s’accapare la Belgique. L’identité belge gratos.

Il parait que ce n’est que pour cinq mois, jusqu’à la fin de la coupe des marques de bière à laquelle l’équipe d’Inbev s’est qualifiée. Bien sûr, il s’agira de l’encourager, et pour nous aider à ne pas jouer petits bras, nous pourrons compter sur un matraquage publicitaire et médiatique de tous les instants…

Pour Infor-Drogues, l’alcool est un produit qui ne peut pas être laissé aux mains des publicitaires. Supprimer la publicité pour l’alcool serait un pas important vers une meilleure gestion de ces consommations.

ParInfor Drogues & Addictions

Crise des opiacés : où en est-on en Europe ?

FentanylDepuis plusieurs années déjà, l’Amérique du Nord fait face à une augmentation alarmante de consommation, de dépendance et de décès liés au Fentanyl (opiacé). Plusieurs années de crise économique et de prescriptions abusives de certains médicaments antidouleurs dont les risques de dépendance ont été sous-estimés sont vraisemblablement la cause de ce constat inquiétant. Aux États-Unis, rien qu’en 2016, plus de 60 000 personnes sont décédées des suites d’une consommation problématique d’opiacés [1]. Conséquence de cette « épidémie », l’espérance de vie a diminué deux années de suite aux États-Unis [2].

L’intervention de Lies Germeaux, responsable du Point Focal belge de l’OFDT, lors de la journée d’étude Drugs in Brussels nous permet de faire le point sur la situation en Europe [3]. Si nous sommes encore bien loin de la situation américaine, le nombre officiel de morts par surdose frôlait 8500 en 2015, dont près de 3500 issus du Royaume Uni. Ce chiffre pourrait malgré tout être en dessous de la réalité, puisque tous les pays et régions n’utilisent pas la même méthodologie pour les comptabiliser, ou ne disposent pas de données récentes. Et puisque c’est précisément le cas de la Belgique, peut-on se fier au chiffre nous plaçant sous la moyenne européenne de 20 décès pour un million d’habitants ?

Toutefois, il est possible de voir émerger quelques tendances, notamment l’augmentation de la présence d’opiacés, impliqués dans en moyenne 80 % des décès liés à une consommation de drogue.  D’autant plus que depuis 2012, la présence d’opioïdes, dérivés synthétiques des opiacés, ne cesse de grandir en Europe. Après une première notification de présence en 2009, ces nouvelles substances sont de plus en plus signalées, jusqu’à un pic de 13 notifications l’année dernière.

Parmi ces produits, ce sont les Fentanyls qui inquiètent particulièrement [4]. Beaucoup plus fortement concentrés que d’autres produits, le principal problème avec ce qui était au départ un médicament administré à très faible dose, est qu’il se retrouve mélangé à de nombreuses autres substances sans que les usagers en soient forcément conscients. Or, la dépendance et la sensation de manque se font sentir beaucoup plus rapidement avec le Fentanyl qu’avec l’héroïne. La dose fatale est aussi beaucoup plus rapidement atteinte. En Belgique, cinq morts sont liées à un surdosage de Fentanyl en 2017. Avant 2015 il n’y en avait aucune. En Angleterre, ces opioïdes ont entrainé 58 décès en 2016.

Plusieurs solutions existent afin de faire face au mieux à cette augmentation de la présence d’opiacés en Europe. Tout d’abord, il est évident qu’il faut mettre le consommateur au centre des préoccupations, tant leurs profils, les produits et les réactions à ceux-ci sont divers et varient en fonction du contexte.  Actuellement, tous les pays d’Europe disposent d’un programme de substitution aux opiacés, mais très rares sont ceux où l’on trouve des salles de consommation à moindres risques, présentes en grand nombre aux Pays-Bas, en Allemagne et en Suisse. Elles sont en ce moment au cœur du débat en Belgique, puisque certaines grandes villes sont prêtes à les mettre en place, mais que la majorité politique actuelle refuse d’en entendre parler.

Sur les 30 pays représentés dans l’étude, neuf disposent d’un programme de distribution de Naloxone, cet antidote aux effets antagonistes de ceux des opiacés. En effet, ces derniers pris en surdose peuvent provoquer des dépressions respiratoires, des effets que peut annuler la Naloxone. Un programme de distribution et de formation à la Naloxone permettrait à des professionnels, consommateurs ou proches d’intervenir directement en cas de problème et donc de sauver des vies en maintenant les personnes jusqu’à l’arrivée des secours. En Belgique, un programme de distribution avait été mis en place à Anvers par le passé, mais il a depuis été arrêté. Aujourd’hui, il est possible de se procurer de la Naloxone sur prescription en pharmacie, ce qui ne semble pas suffisant. De plus, ce produit n’est disponible qu’en version injectable. Il est urgent que la Belgique change sa politique en la matière en donnant accès en vente libre à la version en spray.

Enfin, puisque certains produits sont mélangés avec d’autres, le rôle des lieux de testing comme Modus Fiesta et des systèmes d’alertes précoces est central afin que les usagers puissent être sûrs de ce qu’ils consomment et ainsi risquer moins de complications. Si l’Europe semble pour l’instant relativement épargnée par la crise des opiacés, il n’est pas impossible qu’elle finisse par nous rattraper au vu du nombre de surdoses dans lequel ces substances sont impliquées aujourd’hui. Pour tenter de prévenir, et s’il le faut un jour aborder ce phénomène en subissant le moins de perte possible, il est plus que jamais essentiel de miser sur la réduction des risques.

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[1] Overdoses d’opiacés : une « urgence de santé publique » nationale aux Etats-Unis /  Corine Lesnes. Le Monde, 2017.

[2] Crise des opioïdes aux Etats-Unis: la France est-elle concernée? / Florian Delorme, Pauline Chanu et Léa Mormin-Chauvac. France Culture, 2017.

[3] Le cas particulier de l’augmentation des overdoses aux opiacés : l’intérêt, voire l’obligation de s’inquiéter ? / Lies Gremeaux. Drugs in Brussels, 2018.

[4] How Fentanyl Took Hold of Britain’s Drug Users / James Nolan. Vice, 2018.

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