Archive de l’étiquette légalisation

[Dans la presse] Un Belge sur trois est pour la légalisation du cannabis (Bel RTL)

Un récent sondage montre qu'un tiers des Belges est pour la légalisation du Cannabis

A l’approche des élections de 2024, la question de la légalisation du cannabis est de nouveau sur le devant de la scène politique. Afin de voir dans quelle direction penchent les belges, un sondage[1] révèle qu’un tiers des personnes interrogées est pour la fin de la prohibition du cannabis. Près de la moitié est cependant encore contre. Le fossé se creuse encore un peu plus quand la question de la gestion de cette substance par l’Etat est posée. Bel RTL a invité Infor-Drogues pour commenter ces chiffres dans une série de questions-réponses que vous pouvez écouter ci-dessous. Un résultat qui montre avant tout les limites de ces sondages quant à l’information donnée aux répondants sur les sujets mis en débat.

 

Car dans une société où les consommations de drogues illégales sont encore largement stigmatisées et dramatisées, il n’est pas étonnant que la majorité des citoyens y reste opposé. De simples questions comme « Êtes-vous pour ou contre la légalisation du cannabis ? » et « Est-ce que l’État devrait en organiser la culture et la vente ? » ne laissent pas penser qu’un encadrement soit prévu. Sans plus de contexte, il est inévitable qu’un grand nombre de personnes se base sur les représentations, souvent négatives, de ce que serait un monde dans lequel le cannabis est légal : une société de jeunes apathiques, inactifs, dangereux et instables.

Heureusement, tout cela reste des idées reçues, et il est possible de les combattre. Mais pour cela, il ne faut pas simplement demander l’avis des gens, il faut aussi et surtout les informer pour qu’ils puissent émettre un avis éclairé. Le succès des référendums qui ont permis la légalisation du cannabis dans certains Etats Américains est la preuve que des citoyens informés sur les enjeux sont plus susceptibles de les adopter. Dans le projet de légalisation du cannabis qui sera prochainement adopté en Allemagne, il n’est pas juste écrit « le cannabis n’est plus interdit ». Des règles et des conditions précises encadreront les consommations. Il est évident que ça serait aussi le cas si la Belgique passait le cap.

Face aux représentations, de l’information

Même si aucun plan n’est encore établi, il est donc important de communiquer au grand public que ne plus prohiber un ou plusieurs produits ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de règles à respecter. Bien au contraire. Par exemple, comme c’est le cas pour l’alcool ou le tabac, les mineurs ne pourraient pas consommer. Il faudra par contre éduquer chacun socialement au produit, et en particulier les jeunes, pour qu’ils puissent avoir toutes les clés en mains afin d’aborder au mieux une consommation, quand ils pourront choisir d’en avoir une. De la même façon, si ce n’est pas nécessairement l’État qui doit gérer la production et la vente, il doit néanmoins établir toutes ces règles à respecter.

Dans l’idéal, des structures sans but lucratif pourrait gérer la production et la distribution, afin d’éviter que le cannabis ne devienne un produit commercial comme l’est l’alcool. Une structure officielle est néanmoins importante pour éviter que la vente soit légale mais que l’approvisionnement doive quand même passer par le marché noir, comme c’est le cas aux Pays-Bas. Enfin, il est capital que chacun se rende compte que la meilleure chose à faire pour les consommateurs, ce n’est pas de renforcer l’interdit, mais d’y mettre fin. Cela permettrait de libérer les usagers du poids de la stigmatisation, des risques sociaux, sanitaires et judiciaires. Et donc de la peur de se confier et demander de l’aide en cas de problème. Une bonne légalisation ne peut passer que par l’écoute et l’empathie. Des principes dont notre société, dans son ensemble, a bien besoin.

 

[1] Grand baromètre : seul un tiers des Belges favorables à la légalisation du cannabis (infographies), Louis Colart, Le Soir, 02 octobre 2023

ParInfor Drogues & Addictions

[Dans la presse] Cannabis : pour Infor-Drogues, la loi est « obsolète » (L’avenir)

C’est l’un de grands sujets de cette rentrée pré-élections : la légalisation (ou non) du cannabis fait un retour fracassant dans le débat politique. Pour Infor-Drogues, la loi qui définit son interdiction[1] est depuis bien longtemps obsolète. Pire encore, la répression a des effets désastreux sur la vie des personnes qui consomment des drogues illégales. Loin de résoudre le moindre problème, elle contribue même à renforcer les motivations à consommer. C’est ce que nous expliquons dans cet article du journal L’avenir.

[1] Ainsi que celle des autres produits psychotropes illégaux, la loi du 24 février 1921.

 

 

ParInfor Drogues & Addictions

[Communiqué] – Le secteur spécialisé appelle à la légalisation du cannabis

Communiqué: Le secteur spécialisé appelle à la légalisation du cannabisCommuniqué de presse de la FEDITO BXL, le 03 décembre 2020.

