Archive de l’étiquette drogues

L’école doit-elle organiser des contrôles anti-drogues ?

panneauecoleLa question des contrôles anti-drogues dans les écoles reprend aujourd’hui du poil de la bête (si l’on peut dire) en France via la nouvelle Présidente de la Région Ile-de-France, Madame Valérie Pécresse.

Selon Infor-Drogues et d’autres associations regroupées au sein de la Concertation Réflexion Écoles-Police, quelques éléments importants ne doivent pas être perdus de vue…

  1. Les drogues sont, en général, peu présentes dans les écoles, en tout cas en Belgique. À cet égard, selon le Ministère de l’Intérieur lui-même, les résultats des opérations policières « coup-de-poing » avec chiens-drogues et fouilles ne saisissent en moyenne que 2 grammes de cannabis par opération. Notre analyse relative à ces opérations.
  2. A contrario, faire passer des tests-drogues n’empêchera rien, bien au contraire. Un peu comme le mythe de la « prison sans drogue ». D’une part, la focalisation des adultes sur la drogue va exciter certains adolescents à en consommer pour une image de rebelle, de caïd et d’autre part, il sera facile de ne pas se faire prendre en consommant des produits non-détectés comme par exemple du cannabis synthétique. Le problème étant que le cannabis synthétique est plus dangereux pour la santé que le cannabis naturel. Plus d’informations à propos du cannabis synthétique.
  3. Avec de tels tests et l’illusion de contrôle qu’ils procurent, l’éducation à cette thématique sera encore plus difficile. Or, c’est bien à un criant déficit éducatif à la question des consommation de drogues (légales et illégales) que nos jeunes sont confrontés. Plutôt que se mettre la tête dans le sable en faisant comme si on pouvait l’empêcher, il faut apprendre aux jeunes à comprendre plutôt qu’à subir. À ce titre, Infor-Drogues propose des pistes de solution exemplatives et des directeurs d’école témoignent d’autres pratiques intéressantes (page 18).
  4. Au final, les tests drogues ne vont servir selon nous qu’à punir et ne proposent rien de positif. Ils vont briser la nécessaire confiance entre l’école et ses élèves car leur mise en oeuvre part du principe que la parole et le comportement des élèves sont problématiques et doivent, à ce titre, être contrôlés. Ainsi, un élément essentiel pour favoriser la réussite scolaire sera atteint : la faculté d’identification à son école. Bref, si cette mesure se présente parfois comme une protection des plus faibles, elle sera au final répressive et excluante pour ces publics fragiles. Elle sera aussi antipédagogique pour tous les acteurs scolaires. L’école n’a rien a y gagner.
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En mille morceaux, une prévention relationnelle des consommations de psychotropes

En mille morceauxEn avril 2015, Nicolas Ancion et Infor-Drogues présentaient « En mille morceaux ». Un roman et un site internet destinés aux 15-17 ans. Aujourd’hui, ce projet se complète de pistes pédagogiques destinées aux enseignants du secondaire supérieur souhaitant travailler le roman dans leurs classes.

L’idée forte du projet est de confronter les adolescents à des personnages de fiction auxquels ils pourront s’identifier. À travers ces personnages, leurs parcours, leurs relations, leurs familles, leurs espoirs et leurs difficultés, le lecteur découvre comment chacun d’entre eux se débrouille : avec excès… ou pas. Le pari du livre est de faire découvrir les relations entre le personnage de fiction, son environnement et son comportement.

« Il nous semble particulièrement important de travailler la dimension éducative des consommations en faisant réfléchir à leur sens. Nous autres, humains, agissons bien souvent en fonction de nos relations c’est-à-dire de ce que nous voulons qu’ils pensent de nous, de la qualité des rapports que nous voulons avoir avec eux, etc. Dès lors, pour comprendre des comportements tels que la consommation de psychotropes (mot qui désigne les produits “qui donnent une direction à la pensée” c’est-à-dire les drogues légales et illégales), il nous faut réfléchir aux relations humaines » souligne Antoine Boucher, chargé du projet à Infor-Drogues.

Les pistes pédagogiques partent toutes du roman et des personnages de fiction pour que les élèves les utilisent sans devoir parler d’eux-mêmes. Parler et faire des liens leur procurera une connaissance ancrée dans la réalité, c’est-à-dire véritablement utile.

La brochure est diffusée gratuitement dans toutes les écoles secondaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Pour obtenir la brochure physique, un renseignement ou un accompagnement, le service de prévention d’Infor-Drogues est joignable au 02 227 52 61.

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« En mille morceaux » un roman et un site internet pour les 15-17 ans

En mille morceauxPour les parents et les éducateurs au sens large, les adolescents d’aujourd’hui ont parfois, souvent, passionnément… des comportements excessifs : trop d’internet, de Facebook, de jeux, d’alcool, de cannabis, etc.

