Bien que le binge drinking ne soit plus un nouveau phénomène [1], cette pratique liée à la consommation d’alcool continue d’inquiéter. Une pratique qui consiste à boire en un court laps de temps une quantité importante d’alcool et reste largement associée à la jeunesse.
Une association de thèmes qui continue à générer beaucoup d’angoisse et d’incompréhension pour les parents et les professionnels qui travaillent auprès des jeunes. Un sujet à propos duquel la RTBF nous a récemment consulté, dans un article disponible via ce lien.
[1] Nous en recensons les premières mentions dans la presse belge en 2005.
Alors que sa présence sur le territoire Belge n’est pas encore confirmée, la xylazine provoque déjà l’émoi dans la presse. C’est la vidéo d’un homme filmé dans la rue et présentant une gestuelle inhabituelle qui a lancé la rumeur. Il n’en fallait pas plus pour s’alarmer de l’arrivée de la « Drogue du Zombie » en Belgique. Un traitement médiatique qui ne fait rien pour contribuer à l’information, la réduction des risques ou la déconstruction des stéréotypes qui entourent la consommation de drogues illégales. C’est pourquoi Infor-Drogues a répondu aux questions de Bel RTL Soir dans une interview que vous pouvez retrouver ci dessous.
Si cette vidéo fait tant parler d’elle, c’est justement parce qu’elle à pu être filmée dans la rue. Des scènes de ce type semblent en effet être plus souvent observées, amenant beaucoup à croire que les consommations de drogues sont plus nombreuses qu’avant. En réalité, ce ne sont pas ces comportements qui ont augmenté, mais plutôt leur visibilité. Depuis les crises successives de ces dernières années, la précarité et le mal-être sont en augmentation constante. Des circonstances qui font que de plus en plus de personnes se retrouvent mal ou pas logées. Pour faire face à ces conditions de vie difficiles, certain·e·s se tournent vers les drogues légales ou illégales, par exemple pour gérer les émotions intenses liées à leur situation. A défaut d’avoir un endroit privé et sûr à disposition, ces usages ont lieu dans la rue.
Plutôt que se préoccuper de la présence d’un produit ou l’autre sur notre territoire, c’est donc de l’augmentation de la précarité et de la stigmatisation qu’il faut s’inquiéter. Or, face aux consommations, les autorités répondent encore quasi systématiquement par la criminalisation. Une solution qui n’en est pas une, puisqu’elle ne fait qu’augmenter les problèmes des personnes qui vivent déjà dans des situations difficiles, ce qui peut encore renforcer le besoin se tourner vers les drogues. Ainsi le serpent se mord la queue, et le système se nourrit de ce qu’il crée lui-même.
Face aux images, l’emballement est d’autant plus absurde qu’il est impossible de lier un comportement à une drogue en se basant sur une simple vidéo. Les images en question pourraient en effet avoir des explications différentes. Une vidéo n’est pas un rapport toxicologique. De nombreuses autres drogues légales ou illégales pourraient expliquer ce comportement. Il pourrait aussi s’agir de l’expression d’un trouble psychologique. La vérité est que nous n’avons aucun moyen de le savoir. La personne concernée ne saurait peut-être même pas lever le mystère.
C’est l’un des effets de la prohibition : une drogue illégale, on ne sait pas ce qu’il y a dedans. Pas de cadre de fabrication, pas de contrôle de qualité, aucune certitude sur le dosage. A tout moment, les réseaux qui contrôlent la vente de ces produits peuvent décider de faire des économies en les coupant avec d’autres produits moins cher, tout cela à l’insu de l’usager·ère. Un procédé et une absence de normes qui peuvent avoir des effets désastreux sur la santé publique. La xylazine peut en effet provoquer des abcès internes plus compliqués à détecter, et ne dispose pas d’un antidote en cas de surdose[1].
Alors que les États-Unis s’inquiètent de la propagation rapide de ce produit, la solution se trouve déjà dans le passé. Au XXe siècle, la prohibition de l’alcool a fait naître et proliférer les mafias, qui fabriquaient et distribuaient illégalement de l’alcool de mauvaise qualité. Face à l’explosion de la criminalité et des problèmes de santé engendrés par l’alcool frelaté, l’État à fait marche arrière, optant plutôt pour une production et une vente légale, contrôlée et encadrée. Une solution qui avait à l’époque réglé bien des problèmes pour cette drogue en particulier. Un siècle plus tard, il est plus que temps que les États se décident à tenter une nouvelle fois l’expérience.
[1] Xylazine, la drogue «zombie» qui crée des plaies jamais vues, Thomas Messias, Slate, mars 2023
Alors que le début de l’été annonce le retour des festivals de musique, le magazine Moustique s’est penché sur leur place dans la société actuelle. Écologie, violences sexistes, inflation, etc., ces dernières années ont vu de nouvelles préoccupations apparaitre sur le devant de la scène sociétale. Des questions qui n’épargnent pas les festivals, qui doivent aborder de front ces changements nécessaires s’ils veulent rester aussi pertinents qu’attrayants. Parmi ces questions, celle des consommations de drogues n’est certainement pas nouvelle. Elle n’en reste pas moins actuelle et essentielle à aborder. C’est pour aborder cette problématique que le magazine Moustique a sollicité l’avis d’Infor-Drogues dans son dernier numéro consacré aux Festivals de musique et aux défis qu’ils doivent affronter.
Car festivals et drogues illégales sont durablement associés dans l’imaginaire collectif, trainant une image de lieux de consommation débridée. Des perceptions relayée par les médias et renforcée par les nombreux contrôles policiers mis en place. En réalité, ces usages sont certainement plus visibles et plus concentrés à un même endroit que réellement plus nombreuses en festivals, ou dans certains évènements plutôt que d’autres. Ils sont également pour la plupart très occasionnels et liés à ce contexte précis. En dehors de cette période, les drogues ne prennent que peu de place dans la vie de ces festivalier·ère·s.
