Archive de l’étiquette santé

[Dans la presse] « La consommation n’est pas le problème […] » (Le Vif)

« La consommation n’est pas le problème, elle est la solution à un problème »

Le journal Le Vif consacre un article de trois pages aux actions et à la vision de notre équipe d’accompagnement de professionnels. En effet, de nombreuses équipes et institutions se retrouvent démunies lorsqu’une partie de leur public consomme des drogues légales ou illégales, ou adopte des comportements potentiellement addictifs. Faut-il parler ? Interdire ? Sanctionner ? Expulser ? Les solutions sont souvent difficiles à trouver, car elles sont centrées sur l’idée que le produit ou le comportement est un problème. En réalité, il est une solution pour la personne qui y a recours.

La dépendance, selon Infor-Drogues, c’est donc « devoir toujours passer par une même pratique en cas de situation difficile émotionnellement. Ne pas avoir d’autre solution que consommer un produit ou adopter un comportement. On aura beau jeu de rétorquer « moi aussi j’ai des problèmes et je n’ai pas pour autant besoin de boire, de fumer ou de sniffer », très bien, tant mieux et bravo. Mais nous sommes tous différents. Et ceux qui ne savent pas gérer leurs émotions adoptent par ailleurs des moyens très différents pour les y aider : drogues, sport, méditation, yoga, nettoyer son intérieur, etc. Pénaliser ou punir ceux qui ne savent pas le faire autrement qu’en consommant une drogue ne servira pas à ce qu’ils n’en aient plus besoin, au contraire ! »

Dès lors la réflexion à laquelle pousse l’asbl se déplace de l’axe « que faire pour qu’il ne consomme plus en nos murs ? » à l’axe « pourquoi consomme-t-il en nos murs ?« . Elle invite l’institution à se pencher sur ses propres règles, peut-être déclencheuses de consommations […] »

Des bénéficiaires satisfaits

Une approche qui semble satisfaire les institutions qui font appel à nous. L’article donne en effet la parole à certaines institutions que notre équipe a accompagnées. L’occasion pour elles d’expliquer en quoi Infor-Drogues les a aidées à changer de regard sur leur problématique, et à retrouver du pouvoir d’agir sur leur situation.

Pour consulter cet article dans son intégralité, cliquez sur ce lien.

 

ParInfor Drogues & Addictions

Notre service de prévention disparait à Bruxelles

Notre service de prévention disparait: subside rejeté!

Communiqué de presse du 03 avril 2023

Subventions bruxelloises en Promotion de la Santé 2023-2026

Stupéfaction pour l’association Infor-Drogues : le subside bruxellois qui leur permet depuis plus de 25 ans de travailler dans les écoles et autres institutions sur les questions de drogues et d’addictions vient de leur être supprimé. Quel avenir pour cette association pionnière dans l’accompagnement des personnes dépendantes ?

« On n’a jamais eu autant de travail sur le terrain, jamais eu autant de demandes d’aide. Le confinement et l’isolement social ont eu d’importantes répercussions sur les consommations, qu’il s’agisse d’alcool, de cannabis, de jeux en ligne ou d’antidépresseurs. Le mal-être est réel et l’écoute de cette souffrance est clairement insuffisante. » rapporte Sarah Uijt Den Boogard, intervenante en Promotion de la Santé pour l’association. Elle en veut pour preuve l’augmentation constante du nombre d’institutions qui font appel à Infor-Drogues : 75 en 2022.

De manière générale, c’est bien l’ensemble de cette petite équipe (ils sont cinq pour répondre aux demandes de Bruxelles et de Wallonie) qui est sous le choc. Depuis qu’ils en ont eu connaissance, et malgré les arguments de l’administration, ils ne comprennent pas que le cabinet Écolo de Barbara Trachte ait pris cette décision sans jamais leur demander le moindre complément d’information.

Infor-Drogues vient de fêter ses cinquante années d’existence. En Belgique, elle est pionnière dans l’accompagnement de tous les publics sur la thématique des drogues et des dépendances, et suit de près ses tendances et évolutions. Si l’ASBL est surtout connue pour son service d’écoute téléphonique et de consultation, elle développe également une offre pour les milieux de vie où interviennent des consommations (écoles, lieux d’hébergement, centres d’accueil, IPPJ, …). Dans ce cadre, de nombreuses institutions font appel à leur expertise. C’est ce service bruxellois dont le subside s’arrête.

