Archive de l’étiquette addiction

[Communiqué] – Un peu de baume au cœur dans un contexte morose

Un nouveau subside comme une éclaircie dans notre année maussade

Communiqué de presse du 21 décembre 2023

Le Ministre de la Santé Cocof, Alain Maron, subventionne le service de prévention

Après le gros coup de froid de la perte de ses subventions en Promotion de la Santé à Bruxelles, le service de prévention de l’asbl Infor-Drogues vient de recevoir une aide d’un demi-ETP supplémentaire de la Cocof. Cela permettra d’accompagner plusieurs institutions en désarroi face aux consommations de leurs publics.

« On était vraiment dans une situation intenable » rapporte Sarah Uijt Den Boogard, intervenante pour l’association, « on ne pouvait plus accepter aucune demande avant 2025, tellement nos subsides avaient étés réduits. Or, les demandes ne font qu’augmenter, surtout à Bruxelles. ». Elle en veut pour preuve l’augmentation constante du nombre d’institutions bruxelloises qui font appel à Infor-Drogues : 26 en 2023.

Cette aide permettra à Infor-Drogues de continuer à intervenir auprès d’équipes de professionnels confrontés à des consommations de drogue ou à des comportements addictifs. En effet, l’asbl privilégie l’accompagnement des équipes plutôt que les interventions ponctuelles, par exemple devant des élèves. « C’est souvent ce que les écoles nous demandent dans un premier temps, mais nous essayons de les en décaler », argumente Antoine Boucher, le coordinateur du service prévention, « car, quand on prend avec eux le temps de l’analyse et du long terme, les professionnels reconnaissent assez volontiers qu’ils ont plus à gagner à comprendre ce qui se passe et à adopter une posture préventive eux-mêmes plutôt que de faire intervenir des tiers qu’ils soient policiers ou préventologues ».

Répondre aux demandes toujours plus nombreuses

Infor-Drogues vient de fêter ses cinquante années d’existence. En Belgique, elle est pionnière dans l’accompagnement de tous les publics sur la thématique des drogues et des dépendances, et suit de près ses tendances et évolutions. Outre le travail d’accompagnement des professionnels qui vient de recevoir un subside, l’ASBL est surtout connue pour son service d’écoute téléphonique et de consultation. Ces deux services sont eux aussi en grande précarité car ils n’ont reçu pratiquement aucune augmentation de cadre depuis plus de 10 ans. « Les appels téléphoniques sont beaucoup plus lourds et plus longs depuis quelques années. Cela se traduit par un épuisement professionnel et un accès à ce service qui devient difficile pour les bruxellois » commente Rocco Vitali, directeur de l’institution. « Il devient nécessaire d’élargir le cadre de ce service car les demandes sont en forte augmentation. Le temps d’attente pour recevoir une aide de qualité devient beaucoup trop long » déplore-t-il.

Pour info, la permanence téléphonique est joignable au 02 227 52 52, heures d’accessibilité du service : www.infordrogues.be

Contact pour la presse : Antoine Boucher 02 227 52 65 – 0493 17 96 36

ParInfor Drogues & Addictions

[Dans la presse] Un vaccin pour arrêter la cocaïne, c’est possible ? (Bel RTL)

Un vaccin qui permettrait d’arrêter la consommation de cocaïne est actuellement développé au Brésil[1]. Visant à empêcher le produit d’agir sur le circuit de la récompense présent dans le cerveau, et donc d’apporter les effets positifs recherchés par les consommateur·rice·s, ce potentiel traitement suscite déjà beaucoup d’intérêt. Mais un vaccin peut-il vraiment être efficace s’il ne prend pas en compte les nombreux éléments qui entrent en jeu dans les cas de dépendances ?

C’est une des questions à laquelle nous avons répondu pour Bel RTL dans une interview que vous pouvez retrouver ci-dessous.

Car consommer des drogues, c’est avant tout chercher à remplir un besoin. Et être dépendant, c’est ne pas pouvoir adresser ce besoin autrement que via la consommation. Contrairement aux idées reçues, le produit ne possède pas de pouvoir absolu, rendant toustes les consommateur·rice·s accros. C’est la situation et le contexte dans lequel se trouve une personne à un moment donné qui fait la différence. C’est ainsi qu’une grande partie de celleux qui prennent des drogues ne sont pas dépendant·e·s de leur consommation, car iels ont par ailleurs d’autres moyens de remplir leurs besoins. Cela explique aussi le développement de dépendances comportementales que peuvent être les jeux vidéo, les jeux de hasard, le sexe, etc. Des cas dans lesquels aucun produit n’entre en jeu.

