L’école doit-elle organiser des contrôles anti-drogues ?
La question des contrôles anti-drogues dans les écoles reprend aujourd’hui du poil de la bête (si l’on peut dire) en France via la nouvelle Présidente de la Région Ile-de-France, Madame Valérie Pécresse.
Selon Infor-Drogues et d’autres associations regroupées au sein de la Concertation Réflexion Écoles-Police, quelques éléments importants ne doivent pas être perdus de vue…
- Les drogues sont, en général, peu présentes dans les écoles, en tout cas en Belgique. À cet égard, selon le Ministère de l’Intérieur lui-même, les résultats des opérations policières « coup-de-poing » avec chiens-drogues et fouilles ne saisissent en moyenne que 2 grammes de cannabis par opération. Notre analyse relative à ces opérations.
- A contrario, faire passer des tests-drogues n’empêchera rien, bien au contraire. Un peu comme le mythe de la « prison sans drogue ». D’une part, la focalisation des adultes sur la drogue va exciter certains adolescents à en consommer pour une image de rebelle, de caïd et d’autre part, il sera facile de ne pas se faire prendre en consommant des produits non-détectés comme par exemple du cannabis synthétique. Le problème étant que le cannabis synthétique est plus dangereux pour la santé que le cannabis naturel. Plus d’informations à propos du cannabis synthétique.
- Avec de tels tests et l’illusion de contrôle qu’ils procurent, l’éducation à cette thématique sera encore plus difficile. Or, c’est bien à un criant déficit éducatif à la question des consommation de drogues (légales et illégales) que nos jeunes sont confrontés. Plutôt que se mettre la tête dans le sable en faisant comme si on pouvait l’empêcher, il faut apprendre aux jeunes à comprendre plutôt qu’à subir. À ce titre, Infor-Drogues propose des pistes de solution exemplatives et des directeurs d’école témoignent d’autres pratiques intéressantes (page 18).
- Au final, les tests drogues ne vont servir selon nous qu’à punir et ne proposent rien de positif. Ils vont briser la nécessaire confiance entre l’école et ses élèves car leur mise en oeuvre part du principe que la parole et le comportement des élèves sont problématiques et doivent, à ce titre, être contrôlés. Ainsi, un élément essentiel pour favoriser la réussite scolaire sera atteint : la faculté d’identification à son école. Bref, si cette mesure se présente parfois comme une protection des plus faibles, elle sera au final répressive et excluante pour ces publics fragiles. Elle sera aussi antipédagogique pour tous les acteurs scolaires. L’école n’a rien a y gagner.
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