Qu’ils fassent ou non l’objet d’une prescription médicale, certains médicaments psychoactifs sont détournés de leur usage médical pour leurs effets calmants ou stimulants. Sans prescription médicale, ces médicaments psychotropes tombent sous la loi sur les stupéfiants de 1921, révisée en 1975: leur détention, même à usage privé, est donc passible de poursuite pénale. Les plus couramment utilisés dans la recherche d’effets stimulants sont les amphétamines (voir brochures « XTC » et « speed-amphétamines » dans la même collection). Cette brochure aborde principalement les médicaments à effets calmants et apaisants que sont les benzodiazépines et les opiacés.
Le but de ce document n’est pas d’encourager ou de décourager l’usage de médicaments mais de donner une information correcte et détaillée, pour un usage à moindre risque.
La frontière entre médicament et drogue est étroite. Une substance est reconnue comme médicament si elle est intéressante du point de vue de la santé.
Sont “actifs sur le mental”, les produits/substances/drogues qui modifient notre humeur et notre comportement. En inter-agissant avec les substances naturellement produites par l’organisme (la dopamine, la sérotonine, la noradrénaline ou les endorphines, …), les médicaments psychoactifs peuvent calmer, endormir, ou, au contraire, réveiller, stimuler, exciter.
Plusieurs catégories sont distinguées:
Les médicaments psychoactifs se présentent sous forme de comprimés, de gélules, de sirop ou de gouttes. Ils sont généralement consommés par voie orale. Certains usagers les prennent aussi en « sniff » ou par voie intraveineuse, après les avoir broyés s’il s’agit de comprimés.
Les médicaments génériques
On trouve aujourd’hui de plus en plus de médicaments génériques, que les usagers appellent des « produits blancs ». Ceux-ci ont la même composition chimique que les produits de marque et sont nettement moins chers. Le nom repris sur les produits blancs est celui de la molécule de base du médicament. Le nom de marque déposée est toujours suivi d’un ®. ex: flunitrazépam (générique) = Rohypnol ® (marque).
Exemple: Redomex®, Anafranil®, Tofranil®, Nardelzine®, Prozac®, Trazolan®, etc.
Il est rare que les antidépresseurs soient utilisés à d’autres fins que médicales. Hormis à des fins suicidaires, ils sont peu ou pas utilisés dans la recherche d’effets particuliers qu’ils pourraient procurer. Par contre, comme ils sont facilement prescrits, ils peuvent poser des problèmes d’intoxication en cas de surconsommation ou lorsqu’ils sont associés à d’autres produits.
Exemple : Vesparax®, Gardenal®, Bellanox®, Penthotal®, etc.
L’acide barbiturique a été découvert le 4 décembre 1864, fête de la… Sainte-Barbe! Cette découverte a permis de mettre au point le barbital et d’autres médicaments dérivés. Les barbituriques ont longtemps été la référence en matière de traitement des troubles du sommeil. Ils ont également été prescrits comme tranquillisants. Aujourd’hui, ils sont le plus souvent remplacés par les benzodiazépines aux effets plus précis. On les utilise encore dans le traitement de l’épilepsie et en anesthésie.
Le Vesparax® et le Bellanox® font partie des barbituriques aujourd’hui retirés du commerce. Ceux qui seraient encore vendus au marché noir sont probablement périmés.
Exemple: Diazépam (Valium®), Alprazolam (Xanax®), Flunitrazépam (Rohypnol®), Lorazépam (Témesta®), Bromazépam (Lexotan®), Lormetazepam (Loramet®), (Tranxène®), etc.
Les benzodiazépines, dépresseurs du système nerveux, sont nées suite à la découverte du librium, synthétisé en 1949 et commercialisé en 1958. Elles sont le plus souvent prescrites pour traiter l’anxiété, l’insomnie et les crises d’épilepsie.
Chaque benzodiazépine a des champs d’action spécifiques et leurs effets varient en termes de durée, d’intensité et de vitesse d’action.
Les benzodiazépines sont délivrées sur prescription médicale. Au marché noir, il s’agit le plus souvent de comprimés achetés en pharmacie puis revendus à la pièce.
Les médicaments actifs sur le mental peuvent induire des effets différents, voire opposés en fonction de la dose, de la fréquence d’usage, du contexte actuel et du passé de consommation, des mélanges avec d’autres produits, de la résistance physique et psychologique de l’individu et de ses attentes.