La nécessité d’être vulnérable

Avec la cocaïne, les consommateur·rice·s veulent généralement faire preuve d’une certaine force, se montrer performant·e·s ou plus sûr d’elleux. Iels sont souvent des travailleur·euse·s qui ont un métier physique et exigeant, dans lequel la cocaïne les aide à tenir le rythme. On peut donc comprendre que maintenir cette identité soit très important pour ces personnes. Un vaccin ou un autre traitement pourrait peut-être booster les chances d’arrêter certain·e·s. Mais il ne saurait remplacer la nécessité de travailler sur les raisons qui se cachent derrière les consommations. Un travail qui ne peut pas se faire simplement en bloquant quelques récepteurs neuronaux et en retirant le produit.

Pour espérer arrêter ou réduire leur consommation, les personnes qui le souhaitent doivent accepter d’interroger leur rapport avec cet aspect de leur identité ou de leurs émotions, avec le soutien de leurs proches si nécessaire, en mettant en place des alternatives plus viables, etc. Un processus très introspectif qui implique une grande vulnérabilité, et d’accepter de renoncer à un peu de cette « force » et de cette « assurance » tant recherchée. Et pour tout ça, il n’y a pas de vaccin, que du travail.

Si vous souhaitez parler de votre consommation ou de celle d’un de vos proches, n’hésitez pas à nous contacter par téléphone au 02/227.52.52, ou via notre permanence électronique.

 

[1] « Un vaccin contre l’addiction à la cocaïne ? Des recherches sont en cours au Brésil », Moustique, 28 octobre 2023.

ParInfor Drogues & Addictions

Jeux d’argent : les limites de l’auto-exclusion

Jeux d'argent: les limites de l'auto-exclusionEn décembre dernier, Le Soir dressait le portrait des personnes qui s’adonnaient aux jeux d’argent et ont décidé de s’en exclure. Car depuis 2004, les joueurs qui le désirent ont la possibilité de s’inscrire sur la plateforme EPIS pour s’auto-exclure des casinos, sites de paris sportifs ou salles de machines à sous. Cet outil, même s’il présente une certaine utilité, reste marqué par de sérieuses limites :

  • Ce processus d’auto-exclusion intervient relativement tard dans le parcours du joueur. Ce dernier a souvent déjà dépassé plusieurs étapes ayant des conséquences financières et/ou sociales importantes ;
  • Ce processus n’entraîne pas d’aide extérieure. Même si cette aide est reconnue comme indispensable, elle n’est pas (encore) proposée au joueur s’inscrivant sur EPIS. Du coup, ce dernier est laissé tout seul face aux multiples tentations de jeux en dehors de ceux dont il s’est exclu (jeux clandestins notamment) ;
  • En lien avec le point précédent, la plate-forme n’entraîne pas de réflexion de fond sur la ou les raisons à la source du comportement de jeu. Sans un travail sur la FONCTION du jeu dans la vie de la personne, l’arrêt sera difficile, car le vide laissé par l’absence de jeu ne pourra être comblé. Par contre, si la fonction a été conscientisée, le manque pourra être comblé.

En conclusion, Infor-Drogues plaide pour une approche globale des comportements d’addiction (drogues légales et illégales, jeux d’argent ou autres) par un accompagnement, mais aussi une éducation pour tous·tes abordant les besoins essentiels qui régissent ces comportements : notre besoin d’identité positive, notre besoin de gérer nos émotions (en avoir davantage, en avoir moins, en fonction du contexte).

ParInfor Drogues & Addictions

Dans certains jeux vidéo, des jeux d’argent et de hasard à portée de tous

Les loot boxes, des jeux de hasard cachés dans des jeux vidéo ?Depuis quelques années, loot boxes et microtransactions sont devenues monnaie courante dans les jeux vidéo. Des mécaniques qui invitent les joueur·euses de tous âges à dépenser de l’argent dans leurs jeux préférés, parfois sans même savoir ce qu’iels obtiendront au final. Proche des jeux d’argents et de hasard, cette pratique plus que douteuse rapporte gros aux éditeurs de jeux vidéo, au détriment des joueurs.

De FIFA1 à Star Wars en passant par Fortnite, les loot boxes, ou coffres à butin en français, sont présents dans de nombreux jeux vidéo malgré la controverse qui les entoure depuis leur apparition. Sorte de pochette surprise, les loot boxes sont des avantages et améliorations qu’un·e joueur·euse peut acheter dans le jeu. Problème : impossible de savoir à l’avance ce que contiendront effectivement ces packs. C’est le hasard qui décide.

Afin d’obtenir ces boites, lea joueur·euse peut explorer méticuleusement le jeu, mais iel peut également les débloquer instantanément en dépensant son argent bien réel. Dans certains cas, il est même impossible de gagner la partie sans mettre la main au portefeuille. Cela fait partie de ce qu’on appelle les microtransactions, des achats de contenu supplémentaire à celui proposé dans le jeu de base. Des petites sommes qui peuvent vite s’accumuler et faire grimper l’addition. Les éditeurs l’ont bien compris et en profitent très largement. En 2020, les loot boxes ont à elles seules rapporté à l’industrie du jeu vidéo près de 15 milliards d’euro2.

