Zéro alcool pour les jeunes conducteurs : une mesure discriminatoire ?

Zéro alcool pour les jeunes conducteurs : une mesure discriminatoire ?

Boire et conduireInfor-Drogues, ainsi que les autres associations du groupe Jeunes, Alcool & Société sont inquiets du risque de discrimination envers les jeunes contenu dans le projet de la Ministre de la mobilité, Jacqueline Galant, qui consiste à faire baisser le taux d’alcool permis pour les conducteurs novices de 0,5 à 0,2 g/litre de sang.

Ce projet se base sur une étude réalisée par l’IBSR intitulée « Abaissement du taux d’alcool autorisé pour les conducteurs novices et les conducteurs de grands véhicules : 0,2‰. »

Deux aspects retiennent notre attention quant à une possible discrimination envers les jeunes.

Les autorités, avant de prendre une mesure aussi discriminatoire que celle envisagée, ont-elles mis en œuvre tout ce qui est en leur pouvoir pour ne pas discriminer une catégorie de la population ? A cet égard, l’étude affirme que la cause principale de la surreprésentation des jeunes conducteurs dans les accidents est l’inexpérience. Il semble donc logique que les premières mesures à prendre par les autorités publiques se doivent de renforcer l’expérience du jeune conducteur y compris durant la nuit puisque les chiffres tendent à démontrer une vulnérabilité plus importante à ce moment-là. Ainsi, une enquête de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), menée conjointement avec la Conférence Européenne des Ministres des Transports, va également dans ce sens, affirmant qu’une solide expérience de la route et une longue pratique de la conduite accompagnée sont des facteurs incontestables de réduction des risques. S’il est recommandé de consacrer au moins 50 heures à la conduite accompagnée avant l’obtention du permis, en Suède par exemple, l’expérience a montré qu’en augmentant cette durée à 120 heures (entre 5000 et 7000 kilomètres), on peut réduire d’environ 40 % le nombre d’accidents enregistrés dans les deux années suivant l’obtention du permis. Ensuite, les institutions membres du groupe « Jeunes, Alcool & Société » déplorent la façon de gérer le risque « alcool et conduite ». Si l’étude de l’IBSR démontre l’existence de ce risque, à aucun moment l’IBSR ne tente de le réduire par des mesures non-discriminantes. Deux types de mesures nous viennent spontanément à l’esprit: des mesures éducatives pour mieux gérer les consommations d’alcool d’une part, des mesures pour diminuer l’incitation à la consommation et pour diminuer ce que l’étude de l’IBSR appelle « la prise de risque et la recherche de sensations » liées à l’alcool. A cet égard, « Jeunes, Alcool & Société » rappelle aux autorités que les jeunes font l’objet d’un matraquage publicitaire constant de la part des producteurs d’alcool et que toute politique un tant soit peu cohérente passe par l’arrêt de cette propagande incitatrice.

D’autre part, il nous semble que l’application d’un taux de 0,2 pour les jeunes conducteurs risque de se traduire sur le terrain par des contrôles de police « au faciès ». En effet, à 0,2 g d’alcool, l’imprégnation alcoolique n’influence pas les comportements habituels mais les raisonnements complexes liés à l’évaluation du risque d’accident. Dès lors, la police ne pourra plus se baser sur les signes habituels de consommation d’alcool (conduite en zigzag, élocution hasardeuse, odeur d’alcool…) qui présidaient au choix des conducteurs à contrôler.

ParInfor Drogues & Addictions
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