Effets recherchés :
Attention, les effets recherchés peuvent être différents des effets psychotropes (effets sur le cerveau). Il s’agit alors de répondre à un ou des besoins fondamentaux plus importants à ressentir pour le consommateur que les effets psychotropes en eux-mêmes. Par exemple le besoin de transgression, de se montrer courageux, de faire groupe peuvent constituer des raisons de consommation d’un produit. Chaque produit a une image sociale comme par exemple l’héroïne et la morphine sont le même produit de base, mais le premier évoque plutôt la rupture, la révolte et la clandestinité alors que l’autre est davantage associé au soin et au monde médical. Cette image peut pousser une personne à consommer tel produit plutôt qu’un autre en fonction de son besoin. Notons que ce besoin est souvent inconscient.
Effets indésirables :
Effets possibles à long terme :
Parmi les usagers de drogues, le terme « Roche » (du nom de la firme pharmaceutique Hoffman-LaRoche) est utilisé pour désigner le Rohypnol®. Le Rohypnol® est la plus connue des benzodiazépines parmi les usagers de drogues qui l’utilisent comme substitut et/ou complément à l’héroïne. Certains appellent « Rocheman » un utilisateur compulsif et disent qu’il est « en Roche » lorsqu’il est sous l’effet du Rohypnol®.
À fortes doses :
Ces effets apparaissent une demi-heure après la prise, et peuvent durer une dizaine d’heures selon la quantité absorbée. Il n’est pas rare que la prise d’une grande quantité de Rohypnol® mette l’usager dans un état inhabituel : celui-ci ne se rend plus compte des conséquences de ses actes et peut se croire tout-puissant et invincible. On parle d’effet « Rambo ». Cet état peut l’entraîner à faire des choses dangereuses pour lui ou son entourage. Il arrive, par exemple, que des personnes sous l’emprise du Rohypnol® agressent leurs proches et commettent des vols. L’usager se trouve dans une sorte d’état second qui, par la suite, est généralement suivi d’une amnésie totale : il s’endort et ne se rappelle de rien.
Exemple: Dafalgan Codéine®, Panadol Codéine®, Perdolan Codéine®, Depronal®, Valtran®, Méphénon® (Méthadone), Actifed® (codéine), etc.
L’opium (extrait du pavot somnifère) est utilisé depuis environ 6000 ans. Il est constitué d’une vingtaine de substances différentes (la morphine, la codéine, la papavérine, etc.) dont on connaît plusieurs centaines de dérivés.
Les médicaments à base de ces opiacés sont prescrits pour soulager la douleur, la toux et la diarrhée. Ils agissent en remplaçant certaines hormones produites naturellement par le corps, telles les enképhalines et les endorphines (produites en cas de grande douleur mais aussi de tristesse).
Effets recherchés :
Effets indésirables :
Effets à long terme :
Certains médicaments psychoactifs entraînent une dépendance physique. La plupart peuvent entraîner une dépendance psychique lorsque consommés en grande quantité ou pendant une période prolongée (plusieurs mois).
La dépendance psychologique se traduit par une envie incessante, irrépressible d’en reprendre à intervalles rapprochés. On ne se sent pas bien sans le produit. Elle peut être de longue durée (parfois plusieurs années après l’arrêt de la consommation !).
L’usage répété de certains médicaments psychoactifs entraîne un phénomène de tolérance de l’organisme: plus on en consomme, plus on doit en consommer pour retrouver les mêmes effets.
La dépendance physique entraîne des symptômes physiques en cas d’arrêt de la consommation. C’est ce qu’on appelle le symptôme de sevrage.
Un sevrage brutal des benzodiazépines ou des opiacés peut provoquer:
Selon le médicament, ces symptômes apparaîssent dans les heures qui suivent la dernière dose et durent de 10 à 30 jours. Les symptômes aigus sont en général à leur maximum entre le 2ème et le 6ème jour du sevrage.
Pour éviter que le sevrage ne soit désagréable, voire dangereux (« benzos » et barbituriques), il est préférable de diminuer progressivement les doses plutôt que d’arrêter brutalement de prendre des médicaments. Une aide médicale est souhaitable.
A long terme, l’usage prolongé de médicaments psychoactifs peut entraîner des complications multiples, y compris sur les plans social, familial et relationnel. En général, le traitement de la dépendance nécessite un accompagnement médical et psychosocial.
La plupart des médicaments psychoactifs sont susceptibles de provoquer une overdose en particulier en cas de consommation simultanée avec d’autres produits, surtout l’alcool, ou en cas de problèmes rénaux, hépatiques, respiratoires ou cardiaques.
Une overdose aux benzodiazépines ou aux opiacés se traduit par un ralentissement respiratoire, parfois mortel.
Plusieurs signes annoncent l’overdose. Il est possible d’intervenir: reportez-vous en page X (« Que faire en cas d’urgence?).
