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Drogues et légendes urbaines : l’Histoire continue sur La Première

Drogues et légendes urbaines : l'Histoire continue sur La Première

Ce n’est pas très bien, mais c’est bien connu : les humains adorent inventer des histoires et répandre des rumeurs ! À la fin des années 80, une légende urbaine se propage, selon laquelle des tatouages décalcomanies contenant du LSD mortel pour les enfants circuleraient dans les écoles. Dans cette histoire, absolument tout est faux. À l’époque, Infor-Drogues avait connu une vague de demandes et de questions par rapport à un phénomène qui n’a jamais eu lieu. Invité dans l’émission L’Histoire continue sur La Première, notre chargé de communication Antoine Boucher revient sur cette angoisse autour des drogues, alors que l’actualité est dominée par des déclarations d’attaques à l’aiguille. Inquiétude légitime, symptôme de conservatisme patriarcal ou légende urbaine ? C’est la question sur laquelle se penche cet épisode de l’Histoire continue, à écouter ci-dessous.

 

ParInfor Drogues & Addictions

Salles de consommation à moindre risque : en finir avec les idées reçues

Ouverture d'une salle de consommation à moindre risque à BruxellesLa salle de consommation à moindre risque de Bruxelles ouvrira prochainement ses portes dans le quartier Lemonnier, au numéro 9 de la rue de Woeringen. Géré par l’asbl Transit et la MASS (Maison d’Accueil Socio Sanitaire), ce dispositif est nommé Gate en référence à son rôle de portail vers le soin. Avec l’appui de la ville de Bruxelles, cette SCMR sera la deuxième à voir le jour en Belgique, après celle de Liège en 2018.

Les salles de consommation à moindre risque sont l’objet de nombreuses idées reçues. Infor-Drogues vous propose d’en décrypter quelques-unes, à l’approche de l’ouverture de celle de Bruxelles.

 

  • Ça encourage les drogués à consommer

Les différentes études et expériences menées montrent que les salles de consommation à moindre risque n’augmentent ni le nombre de consommateurs ni la quantité consommée. En fait les consommations découlent de raisons personnelles propres à la personne et profondément ancrées dans son vécu et son contexte de vie. Les personnes consomment alors pour se sentir mieux, pour apaiser les tensions, pour faire face, pour oublier, etc. Les consommations sont causées par les problèmes de la vie.

Ce ne sont pas des mauvaises conditions matérielles qui découragent à la consommation puisqu’on voit que de nombreuses consommations sont faites dans des conditions sanitaires et matérielles très dégradées, comme on peut en rencontrer en prison ou dans la clandestinité (dans la rue, dans des parkings, dans des squats, etc.). Ces salles ne font qu’offrir un environnement correct aux consommateurs.

 

  • Ça ne sert à rien, puisqu’ils n’arrêtent pas de consommer

L’arrêt de la consommation ne doit pas toujours être un but en soi. Ne vaut-il pas mieux viser la politique du moindre risque ? En effet, le cadre illégal de la consommation crée d’énormes risques sanitaires : produits coupés, trop concentrés, conditions de consommation clandestines donc matériel et environnement pas stériles, etc.

Ces salles répondent à ce besoin de disposer d’un cadre sécurisé et sanitaire, et diminuent ainsi le risque de maladies. La présence du personnel médical permet de prendre en charge d’éventuels problèmes en cas de surdose. C’est aussi l’occasion de créer du lien et d’ouvrir une porte vers un accompagnement médical et/ou social. Un contact qui peut offrir de nouvelles perspectives

De plus, la souffrance liée à l’exclusion est un motif de consommation. Inclure les abimés de la vie que sont les usagers de drogues va donc diminuer la somme des souffrances auxquelles ils doivent déjà faire face.

 

  • Ça donne envie au grand public parce que ça banalise les drogues

Les bars et les marchands de tabacs se trouvent à tous les coins de rue. Cela ne signifie pas qu’on y entre et qu’on consomme de l’alcool et du tabac à chaque fois qu’on passe à côté. On consomme parce qu’on pense que ça répondra à notre besoin du moment. Mais aussi en fonction de l’image que nous renvoie un produit (sportif, rebelle, charmeur, etc). Et cette image, on souhaite s’y identifier. La banalisation n’est pas attirante, elle ne saurait à elle seule donner envie.

Par ailleurs, les salles de consommation à moindre risque ne sont pas un lieu accessible au tout venant. Il y a une procédure à respecter : il faut s’inscrire, il y a un accueil et un contact avec des travailleurs sociaux et des règles internes à respecter.

 

  • Les enfants/jeunes/etc qui vont passer devant vont entrer pour consommer

Les drogues et les consommateurs de drogues trainent avec eux une image fascinante et sulfureuse. Car les médias et la société les présentent comme autodestructeurs et à la recherche de leur seul plaisir. Cela entraine une curiosité malsaine qui peut donner envie de passer les portes de la salle sans être consommateur pour avoir un aperçu de ce qui s’y passe, mais pas d’y entrer pour consommer.

La consommation de drogue est souvent expliquée par la drogue elle-même. Comme si elle vous tombait dessus sans qu’on ne puisse rien faire. En fait, la drogue n’est pas une créature vivante. Elle ne peut pas, toute seule, sortir de la salle et vous attraper. C’est normal d’avoir peur de la mise en place de ce genre de dispositif. Pour se rassurer vis-à-vis de vos enfants, l’important est de dialoguer avec eux, de leur parler et d’être ouvert à leur vécu.

 

  • Ces salles servent juste à prendre de la drogue pour leur plaisir

Les salles de consommation à moindre risque ne sont pas des salles de fêtes ou des maisons des jeunes. Aucune chance de pouvoir s’y retrouver entre amis pour jouer au kicker en fumant son joint ou en buvant son coca après les cours.

Ces salles offrent un environnement propre et sécurisé pour consommer de manière plus sûre, avec du matériel propre et un encadrement social et médical avec des professionnels. Ce sont des dispositifs voués à la sécurité sanitaire et au lien avec des professionnels, mais pas des lieux qui prêtent à la sociabilisation entre pairs. Ce n’est pas « Woodstock ».

 

  • Ça attire l’insécurité/les dealers/les drogués dans le quartier

Si la consommation de drogue vise à apaiser des souffrances ou des difficultés, cela ne fait pas automatiquement des usagers des personnes dangereuses et prêtes à tout (vol, mensonge, agression, etc.). Certaines personnes recourent au vol ou au mensonge quand elles sont en difficultés, qu’elles consomment des drogues ou non. Si ces dispositifs bénéficient d’une certaine tolérance de la part des autorités et des forces de l’ordre, elles n’en sont pas moins encadrées et sécurisées, pour les consommateurs comme pour les riverains.

Si, à son ouverture, la future SCMR de Bruxelles sera très probablement la cible d’idées reçues de ce style, nous espérons participer à une salutaire prise de distance par rapport à ces suppositions. En effet, toutes ces représentations augmentent en général le mal-être des consommateurs, l’incompréhension du dispositif par le grand public et, au final, les actions inadéquates voire contre-productives.

 

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