Archive de l’étiquette drogues

[Dans la presse] QR le débat : Plus de drogues, moins de sécurité ? (La Une)

Notre chargé de communication, Antoine Boucher, était invité à participer à l’émission QR, le débat télévisé de La Une, sur le thème des drogues et de la sécurité. Entre les violences des réseaux criminels à Anvers, les consommations visibles dans l’espace public, et les faits divers impliquant des personnalités connues, les drogues sont omniprésentes dans l’actualité. Relayées et mises en récit par les médias, les informations sur les drogues sont présentées au grand public sous l’angle du sensationnel, de la violence et de la morbidité.

Une vision qui crée et entretient des représentations négatives et qui contribue à la déshumanisation, la marginalisation et à la criminalisation des consommateur·ice·s. Pour le public, ce genre de traitement médiatique engendre une fascination, et rend difficile une pensée critique, car il faut d’abord déconstruire le discours intégré et relayé depuis des dizaines d’années. C’est pourtant ce que nous nous efforçons de faire au travers de nos interventions dans les médias. Bien que notre analyse se heurte souvent au discours des politiques et au ressenti des témoins, il est selon nous important de continuer à être présent dans ces espaces pour tenter au mieux de nos moyens de combattre les stéréotypes et décaler le discours entourant les consommations de drogues légales ou illégales.

Retrouvez ci-dessous une sélection d’extraits de l’émission, comprenant l’intervention de notre chargé de communication. Pour visionner l’émission dans son intégralité, cliquez sur ce lien.

 

ParInfor Drogues & Addictions

[Dans la presse] Alerte au nouveau cannabinoïde HHC (MediQuality)

Depuis quelques mois, l’hexahydrocannabinol, dit HHC, gagne en popularité et commence à faire son chemin jusque dans les boutiques de CBD. Cette molécule, dérivée du THC et produisant des effets similaires, bénéficie jusqu’à présent d’un vide juridique qui le rend en pratique légal. Ce n’est pas la plante de cannabis qui est illégale, mais bien la molécule qu’elle contient. En synthétisant de nouvelles molécules à partir des existantes, on échappe ainsi, souvent temporairement, aux risques judiciaires que comportent les drogues illégales.

Mais ce processus de fabrication pose des questions, notamment quant à la composition du produit final, et aux risques qu’il peut comporter pour les consommateur·rice·s. Dans une récente interview, le ministre français de la santé a donc indiqué que le HHC serait certainement bientôt interdit. Chez nous, en Belgique, sa vente est déjà restreinte, et interdite dans les boutiques de CBD. Mais comme pour les autres drogues illégales, interdire cette molécule n’aura pas d’effet positif. Selon nous à Infor-Drogues, interdire un produit ne fait que contribuer à la stigmatisation et à la marginalisation des personnes qui les consomment. Une interdiction qui se dispense d’informer le public sur la composition, les effets et les risques potentiels. Et cela pousse bien souvent les consommateur·rice·s vers le marché noir, qui ne se prive jamais de proposer de nouveaux produits.

L’inefficacité de la prohibition des « nouvelles drogues », c’est le sujet qu’aborde notre chargé de communication dans l’article de MediQuality consacré à l’émergence du HHC. Vous pouvez le consulter en cliquant sur ce lien.

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Chers États prohibitionnistes, vous avez du sang sur les mains

Chers États prohibitionnistes, vous avez du sang sur les mains« Chers consommateurs de cocaïne, vous avez du sang sur les mains »[1], « Les consommateurs doivent savoir que notre sécurité est en danger par leur utilisation. Ils doivent vraiment se regarder dans le miroir »[2]. A entendre certaines personnalités politiques et judiciaires, les consommateur·rices de cocaïne sont les seuls et uniques responsables de l’existence et la violence des réseaux criminels auprès desquels iels se fournissent. Ce n’est pourtant pas la consommation de drogues illégales qui a fait naitre et prospérer le marché noir et ses entrepreneurs. Ceux qui ont mis en place les réseaux criminels qui produisent et distribuent la cocaïne, ce sont les États qui mettent en œuvre les politiques prohibitionnistes et la « guerre contre les drogues[3]».

Or, si les drogues – qu’elles soient légales comme le tabac ou illégales comme la cocaïne – continuent d’être consommées malgré les risques judiciaires et/ou de santé, c’est parce que ces produits remplissent pour leurs utilisateurs des fonctions essentielles. Dans le cas des utilisateur·rices de cocaïne, perçu·es comme des fêtard·es irresponsables et égoïstes[4], la ligne téléphonique d’Infor-Drogues[5], lorsqu’elle est sollicitée, découvre en réalité une consommation plutôt liée au travail. À une époque où les employeurs sont de plus en plus exigeant avec les travailleur·euses[6], certain·es recourent à ces drogues illégales pour être aussi bon·nes, voire meilleur·es, que leurs collègues, ou gérer le stress qu’impliquent des exigences de performance. Les autorités s’obstinent donc à pénaliser ceux qui tentent, certes à leur manière, de satisfaire à certaines normes très impératives de la société.