Par voie orale : il s’agit du mode de consommation le moins nocif. Cependant, les effets étant plus lents à venir, il y a risque de surdose si le consommateur en reprend dans l’espoir d’accélérer les effets.
En sniff : Les médicaments ne sont pas faits pour être « sniffés ». Il y a risque d’endommagement de la cloison nasale et de rhinite (rhume chronique). Le partage de pailles ou de billets s’accompagne de risques de transmission des hépatites et du sida.
En injection intraveineuse : Les médicaments ne sont pas faits pour être injectés. Même bien écrasés, il reste toujours des micro-particules qui peuvent abîmer les veines et entraîner des dégâts (abcès, septicémie, etc.). Certains médicaments se solidifient après injection, ce qui peut aussi endommager veines et artères (risque de gangrène). De plus, le partage de l’ensemble du matériel d’injection ou l’emploi de matériel non stérile favorise la transmission du sida, des hépatites et autres infections.
Rappel: les médicaments actifs sur le mental peuvent induire des effets différents, voire opposés, en fonction de chaque individu et du contexte de consommation.
Médicaments psychoactifs + …
+ alcool : Dangereux, voire mortel, ce mélange multiplie les risques de coma et d’overdose.
+ cannabis : Combinaison moins dangereuse que les autres, mais qui peut entraîner des troubles du comportement et un état de confusion mentale. Chez les uns, il atténue le stress; chez les autres, il accentue des réactions « paranos ».
+ amphétamines / speed : Ces stimulants sont souvent consommés soit pour neutraliser les effets dépresseurs (calmants) des médicaments psychoactifs, soit pour alterner effets stimulants et effets calmants. Attention: ce mélange peut masquer les signes qui annoncent l’overdose.
+ cocaïne : Certains usagers prennent des médicaments psychoactifs pour faciliter la descente de cocaïne, ou plus rarement pour contrer les effets négatifs de la montée. Les risques de surdose sont importants.
+ héroïne : Associés dans le but d’une sensation d’euphorie, ce mélange est dangereux car il perturbe fortement la respiration. Le risque est le même pour la méthadone.
+ XTC : Utilisés en descente d’XTC, les médicaments psychoactifs ont tendance à neutraliser l’effet stimulant de l’ecstasy.
+ médicaments psychoactifs : L’association de différents médicaments psychoactifs peut entraîner des effets et des troubles très variés, difficiles à déterminer et souvent dangereux. Par exemple, le mélange de certains antidépresseurs entre eux peut entraîner des arrêts cardiaques.
Si vous êtes enceinte et prenez des médicaments (quels qu’ils soient), consultez rapidement votre médecin ou un centre spécialisé. Suivant le type de médicaments consommés, différents types de sevrage existent. Certains médicaments nécessitent un sevrage progressif. Le bébé peut souffrir de manque si sa mère en souffre elle-même. Lors de l’allaitement, il y a également des risques pour le bébé car les médicaments passent dans le lait maternel. Mieux vaut arrêter d’allaiter et passer au biberon si vous avez repris votre consommation.
Pour toutes questions relatives à la grossesse, contactez les centres spécialisés suivants:
– Hôpital St Pierre, rue Haute 322, 1000 Bruxelles – Tél: 02/535.36.66 (Service gynécologie, « grossesses à risque »).
– Centre Alfa, rue St Denis 4, 4000 Liège – Tel: 04/223 53 28 (Service Parentalité)
En cas de malaise ou d’intoxication suite à la prise de médicaments, n’hésitez pas à demander conseil aux médecins du Centre Antipoison: 070/245 245.
En cas de dépression respiratoire, il faut agir vite:
La dépression respiratoire se traduit par les signes suivants:
Dans un premier temps, l’état de la personne et l’adresse sont les seules informations nécessaires.
En attendant les secours:
En intervenant rapidement vous pouvez sauver la vie de quelqu’un. Pensez-y !
Une brochure d’information sur l’overdose existe: « Comment éviter l’overdose« , disponible à Infor-Drogues au 02/227.52.52.
Si vous voulez parler de drogue, aider un ami, faire le point sur votre consommation… Si vous souhaitez recevoir d’autres brochures dans la même série(LSD-champignons, XTC, cannabis, speed-amphétamines, cocaïne, héroïne, alcool, …), appelez-nous : 02/227.52.52
Vous pouvez également consulter notre brochure de réduction des risques dédiée aux médicaments
Permanence téléphonique
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Lundi à mercredi : 9h - 21h
Jeudi : 13h - 21h
Vendredi : 9h - 17h
Samedi : 10h - 14h
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Du lundi au vendredi de 9h à 17h.
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