Des consommations qui ne sont pas étonnantes dans un cadre festif où autant de dynamiques sociales se mettent en place. Véritable mise en pause de la société et de ses nombreux tracas, ces rassemblements permettent aux participant·e·s de se détendre ou de se vider l’esprit, de faire des rencontres ou de resserrer le lien avec des proches, etc. Pour certain·e·s, cela se fait en toute sobriété, d’autres s’appuient sur des produits illégaux, mais aussi légaux. C’est le cas pour l’alcool, omniprésent dans les festivals, mais qui tracasse beaucoup moins les organisateur·rice·s et les autorités.
Car pour la majorité des festivals, faire de la prévention se limite à rappeler l’interdit et miser sur la répression. Autant dire que ce n’est pas très efficace. Même dans les évènements qui mettent en place un partenariat avec des acteurs spécialisés, comme Modus Vivendi à Dour et Esperanzah, les forces de l’ordre et la répression sont omniprésentes. Après des dizaines d’années de fouilles minutieuses et de contrôles policiers, les drogues illégales sont pourtant loin d’avoir disparu de ces évènements. Pire, ces actions répressives peuvent même augmenter les risques liés à la consommation de produits stupéfiants. Pour éviter les risques judiciaires, certain·e·s usager·ère·s stressé·e·s peuvent en effet consommer plus, ou plus rapidement que s’iels avaient été dans un environnement serein.
Pour nous à Infor-Drogues, c’est non pas la présence de drogues, mais leur qualité qu’il faudrait contrôler. Cela permettrait en effet aux consommateur·rice·s d’être sûrs que le produit dont iels comptent faire usage est bien celui concerné et pas un autre, peut-être plus dangereux. Les associations compétentes pourront aussi plus facilement réaliser leur mission d’information et de prévention. Mais pour mettre ces actions en place, plutôt que continuer à taper dans le vide, la seule solution, c’est de mettre fin à la prohibition.
Consultez notre intervention dans le dossier festival de Moustique en cliquant ici. Pour retrouver le dossier dans son intégralité, rendez-vous en librairie avant le vendredi 30 juin.
Notre chargé de communication, Antoine Boucher, était invité à participer à l’émission QR, le débat télévisé de La Une, sur le thème des drogues et de la sécurité. Entre les violences des réseaux criminels à Anvers, les consommations visibles dans l’espace public, et les faits divers impliquant des personnalités connues, les drogues sont omniprésentes dans l’actualité. Relayées et mises en récit par les médias, les informations sur les drogues sont présentées au grand public sous l’angle du sensationnel, de la violence et de la morbidité.
Une vision qui crée et entretient des représentations négatives et qui contribue à la déshumanisation, la marginalisation et à la criminalisation des consommateur·ice·s. Pour le public, ce genre de traitement médiatique engendre une fascination, et rend difficile une pensée critique, car il faut d’abord déconstruire le discours intégré et relayé depuis des dizaines d’années. C’est pourtant ce que nous nous efforçons de faire au travers de nos interventions dans les médias. Bien que notre analyse se heurte souvent au discours des politiques et au ressenti des témoins, il est selon nous important de continuer à être présent dans ces espaces pour tenter au mieux de nos moyens de combattre les stéréotypes et décaler le discours entourant les consommations de drogues légales ou illégales.
Retrouvez ci-dessous une sélection d’extraits de l’émission, comprenant l’intervention de notre chargé de communication. Pour visionner l’émission dans son intégralité, cliquez sur ce lien.
Le journal Le Vif consacre un article de trois pages aux actions et à la vision de notre équipe d’accompagnement de professionnels. En effet, de nombreuses équipes et institutions se retrouvent démunies lorsqu’une partie de leur public consomme des drogues légales ou illégales, ou adopte des comportements potentiellement addictifs. Faut-il parler ? Interdire ? Sanctionner ? Expulser ? Les solutions sont souvent difficiles à trouver, car elles sont centrées sur l’idée que le produit ou le comportement est un problème. En réalité, il est une solution pour la personne qui y a recours.
La dépendance, selon Infor-Drogues, c’est donc « devoir toujours passer par une même pratique en cas de situation difficile émotionnellement. Ne pas avoir d’autre solution que consommer un produit ou adopter un comportement. On aura beau jeu de rétorquer « moi aussi j’ai des problèmes et je n’ai pas pour autant besoin de boire, de fumer ou de sniffer », très bien, tant mieux et bravo. Mais nous sommes tous différents. Et ceux qui ne savent pas gérer leurs émotions adoptent par ailleurs des moyens très différents pour les y aider : drogues, sport, méditation, yoga, nettoyer son intérieur, etc. Pénaliser ou punir ceux qui ne savent pas le faire autrement qu’en consommant une drogue ne servira pas à ce qu’ils n’en aient plus besoin, au contraire ! »
Dès lors la réflexion à laquelle pousse l’asbl se déplace de l’axe « que faire pour qu’il ne consomme plus en nos murs ? » à l’axe « pourquoi consomme-t-il en nos murs ?« . Elle invite l’institution à se pencher sur ses propres règles, peut-être déclencheuses de consommations […] »
Une approche qui semble satisfaire les institutions qui font appel à nous. L’article donne en effet la parole à certaines institutions que notre équipe a accompagnées. L’occasion pour elles d’expliquer en quoi Infor-Drogues les a aidées à changer de regard sur leur problématique, et à retrouver du pouvoir d’agir sur leur situation.
Pour consulter cet article dans son intégralité, cliquez sur ce lien.