C’est vrai que ces différents objets sont très présents et parfois bien difficiles à gérer, même par les adultes. Infor-Drogues a demandé à Nicolas Ancion d’écrire un roman pour les 15-17 ans qui décrirait les vies croisées de quelques jeunes de notre époque.

À travers leurs parcours, leurs relations, leurs familles, leurs espoirs et leurs difficultés, on découvre comment chacun d’entre eux se débrouille : avec excès… ou pas. Le site internet enmillemorceaux.be prolonge cette logique en proposant de nouvelles situations avec lesquelles le lecteur ou l’internaute pourra construire des relations entre le personnage de fiction, son environnement et son comportement. En effet, pour agir sur des comportements, il est important d’en comprendre le sens.

Ce projet constitue la suite logique de l’outil « J’arrête quand je veux ! » centré sur l’utilisation des jeux vidéo et destiné aux enfants de fin de primaire. « Avec le roman J’arrête quand je veux ! et le site internet (www.jarretequandjeveux.org), on a vraiment senti qu’on touchait un sujet très actuel et qu’on répondait à une demande de beaucoup d’instituteurs » rappelle Antoine Boucher, porteur du projet pour Infor-Drogues. Nicolas Ancion, déjà lui, avait su capter les lecteurs avec l’histoire de Théo, un « grand » de 12 ans qui découvre un jeu vidéo auquel il ne résistera pas… Le site internet proposait des pistes pour les enfants, les parents et les instituteurs. « Le succès fut tel qu’on a naturellement eu envie de poursuivre la collaboration avec Nicolas, mais en visant cette fois un public adolescent avec une thématique qui leur parle » ajoute Antoine Boucher.

Des thématiques multiples et une difficulté à se dire

« J’ai visité plusieurs classes d’adolescents pour tenter de découvrir l’objet ou la prise de risque autour duquel bâtir mon roman » se souvient Nicolas Ancion. « Mais, très vite, je me suis rendu compte que je ne pourrais pas baser mon intrigue sur un objet unique. Les jeunes de cet âge-là ont des pratiques beaucoup plus diverses qu’en primaire. Déjà entre garçons et filles, c’est très différent. » ajoute-il. En mille morceaux présente donc plusieurs personnages sans vraiment de héros principal. Cela permet de diversifier les situations, les contextes et donc les prises de risques.

« J’ai aussi été confronté à de lourds silences. C’est un âge où il est assez difficile d’évoquer certains comportements personnels, surtout en groupe » ajoute l’auteur. Face à ce constat, Infor-Drogues a dès lors privilégié un outil qui pourra être utilisé de façon individuelle. Antoine Boucher explique :« Nous n’avions pas envie de mettre des enseignants dans une situation difficile en leur proposant des activités de discussions collectives sur des sujets difficiles. »

Que proposer aux élèves ?

Il poursuit : « Le site pourra être utilisé par des enseignants du cours de français pour travailler la compréhension à la lecture ou les caractéristiques des personnages. Le site donne des clés supplémentaires, va plus loin que le roman par exemple en sondant directement le visiteur. » En mille morceaux propose en fait un modèle de prévention assez éloigné des romans habituellement lus pour « faire de la prévention en classe ». « A Infor-Drogues, nous entendons très régulièrement des jeunes (ou des moins jeunes) nous parler de romans tels L’herbe bleue ou Moi, Christiane F. 13 ans droguée, prostituée qu’ils ont dû lire à l’école. Ces romans veulent faire peur en présentant une réalité très effrayante. Mais la réalité décrite dans ces romans est très éloignée de celle de la grande majorité des jeunes. Ils ne peuvent que très difficilement se mettre à la place des personnages pour comprendre leurs comportements. Dès lors, la vertu préventive est très faible selon nous. »

Comprendre l’effet et la motivation, est-ce préventif ou incitatif ?

A travers les personnages et leurs prises de risques, En mille morceaux va tenter de faire comprendre que les motivations sont plus souvent relationnelles (pour faire plaisir, pour séduire, pour faire partie du groupe, pour paraître ceci ou cela, etc.). Dans notre société habituée à ne parler des drogues qu’en termes de conséquence négatives sur la santé, tout autre discours est parfois présenté comme « banalisant » voire « incitant ». Est-ce vrai ?