A cet égard, l’échec de la prohibition de l’alcool aux États-Unis peut servir d’exemple. Poussée par des groupes puritains, l’interdiction totale par le gouvernement américain de la fabrication, vente et consommation d’alcool a donné naissance à de multiples mafias, qui produisaient et écoulaient de l’alcool illégalement dans tout le pays et dans toutes les couches de la société. Cette politique prohibitionniste n’a fait qu’augmenter les problèmes sanitaires liés à l’alcool de mauvaise qualité et a fait exploser la corruption et la violence entre bandes rivales. Après treize longues années, le gouvernement fédéral américain a fait marche arrière, estimant plus sage d’encadrer cette consommation puisque des millions de citoyen·nes n’arrivaient pas à arrêter malgré la prohibition.

Combien de temps faudra-t-il encore avant que les États ne se rendent compte qu’ils sont les seuls à pouvoir changer le système qu’ils ont mis en place, qui engendre toujours plus de violences et fait toujours plus de victimes ?

 

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[1] Propos tenus par l’avocat anversois Walter Damen dans De Standaard, « Belgique. Violences liées au trafic de drogue : quelle est la part de responsabilité des consommateurs ? », 25 aout 2022.

[2] Déclaration du ministre des Finances Vincent Van Peteghem, « Décès d’une enfant lors d’une fusillade à Anvers: « Les consommateurs doivent se regarder dans le miroir », LN24, 10 janvier 2023.

[3] L’exemple d’Anvers montre bien que la « guerre à la drogue » crée de la violence puisque c’est suite au succès de l’enquête policière sur le réseau SKY ECC que la violence des trafiquants s’est déchaînée, probablement pour occuper le terrain.

[4] Idem, propos tenus par l’avocat anversois Walter Damen dans De Standaard.

[5] A la ligne d’écoute téléphonique (02 227 52 52), 506 personnes ont évoqué une consommation de cocaïne, soir dans 21% des appels. Du côté de la permanence électronique, les utilisateurs évoquent ce produit dans 31% des cas.

[6] Il suffit de penser au sort de employés de Delhaize, dont les magasins risquent de devenir franchisés, ce qui les obligerait à travailler plus tout en gagnant moins d’argent.

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Drogues et légendes urbaines : l’Histoire continue sur La Première

Drogues et légendes urbaines : l'Histoire continue sur La Première

Ce n’est pas très bien, mais c’est bien connu : les humains adorent inventer des histoires et répandre des rumeurs ! À la fin des années 80, une légende urbaine se propage, selon laquelle des tatouages décalcomanies contenant du LSD mortel pour les enfants circuleraient dans les écoles. Dans cette histoire, absolument tout est faux. À l’époque, Infor-Drogues avait connu une vague de demandes et de questions par rapport à un phénomène qui n’a jamais eu lieu. Invité dans l’émission L’Histoire continue sur La Première, notre chargé de communication Antoine Boucher revient sur cette angoisse autour des drogues, alors que l’actualité est dominée par des déclarations d’attaques à l’aiguille. Inquiétude légitime, symptôme de conservatisme patriarcal ou légende urbaine ? C’est la question sur laquelle se penche cet épisode de l’Histoire continue, à écouter ci-dessous.

 

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Salles de consommation à moindre risque : en finir avec les idées reçues

Ouverture d'une salle de consommation à moindre risque à BruxellesLa salle de consommation à moindre risque de Bruxelles ouvrira prochainement ses portes dans le quartier Lemonnier, au numéro 9 de la rue de Woeringen. Géré par l’asbl Transit et la MASS (Maison d’Accueil Socio Sanitaire), ce dispositif est nommé Gate en référence à son rôle de portail vers le soin. Avec l’appui de la ville de Bruxelles, cette SCMR sera la deuxième à voir le jour en Belgique, après celle de Liège en 2018.

Les salles de consommation à moindre risque sont l’objet de nombreuses idées reçues. Infor-Drogues vous propose d’en décrypter quelques-unes, à l’approche de l’ouverture de celle de Bruxelles.

 

  • Ça encourage les drogués à consommer

Les différentes études et expériences menées montrent que les salles de consommation à moindre risque n’augmentent ni le nombre de consommateurs ni la quantité consommée. En fait les consommations découlent de raisons personnelles propres à la personne et profondément ancrées dans son vécu et son contexte de vie. Les personnes consomment alors pour se sentir mieux, pour apaiser les tensions, pour faire face, pour oublier, etc. Les consommations sont causées par les problèmes de la vie.