Une consommation de cannabis importante et en augmentation dans la population belge

Au regard des chiffres liés au trafic et à la consommation de cannabis, la politique actuelle est un échec sur plusieurs tableaux : la disponibilité de ce produit est plus grande que jamais, à l’image du dynamisme des réseaux criminels et les taux de prévalence de la consommation de cannabis au sein de la population en augmentation depuis 10 ans.

Après l’alcool et le tabac, le cannabis est la drogue la plus consommée en Belgique. Près de 23% de la population belge âgée de 15 à 64 ans ont déjà consommé du cannabis, soit plus d’1,65 million de personnes ; 7% l’ont fait au cours des 12 derniers mois et 4,3% au cours des 30 derniers jours (Health Interview Survey, Sciensano, 2018). Et si l’on regarde de plus près quelles sont les prévalences auprès des jeunes, on s’aperçoit que la consommation est encore plus importante dans ces groupes : 25% des jeunes de 15-24 ans ont déjà consommé du cannabis et plus de 38% chez les 24-34 ans.

Autant de citoyens consommateurs de cannabis, jeunes ou moins jeunes se retrouvent ainsi en contact avec ce marché noir (qui ne propose pas que du cannabis, par ailleurs) et sans que le moindre contrôle sur les produits consommés ne soit réalisés.

Un coût sanitaire et social important

La prohibition du cannabis remonte à la loi du 24 février 1921 qui, encore à ce jour, définit le cadre légal de la politique drogues en Belgique.

Non seulement cette stratégie s’avère impuissante à réduire l’offre ou la demande mais, ce faisant, elle laisse une économie parallèle perdurer et être source de violence, de corruption, de blanchiment d’argent… Du point de vue sanitaire, elle s’avère contre-productive en matière de prévention ou d’offre de soin, le tabou reste de mise. Elle est également inopérante pour limiter l’accès à ce produit (par exemple aux mineurs) et à contrôler sa qualité, alors qu’il est consommé largement au sein de la population et se trouve parfois être frelaté, comporter des résidus de pesticides, de bactéries, de champignons… autrement dit, être sanitairement impropre à la consommation. Enfin, en termes de justice sociale, elle stigmatise et pénalise aussi toute une série de populations, particulièrement celles en situation de précarité (économique, sociale,…) ou issues de l’immigration.

Cela étant, il faut reconnaître que l’État n’est pas pour autant passif : des millions d’euro d’argent public sont dépensés chaque année dans l’appareil répressif et judiciaire, la police, les services des douanes, le système pénitentiaire… mais pour quels résultats?

Des patients qui appellent à l’aide pour un usage médical du cannabis

Les professionnels du secteur drogues sont régulièrement sollicités par des patients qui cherchent à comprendre la complexe législation belge en matière de cannabis et qui sont à la recherche d’un accès à un cannabis légal à des fins thérapeutiques ou en complément du traitement qu’ils reçoivent pour diverses maladies chroniques ou d’autres pathologies.

Bien que la plupart de ces patients répondent aux critères pour accéder à ces traitements dans de nombreux pays (notamment en Allemagne, au Grand-Duché du Luxembourg, au Pays-Bas, en Italie), force est de constater que les patients belges ne sont pas logés à la même enseigne pour apaiser leur douleur ou mieux supporter les effets secondaires de leurs traitements. Pourtant, depuis 2001, la législation autorise l’usage du cannabis à des fins médicales, mais dans un cadre extrêmement restreint qui n’a pratiquement pas évolué depuis lors et qui est très loin de permettre de rencontrer les besoins et attentes de ces patients.

L’appel de ces patients ne peut plus être ignoré. C’est une question d’éthique et de liberté de traitement à laquelle le législateur se doit de donner suite. A défaut d’une filière légale qui peut leur procurer un traitement de qualité contrôlée, ces personnes malades n’ont d’autre choix, aujourd’hui encore, que de se tourner vers le marché noir ou de produire eux-même du cannabis, de manière illicite.

Propositions pour un modèle belge

Au-delà de ces constats, la FEDITO BXL asbl analyse dans son rapport différents modèles de régulation du cannabis à travers le monde et propose plusieurs clés pour envisager de sortir de ce paradigme.

Elle propose à l’État de dépénaliser l’usage de cannabis et de créer une filière légale et contrôlée de cannabis. A ses yeux, c’est la seule option réaliste pour qu’il reprenne le contrôle de la situation.

La régulation de l’alcool ou du tabac ne sont pas pour autant des exemples à suivre. Au contraire, l’asbl attire l’attention sur les risques d’un modèle trop libéral dont l’appât du gain risquerait vite de prendre le dessus sur l’impératif de santé publique qui, par ailleurs, est l’élément premier qui motive ces professionnels de la santé à soutenir la régulation du cannabis.

