Tournée Minérale : le break avec l’alcool toujours aussi populaire
Comme chaque mois de février depuis 2017, plusieurs dizaines de milliers de Belges se préparent à passer un mois sans boire une goutte d’alcool. Mis en place par la Fondation Contre le Cancer, ce grand défi commun sera cette année légèrement plus long : année bissextile oblige, le mois de février comporte cette fois 29 jours. Un jour de repos de plus pour le foie des participants qui tiendront jusqu’au bout.
Car le but de la Tournée Minérale, c’est bien de constater les effets positifs qui peuvent découler d’une pause dans la consommation d’alcool. Et les résultats semblent satisfaisant. Année après année, 90% des participants[1] déclare ressentir au moins un des effets attendus à la fin de l’expérience : meilleur sommeil, plus belle peau, regain d’énergie, économies d’argent et bien d’autres font partie des bénéfices observables au bout de seulement quelques jours sans alcool.
Un évènement connu bien au-delà de ceux qui y prennent part, puisque selon une étude menée par les organisateurs[2], pas moins de 94% des Belges connait la Tournée Minérale. Après 4 ans, la petite sœur du « Dry January » (le mois de janvier sans alcool pour se remettre des fêtes, lancé il y a dix ans outre-manche) semble avoir trouvé son public chez nous. Ainsi, bien que le nombre de participants officiellement inscrit sur le site diminue d’année en année, la Fondation Contre le Cancer estime que près d’un Belge sur cinq participerait à la tournée minérale[3].
Un chiffre qui paraît presque étonnant, tant le défi déchaine les passions, opposant souvent les adeptes et les détracteurs. Gardons en effet à l’esprit que l’alcool est notre drogue sociale culturelle et que nombreux sont ceux qui ne sont pas prêts à renoncer au verre de rouge du soir ou à la bière d’après le match, et ce même pour un mois… Et ce sans qu’il y ait forcément un problème !
De l’avis d’Infor-Drogues, plus que l’alcool en lui-même, le principal intérêt de la démarche serait de pouvoir distinguer les motivations qui se cachent derrière la consommation des participants. Un travail pas toujours évident et qui semble être mis de côté dans ce genre de défi. Il faut par ailleurs rester attentif à ce que les quelques verres auxquels ceux qui se lancent dans la Tournée Minérale renoncent ne soient pas remplacés par d’autres mauvaises habitudes, comme plus de tabac ou de grignotage. En effet, pendant la période d’abstinence, certains besoins conscients ou inconscients peuvent ne plus être comblés par la consommation d’alcool. La motivation est pourtant toujours là et peut donc appeler à être comblée par d’autres comportements.
Comme toujours, tout cela dépend bien sûr de nombreux facteurs directement attachés à la personne, à son histoire, son environnement ou le contexte dans lequel elle se trouve. Il n’est d’ailleurs pas conseillé aux personnes rencontrant des difficultés avec leur consommation d’alcool de se lancer dans la Tournée Minérale, mais plutôt de se tourner vers des institutions spécialisées, qu’il s’agisse d’Infor-Drogues ou d’une autre. Quoi qu’il en soit, cette initiative reste importante de par le large dialogue qu’elle enclenche autour de l’alcool et de ses effets, et que nous puissions tous, ne serait-ce que pendant quelques jours, nous interroger sur notre relation avec ce produit et de la place qu’il a dans notre vie et dans notre société. Et d’offrir à notre foie quelques jours de vacances bien mérités.
[1] À propos de Tournée Minérale / Janvier 2020.
[2] Tournée minérale, les Belges sont toujours partants? / Kristin Myshkin, Le Soir, janvier 2020.
[3] Tournée Minérale, édition 2020 / Janvier 2020.