Pour Infor-Drogues, tout comme l’OMS et l’ensemble du secteur toxicomanie, les jeux de hasard et les jeux vidéo comportent des risques d’addiction, au même titre que la consommation de drogues légales ou illégales. Rapprocher ces deux pratiques est donc particulièrement préoccupant. Car les jeux vidéo et coffres à butin jouent en effet sur un besoin fondamental de tout être humain : celui de valoriser son identité. Pour bon nombre d’adeptes, le jeu vidéo est un mode d’expression, une façon de montrer qui iels sont. C’est particulièrement vrai dans les jeux en ligne, ou lea joueur·euse est visible des autres. Pour être lea meilleur·e, avec le meilleur équipement, la meilleure équipe ou les meilleures statistiques, certain·es cèdent aux raccourcis que sont les loot boxes. A travers son succès virtuel, lae joueur·euse se sent valorisé·e. Une sensation qui peut facilement faire oublier le prix à payer pour l’obtenir.

Car les loot boxes sont extrêmement proches des jeux d’argent et de hasard. En effet, on parle bien ici de dépenser de l’argent pour avoir une chance de gain, sans savoir en quoi il consistera, ni quelles sont les chances d’obtenir un gain intéressant. Il peut y avoir du bon ou du mauvais, il peut aussi y avoir des doublons. Dans le cerveau des joueur·euses ce sont les mêmes systèmes de récompense qui s’activent, la même montée d’adrénaline et de dopamine qui se produit qu’au casino ou sur les sites de jeu en ligne.

Des connexions cérébrales qui se font aussi chez les joueur·euses les plus jeunes. Pourtant actuellement, aucune restriction d’accès n’est mise en place pour protéger les mineurs. Une facilité d’accès qui peut avoir de lourdes conséquences. Selon une étude de Sheldon Evans, professeur de droit à l’université St. John de New-York3, les plus jeunes ont davantage de difficultés à se représenter la valeur réelle des sommes qu’iels dépensent dans ces jeux. De l’argent qu’iels tendent à dépenser en plus grande quantité et de plus en plus tôt. De leur côté, les éditeurs de jeux vidéo encouragent ces pratiques en rendant ce contenu plus attirant.

Bien que, même parmi les adaptes des jeux vidéo, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer cette pratique, il est peu probable qu’elle disparaisse tant qu’elle rapportera autant d’argent. Face à ce constat, certains Etats tentent de prendre les choses en main. Ainsi en Belgique et aux Pays-Bas, les loot boxes sont interdites depuis plusieurs années4, mais cette interdiction est très difficile à faire respecter5. Quelques titres se sont bien pliés à l’exigence en retirant la mécanique visée pour certains, ou en ne mettant simplement pas le jeu en vente dans les pays concernés. Mais d’autres n’hésitent pas à braver l’interdit et sont disponibles sans aucune restriction ni avertissement. Pour les entreprises qui produisent ces titres, les profits générés par les loot boxes est simplement bien supérieur à l’éventuelle amende qu’ils encourent. Entre le profit et le bien-être des joueurs, le choix est visiblement vite fait.

 

1 Jules « Cael » Seigneur, FIFA 23 : pourquoi vous ne devez pas céder aux lootboxes, La Crème du Gaming (web), octobre 2022.

2 Maxime Pernet, « Loot boxes » dans les jeux vidéo : où en est leur régulation en France ?, Le Monde (web), juin 2022.

3 Sheldon Evans, Pandora’s Loot Box, St. John’s Legal Studies Research Paper No. 20-0015, George Washington Law Review, novembre 2020.

4 Jeux vidéo: la fin des « loot boxes » pour les joueurs belges, RTBF (web), février 2019

5 Interdiction des loot boxes en Belgique, pas vraiment appliqué selon une étude…, La Crème du Gaming (web), aout 2022.

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[TV Infor-Drogues] Entretien avec le Smes : un logement pour tous, sans condition

Entretien avec le Smes: un logement pour tousDepuis plus de 10 ans maintenant, le projet Housing First du Smes permet aux personnes sans-abris de sortir de la rue en leur proposant directement un logement. Si le principe de réinsertion par l’habitat est largement adopté et populaire dans de nombreux pays, les structures qui le proposent exigent la plupart du temps que les bénéficiaires soient abstinents, motivés, répondent à certains critères sociaux, etc. Des conditions qui empêche de nombreuses personnes au profil plus lourd d’intégrer un programme qui peut drastiquement améliorer leur qualité de vie.

Malgré les doutes, les peurs et les questions du secteur social-santé, le Smes mène avec succès un projet Housing First ouvert à tous, sans condition ni jugement, avec leurs consommations, leurs problèmes de santé mentale et leur bagage, qui donne à tous ceux qui le souhaitent une chance de commencer une nouvelle vie.

Pour discuter de l’inconditionnalité de l’aide et des obstacle rencontrés par l’innovation sociale, nous recevons Muriel Allart, coordinatrice du projet Housing First du Smes.

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