« Le contexte actuel est difficile pour tout le monde et d’autant plus pour les personnes fragilisées qui ont tendance à se rabattre sur des addictions, faute de mieux. Infor-Drogues nous a permis de nous renforcer dans notre posture, de consolider notre cadre de réflexion tout en remettant la personne et ses besoins au centre de notre attention et de développer des alternatives à la consommation. L’équipe compétente qui nous accompagne nous permet de prendre du recul face à des situations difficiles à gérer en tant que professionnel.l.e.s et sur des questions qui nécessitent une réelle connaissance de la question complexe des addictions. » défend Benoit Gérard, directeur d’une institution d’inclusion sociale pour personnes en situation de handicap.

Depuis, Infor-Drogues reçoit de nombreux soutiens d’institutions accompagnées ou en accompagnement, car son action est vue comme pertinente, voire indispensable au vu de sa singularité, de sa capacité à renouer un dialogue et un lien entre les professionnels et les consommateurs en proie à des difficultés.

En effet, ID propose une action centrée sur les besoins essentiels des publics, au-delà de leurs consommations. En témoigne cette directrice d’institution : « En tant que travailleurs sociaux dans un centre d’accueil pour demandeurs de protection internationale, nous sommes régulièrement confrontés à des personnes sous influence de produit et/ou des comportements difficilement compatible avec une vie en collectivité. Les intervenants d’Infor-Drogues nous ont permis de changer de paire de lunettes avec une approche centrée sur l’identification des besoins qui se cachent derrière ces comportements. Leur approche est plurielle et s’adapte, au fond, à tous les contextes où l’être humain est présent. Leur approche ouvre un autre champ que celui bien trop présent dans notre société qui est de criminaliser, cacher, rejeter, les personnes qui en ont le plus besoin. »

Pourtant, aujourd’hui, au vu de l’arrêt de la subvention de l’association à Bruxelles, de nombreuses institutions s’inquiètent quant à la poursuite (ou du démarrage) du travail avec Infor-Drogues. « Nous ne pouvons rien leur promettre à ce stade, nous sommes toujours dans l’attente d’une rencontre avec la Ministre Trachte », déclare Rocco Vitali, directeur de l’institution. Il poursuit : « Perdre un subside menace parfois tout l’équilibre d’une association comme la nôtre, tant nous sommes parfois obligés de jongler avec les subsides pour arriver à boucler le budget. Aujourd’hui, nous ne savons même pas comment nous allons payer les préavis ! »

A ce jour, l’ASBL poursuit tant bien que mal son travail d’accompagnement auprès de ses publics. Mais jusqu’à quand ? La balle est dans le camp de la ministre.

Contact pour la presse :

  • Antoine Boucher 02 227 52 65 / 0493 17 96 36
  • Fanny Bétermier 02 227 52 56 / 0496 67 35 61 / fanny.betermier@infordrogues.be
ParInfor Drogues & Addictions

Mardi 6 décembre à 13h, rassemblement contre l’ordonnance « Bruxelles numérique »

Rassemblement contre l’ordonnance « Bruxelles numérique »Ce mardi, de nombreux acteurs sociaux bruxellois appellent au rassemblement contre le numérique par défaut et pour que l’humain reste accessible à tous. Rendez-vous est donné demain mardi 6 décembre à 13h, place de L’Albertine.

Nous en parlons régulièrement, le numérique fait de plus en plus partie de notre quotidien. Si cela présente de nombreux avantages, la transition numérique peut aussi aboutir à des dérives et creuser les inégalités. A Bruxelles, une proposition d’ordonnance afin de faire du numérique le canal administratif par défaut sera prochainement discuté au parlement. Si elle était approuvée, les institutions régionales et communales Bruxelloises et leurs services seraient principalement accessible en ligne au travers de guichets numériques.