« J’ai écrit En mille morceaux pour aider les lecteurs à prendre du recul et à se poser des questions, explique Nicolas Ancion. Pour moi, à partir du moment où on se pose des questions, c’est déjà gagné ! » Même si cela peut paraître difficile à croire, la plupart de nos comportements ne sont pas le fruit d’une décision consciente et raisonnée qui aurait longuement pesé le pour et le contre. Si un humain est « pris » par un comportement qu’il répète, c’est souvent qu’il n’a pas conscience de la motivation profonde de ce comportement. Infor-Drogues entend de nombreux témoignages de personnes ne comprenant pas leur prise de produit. De nombreux fumeurs n’ont, par exemple, pas du tout conscience qu’ils commencent à fumer pour paraître plus âgés. Cette influence inconsciente est par contre très maîtrisée par les publicités.

Ainsi, un axe essentiel de la prévention sera de faire prendre conscience des motivations liées aux consommations de drogues, d’alcool ou aux prises de risques. Toute la difficulté est que cela doit être découvert par le public lui-même ! Le dire de façon extérieure est presque toujours invalidé par le sujet. C’est ici que l’utilisation de personnages de fiction attachants et proches auxquels le public peut s’identifier peut se révéler une piste très intéressante.


Ci-après, vous trouverez une vidéo de présentation du roman dans l’émission Livrés à domicile, diffusée sur la Une en mai 2015 :

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Fouilles policières « anti-drogues » dans les écoles : il est urgent… d’arrêter – Communiqué de presse

Au lendemain de la journée internationale des droits de l’homme, Infor-Drogues est interpellé par des parents d’élèves suite à une intervention policière « anti-drogues » dans un athénée de la Région bruxelloise. Ce type d’intervention, qui  a tendance à se multiplier ces dernières  années, est problématique pour différentes raisons. Infor-Drogues et la Ligue des Droits de l’Homme publient une brochure à ce sujet.

Chien flicUn premier élément qui étonne concernant les interventions policières est l’ampleur du dispositif déployé (on parle souvent d’une vingtaine de policiers avec plusieurs chiens) par rapport aux quantités de substances découvertes : en moyenne 2,3 g [1] (à 99 % du cannabis) par établissement scolaire.

A cet égard, les auteurs de la brochure relèvent que depuis plusieurs années  les enquêtes de santé publique ne constatent pas d’augmentation de consommation de drogue parmi les jeunes scolarisés, bien au contraire.

D’un point de vue réglementaire, les directions d’école disposent de plusieurs circulaires ministérielles quant aux actions à entreprendre face à la consommation de drogue. Aucune ne promeut le recours à la police et encore moins aux fouilles collectives. De plus, la Ligue des Droits de l’Homme et Infor-Drogues s’appuient sur une solide analyse juridique qui démontre que les fouilles, ou les reniflages canins, doivent se baser, pour chaque élève visé, sur des indices sérieux de culpabilité. Une fouille ne peut donc pas être mise en œuvre sur de simples présomptions et ne peut pas être justifiée a posteriori par une découverte de drogue.

Les deux associations insistent également sur les effets néfastes de telles opérations car elles sapent la confiance nécessaire entre les élèves et l’école. Une école qui ne gère plus elle-même ses problèmes disciplinaires est une école qui risque de perdre son autorité dans le sens où elle ne sera plus une référence pour ses élèves.

Enfin, le secteur prévention-drogues rappelle que la peur (des produits ou du policier) n’est pas une stratégie efficace, seule l’approche centrée sur l’élève et ses besoins porte des fruits. La question de l’aide à proposer aux écoles est importante et c’est tout un secteur [2] qui se mobilise pour aider les écoles à mettre en place des alternatives. A ce propos, le secteur réfléchit à l’organisation d’un vaste colloque participatif autour de cette thématique.

 

[1]  Chiffres fournis par le ministère de l’Intérieur en 2013.

[2]  La question des fouilles policières est abordée au sein de la CREP (Concertation Réflexion Ecole Police) par le Délégué général aux droits de l’enfant, le point d’appui assuétudes de Bruxelles, le service droits des jeunes, Prospective jeunesse, la liaison anti-prohibitionniste, Bruxelles-Laïque, la Ligue des Droits de l’homme et Infor-Drogues.

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Changer de politique pour mieux réguler les drogues

panneausensinterditLe 4e rapport de la commission mondiale sur les drogues « Prendre le contrôle : sur la voie de politiques efficaces en matière de drogues » est sorti hier.

La commission mondiale sur les drogues est composée d’anciens leaders mondiaux et présidents d’Etats comme Kofi Anna, ancien secrétaire général de l’ONU ou Fernando Henrique Cardoso, ancien président du Brésil. Ce rapport fait des recommandations concrètes, sur l’usage comme sur le trafic, pour commencer à sortir de la prohibition.

Source : Un monde 100 drogues ?

Lire le rapport « Prendre le contrôle : sur la voie de politiques efficaces en matière de drogues » ou encore l’article du Monde Diplomatique (Manière de voir n°136) sur la récente légalisation du cannabis en Uruguay.

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