Ensuite, l’information donnée laisse souvent transparaître l’angoisse ou l’inquiétude de l’adulte, ses propres malaises par rapport à la drogue, alors que les jeunes ont besoin, par rapport à ce thème comme par rapport à tout autre, de sécurité, d’interlocuteurs et de repères clairs.De plus, l’information est souvent construite pour faire peur (la drogue, c’est dangereux, n’y touche pas), on y parle davantage des substances illicites, insistant ainsi sur leurs caractères interdits (on ne peut pas se droguer) et sur son aspect nuisible pour la santé (la drogue, ce n’est pas bon et si les drogues sont interdites c’est parce qu’elles sont dangereuses).
On pense habituellement que la peur est dissuasive. Mais centrer l’attention sur l’interdit pousse certains (surtout à l’adolescence) à vouloir le transgresser. Se centrer sur le caractère nuisible du produit occulte les contradictions internes à toute consommation : s’y mêlent en effet plaisir et bénéfices secondaires importants à l’adolescence (se faire valoir auprès des copains, postposer un effort à fournir, se procurer du plaisir plus facilement, etc. ). Si on n’aborde pas ces questions-là, notre discours restera boiteux et n’atteindra pas le but poursuivi.
Bien sûr, chaque situation est différente et c’est à chacun d’agir, en » âme et conscience « . Néanmoins, voici quelques pistes.
Il est plus aisé de parler de ce sujet suite à une demande ou à une interpellation de l’enfant vis-à-vis de l’adulte. En ce cas, vous pouvez vous appuyer sur une brochure, ou un livre, non pas pour transmettre une information de façon scolaire, mais pour ouvrir le débat avec votre enfant, en restant très vigilant à l’accueil qu’il vous faut offrir à des questions ou des préoccupations auxquelles vous n’auriez pas pensé vous-mêmes.
Si il n’y a pas de demande explicite de la part de l’ado, les informations et le dialogue peuvent néanmoins souvent s’intégrer dans le fil d’une autre conversation. La meilleure prévention consiste à adopter une attitude générale grâce à laquelle vous participez au développement de certaines opinions, de certains comportements dans les relations ou aptitudes personnelles (jugement critique de ce qu’il entend, affirmation et confiance en lui, capacité à défendre un point de vue, même impopulaire …).
Vous faites de la prévention chaque fois que vous donnez des moyens de développer une personnalité équilibrée, capable de s’intégrer dans la collectivité et de développer des choix responsables, et éventuellement de les défendre. Vous permettez ainsi un dialogue constructif sur ce qui construit le monde de votre enfant :
– la santé (l’alimentation, le sommeil, les médicaments, le sport, …),
– le plaisir (la capacité d’attendre, les activités plaisantes mais risquées, le rôle de la publicité, des modes, …),
– la loi et les limites.
Comme vous le constatez, il ne faut pas tout savoir sur les drogues avant d’engager le dialogue. En effet, ce qu’attendent les enfants et les adolescents n’est certainement pas un cours sur les effets des drogues (ils les connaissent vraisemblablement mieux que vous); ils sont plutôt en attente de discussions qui les aident à se structurer et à construire leurs propres valeurs.
Vos enfants ont entre 10 et 12 ans, découvrez les questions qu’ils se posent.