Une numérisation forcée qui ne plait pas aux acteurs sociaux bruxellois. En effet, ce principe de « numérique par défaut » ajouterait des barrières à l’accès pour de nombreuses personnes qui subissent la fracture numérique et n’ont pas les moyens ou la capacité d’avoir un accès régulier au outils digitaux nécessaire. Une disparition des guichets physiques déjà bien en marche qui, si elle est encore poussée par cette ordonnance, pourrait avoir des conséquences désastreuses pour les deux Bruxellois sur cinq et le Belge sur deux qui rencontre des difficultés avec le numérique. Bien évidemment, les personnes défavorisées socio-économiquement et culturellement, seraient les plus touchées, compliquant encore d’avantage l’accès à certains de leurs droits fondamentaux.

A delà de l’aspect administratif, c’est aussi en partie le lien humain qui est en jeu, et avec lui toute la complexité de la façon d’appréhender les cas particuliers de chaque citoyen qui fait appel à un de ces services.

 

Pour plus d’informations concernant le rassemblement du mardi 6 décembre, c’est par ici

Concernant la problématique de l’ordonnance « Bruxelles numérique », consultez la carte blanche du collectif d’associations et de professionnels bruxellois en cliquant sur ce lien.

ParInfor Drogues & Addictions

[TV Infor-Drogues] Entretien avec Mark Hunyadi : le numérique, la confiance et la santé

Depuis plusieurs années, le numérique fait partie intégrante de notre quotidien. Vie sociale, finances, santé, voyages, scolarité, etc, de plus en plus d’aspects de nos vies sont numérisés, sans qu’on sache toujours bien pourquoi et dans quel but. C’est pourtant à chaque fois une toute nouvelle relation qui se noue. Une relation sécurisée avec une machine qui prend alors la place d’une relation organique qu’on pouvait auparavant avoir avec une autre personne. Mais avec cette nouvelle relation, vient tout un nouveau jeu d’attentes et de comportements, sur lesquels il n’y a que peu de moyens de marquer son accord, et encore moins de compromettre.

Une transition vers le numérique et ses codes qui n’a pas épargné notre secteur social-santé et qui, si elle vient avec des avantages non négligeables, comporte aussi des risques, qui pourraient concerner note service permanence. Pour en parler, ainsi que de l’avenir du secteur de l’aide et des soins à l’aire du numérique, nous recevons Mark Hunyadi, professeur de philosophie sociale, morale et politique à l’Université catholique de Louvain, auteur et membre des Comités éthiques d’Orange (France) et INRAE-CIRAD-IFREMER-IRD.

 

ParInfor Drogues & Addictions

Salles de consommation à moindre risque : en finir avec les idées reçues

Ouverture d'une salle de consommation à moindre risque à BruxellesLa salle de consommation à moindre risque de Bruxelles ouvrira prochainement ses portes dans le quartier Lemonnier, au numéro 9 de la rue de Woeringen. Géré par l’asbl Transit et la MASS (Maison d’Accueil Socio Sanitaire), ce dispositif est nommé Gate en référence à son rôle de portail vers le soin. Avec l’appui de la ville de Bruxelles, cette SCMR sera la deuxième à voir le jour en Belgique, après celle de Liège en 2018.

Les salles de consommation à moindre risque sont l’objet de nombreuses idées reçues. Infor-Drogues vous propose d’en décrypter quelques-unes, à l’approche de l’ouverture de celle de Bruxelles.

 

  • Ça encourage les drogués à consommer

Les différentes études et expériences menées montrent que les salles de consommation à moindre risque n’augmentent ni le nombre de consommateurs ni la quantité consommée. En fait les consommations découlent de raisons personnelles propres à la personne et profondément ancrées dans son vécu et son contexte de vie. Les personnes consomment alors pour se sentir mieux, pour apaiser les tensions, pour faire face, pour oublier, etc. Les consommations sont causées par les problèmes de la vie.

Ce ne sont pas des mauvaises conditions matérielles qui découragent à la consommation puisqu’on voit que de nombreuses consommations sont faites dans des conditions sanitaires et matérielles très dégradées, comme on peut en rencontrer en prison ou dans la clandestinité (dans la rue, dans des parkings, dans des squats, etc.). Ces salles ne font qu’offrir un environnement correct aux consommateurs.

 

  • Ça ne sert à rien, puisqu’ils n’arrêtent pas de consommer

L’arrêt de la consommation ne doit pas toujours être un but en soi. Ne vaut-il pas mieux viser la politique du moindre risque ? En effet, le cadre illégal de la consommation crée d’énormes risques sanitaires : produits coupés, trop concentrés, conditions de consommation clandestines donc matériel et environnement pas stériles, etc.