Ce ne sont pas des mauvaises conditions matérielles qui découragent à la consommation puisqu’on voit que de nombreuses consommations sont faites dans des conditions sanitaires et matérielles très dégradées, comme on peut en rencontrer en prison ou dans la clandestinité (dans la rue, dans des parkings, dans des squats, etc.). Ces salles ne font qu’offrir un environnement correct aux consommateurs.

 

  • Ça ne sert à rien, puisqu’ils n’arrêtent pas de consommer

L’arrêt de la consommation ne doit pas toujours être un but en soi. Ne vaut-il pas mieux viser la politique du moindre risque ? En effet, le cadre illégal de la consommation crée d’énormes risques sanitaires : produits coupés, trop concentrés, conditions de consommation clandestines donc matériel et environnement pas stériles, etc.

Ces salles répondent à ce besoin de disposer d’un cadre sécurisé et sanitaire, et diminuent ainsi le risque de maladies. La présence du personnel médical permet de prendre en charge d’éventuels problèmes en cas de surdose. C’est aussi l’occasion de créer du lien et d’ouvrir une porte vers un accompagnement médical et/ou social. Un contact qui peut offrir de nouvelles perspectives

De plus, la souffrance liée à l’exclusion est un motif de consommation. Inclure les abimés de la vie que sont les usagers de drogues va donc diminuer la somme des souffrances auxquelles ils doivent déjà faire face.

 

  • Ça donne envie au grand public parce que ça banalise les drogues

Les bars et les marchands de tabacs se trouvent à tous les coins de rue. Cela ne signifie pas qu’on y entre et qu’on consomme de l’alcool et du tabac à chaque fois qu’on passe à côté. On consomme parce qu’on pense que ça répondra à notre besoin du moment. Mais aussi en fonction de l’image que nous renvoie un produit (sportif, rebelle, charmeur, etc). Et cette image, on souhaite s’y identifier. La banalisation n’est pas attirante, elle ne saurait à elle seule donner envie.

Par ailleurs, les salles de consommation à moindre risque ne sont pas un lieu accessible au tout venant. Il y a une procédure à respecter : il faut s’inscrire, il y a un accueil et un contact avec des travailleurs sociaux et des règles internes à respecter.

 

  • Les enfants/jeunes/etc qui vont passer devant vont entrer pour consommer

Les drogues et les consommateurs de drogues trainent avec eux une image fascinante et sulfureuse. Car les médias et la société les présentent comme autodestructeurs et à la recherche de leur seul plaisir. Cela entraine une curiosité malsaine qui peut donner envie de passer les portes de la salle sans être consommateur pour avoir un aperçu de ce qui s’y passe, mais pas d’y entrer pour consommer.

La consommation de drogue est souvent expliquée par la drogue elle-même. Comme si elle vous tombait dessus sans qu’on ne puisse rien faire. En fait, la drogue n’est pas une créature vivante. Elle ne peut pas, toute seule, sortir de la salle et vous attraper. C’est normal d’avoir peur de la mise en place de ce genre de dispositif. Pour se rassurer vis-à-vis de vos enfants, l’important est de dialoguer avec eux, de leur parler et d’être ouvert à leur vécu.

 

  • Ces salles servent juste à prendre de la drogue pour leur plaisir

Les salles de consommation à moindre risque ne sont pas des salles de fêtes ou des maisons des jeunes. Aucune chance de pouvoir s’y retrouver entre amis pour jouer au kicker en fumant son joint ou en buvant son coca après les cours.

Ces salles offrent un environnement propre et sécurisé pour consommer de manière plus sûre, avec du matériel propre et un encadrement social et médical avec des professionnels. Ce sont des dispositifs voués à la sécurité sanitaire et au lien avec des professionnels, mais pas des lieux qui prêtent à la sociabilisation entre pairs. Ce n’est pas « Woodstock ».

 

  • Ça attire l’insécurité/les dealers/les drogués dans le quartier

Si la consommation de drogue vise à apaiser des souffrances ou des difficultés, cela ne fait pas automatiquement des usagers des personnes dangereuses et prêtes à tout (vol, mensonge, agression, etc.). Certaines personnes recourent au vol ou au mensonge quand elles sont en difficultés, qu’elles consomment des drogues ou non. Si ces dispositifs bénéficient d’une certaine tolérance de la part des autorités et des forces de l’ordre, elles n’en sont pas moins encadrées et sécurisées, pour les consommateurs comme pour les riverains.

Si, à son ouverture, la future SCMR de Bruxelles sera très probablement la cible d’idées reçues de ce style, nous espérons participer à une salutaire prise de distance par rapport à ces suppositions. En effet, toutes ces représentations augmentent en général le mal-être des consommateurs, l’incompréhension du dispositif par le grand public et, au final, les actions inadéquates voire contre-productives.

 

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