Une régulation dans une perspective non marchande serait une piste à explorer en priorité. Plusieurs travaux académiques menés notamment à l’Université de Gand, par le Prof. Tom Decorte, montrent l’intérêt et la faisabilité d’une régulation reposant sur des Cannabis Social Clubs. L’autoculture à des fins personnelles pourrait également être une piste à exploiter.

Enfin, il est nécessaire d’envisager d’investir davantage qu’aujourd’hui dans le domaine de la promotion de la santé, de la prévention et de la réduction des risques.

Une politique drogues efficace, en termes de santé publique et de justice sociale doit avant tout être une politique équilibrée entre les moyens alloués à la répression du trafic illégal et du blanchiment d’argent et ceux alloués à la promotion de la santé, à la prévention, à la réduction des risques et à une offre de soins adaptée, lorsque cela s’avère nécessaire.

On estime qu’actuellement entre 2% et 3% seulement des budgets en matière de drogues sont investis dans la prévention et la réduction des risques (Socost, Belspo) au profit des autres piliers de la politique drogues. Impossible dans cette situation de mener une politique efficace du point de vue de la santé publique.

Aujourd’hui, le constat de l’inefficacité de la prohibition du cannabis est sans appel, et d’autres voies doivent être explorées.

 

La rapport publié par la FEDITO BXL :

 


Contacts presse

Pour aller plus loin avec des spécialistes de la question

  • Sur l’aspect épidémiologique :
    Michaël Hogge, Chargé de projets scientifiques/épidémiologiques à Eurotox asbl (Observatoire socio-épidémiologique alcool-drogues en Wallonie et à Bruxelles)
    michael.hogge@eurotox.org / 0498 80 80 63
  • Sur les modèles de régulation et les Cannabis Social Clubs :
    Tom Decorte, Criminologue à l’Université de Gand, Faculty of Law and Criminology, Institute for Social Drug Research (ISD)
    Tom.Decorte@UGent.be / 0498 24 67 678
  • Sur la question de la prévention, de l’information et de l’aide :
    Antoine Boucher, chargé de communication  à Infor-Drogues asbl
    communication@infor-drogues.be / 0493 17 96 36 / 02 227 52 65
  • Sur la question des mineurs, de la promotion de la santé et de la formation des intervenants en milieu scolaire : Guilhem de Combrugghe, Directeur de Prospective-Jeunesse asbl
    guilhem.decrombrugghe@prospective-jeunesse.be / 0484 26 36 98
  • Sur l’aspect légal et de l’impact sur les consommateurs :
    Sarah Fautré, Coordinatrice de Liaison Antiprohibitionniste asbl
    l.a@skynet.be / 0478 99 18 97
  • Sur l’aspect légal et réglementaire :
    Christine Guillain, Professeure de droit pénal à l’Université Saint-Louis Bruxelles
    christine.guillain@usaintlouis.be
ParInfor Drogues & Addictions

Le cannabis récréatif légalisé dans deux états américains

usaLes politiques répressives d’interdiction du cannabis sont en train d’être remises en cause, même aux USA. Le cannabis est en effet légalisé dans deux états américains : le Colorado et Washington

Voir les articles de l’Avenir et Le Monde, de même que notre intervention dans l’émission « Le forum de Midi » (RTBF – 09/01/2014)

 

ParInfor Drogues & Addictions

Faut-il légaliser les drogues dures ?

Drogues duresLe mouvement des jeunes ecolo fait le constat que « la répression des drogues est un échec ». Dès lors, il « trace les contours d’une nouvelle politique ». Cette nouvelle politique propose plusieurs mesures innovantes mais qui peuvent sembler très radicales pour des citoyens habitués aux discours de diabolisation des drogues.

En tout cas, ce qui est important pour Infor-Drogues, c’est qu’un débat posé et approfondi se tienne sur la question de la politique des drogues. En effet, la prohibition a montré ses limites et ses effets contre-productifs depuis de nombreuses années. Penser les drogues n’est pas un « gadget » ou une perte de temps. Des milliers de personnes en Belgique souffrent de cette politique d’un autre temps qui ne leur propose que des exclusions (du travail, de l’école), des poursuites judiciaires, des produits clandestins c’est à dire de mauvaise qualité et très chers, etc.

D’un autre coté, il s’agit d’une question de société très complexe qui ne peut être résolue seulement par le statut légal ou illégal de produits. Il faut mettre sur pieds des politiques ambitieuses de prévention, d’éducation et d’accompagnement. Mais qu’est-ce qui nous empêche d’en débattre en profondeur pour dégager ces nouvelles pistes ?

Lire le chat de la RTBF consacré à ce sujet

Emission « Bel RTL soir » du 16 septembre sur le même thème :

 

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