Ces salles répondent à ce besoin de disposer d’un cadre sécurisé et sanitaire, et diminuent ainsi le risque de maladies. La présence du personnel médical permet de prendre en charge d’éventuels problèmes en cas de surdose. C’est aussi l’occasion de créer du lien et d’ouvrir une porte vers un accompagnement médical et/ou social. Un contact qui peut offrir de nouvelles perspectives

De plus, la souffrance liée à l’exclusion est un motif de consommation. Inclure les abimés de la vie que sont les usagers de drogues va donc diminuer la somme des souffrances auxquelles ils doivent déjà faire face.

 

  • Ça donne envie au grand public parce que ça banalise les drogues

Les bars et les marchands de tabacs se trouvent à tous les coins de rue. Cela ne signifie pas qu’on y entre et qu’on consomme de l’alcool et du tabac à chaque fois qu’on passe à côté. On consomme parce qu’on pense que ça répondra à notre besoin du moment. Mais aussi en fonction de l’image que nous renvoie un produit (sportif, rebelle, charmeur, etc). Et cette image, on souhaite s’y identifier. La banalisation n’est pas attirante, elle ne saurait à elle seule donner envie.

Par ailleurs, les salles de consommation à moindre risque ne sont pas un lieu accessible au tout venant. Il y a une procédure à respecter : il faut s’inscrire, il y a un accueil et un contact avec des travailleurs sociaux et des règles internes à respecter.

 

  • Les enfants/jeunes/etc qui vont passer devant vont entrer pour consommer

Les drogues et les consommateurs de drogues trainent avec eux une image fascinante et sulfureuse. Car les médias et la société les présentent comme autodestructeurs et à la recherche de leur seul plaisir. Cela entraine une curiosité malsaine qui peut donner envie de passer les portes de la salle sans être consommateur pour avoir un aperçu de ce qui s’y passe, mais pas d’y entrer pour consommer.

La consommation de drogue est souvent expliquée par la drogue elle-même. Comme si elle vous tombait dessus sans qu’on ne puisse rien faire. En fait, la drogue n’est pas une créature vivante. Elle ne peut pas, toute seule, sortir de la salle et vous attraper. C’est normal d’avoir peur de la mise en place de ce genre de dispositif. Pour se rassurer vis-à-vis de vos enfants, l’important est de dialoguer avec eux, de leur parler et d’être ouvert à leur vécu.

 

  • Ces salles servent juste à prendre de la drogue pour leur plaisir

Les salles de consommation à moindre risque ne sont pas des salles de fêtes ou des maisons des jeunes. Aucune chance de pouvoir s’y retrouver entre amis pour jouer au kicker en fumant son joint ou en buvant son coca après les cours.

Ces salles offrent un environnement propre et sécurisé pour consommer de manière plus sûre, avec du matériel propre et un encadrement social et médical avec des professionnels. Ce sont des dispositifs voués à la sécurité sanitaire et au lien avec des professionnels, mais pas des lieux qui prêtent à la sociabilisation entre pairs. Ce n’est pas « Woodstock ».

 

  • Ça attire l’insécurité/les dealers/les drogués dans le quartier

Si la consommation de drogue vise à apaiser des souffrances ou des difficultés, cela ne fait pas automatiquement des usagers des personnes dangereuses et prêtes à tout (vol, mensonge, agression, etc.). Certaines personnes recourent au vol ou au mensonge quand elles sont en difficultés, qu’elles consomment des drogues ou non. Si ces dispositifs bénéficient d’une certaine tolérance de la part des autorités et des forces de l’ordre, elles n’en sont pas moins encadrées et sécurisées, pour les consommateurs comme pour les riverains.

Si, à son ouverture, la future SCMR de Bruxelles sera très probablement la cible d’idées reçues de ce style, nous espérons participer à une salutaire prise de distance par rapport à ces suppositions. En effet, toutes ces représentations augmentent en général le mal-être des consommateurs, l’incompréhension du dispositif par le grand public et, au final, les actions inadéquates voire contre-productives.

 

ParInfor Drogues & Addictions

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