Le rapport européen de l’OMS consacré à la réduction de l’usage nocif d’alcool pour les années 2012 – 2020 propose une série d’actions aux Etats. Parmi elles, l’interdiction de vendre tout alcool avant 18 ans [1].
Qu’en penser ?
Le même rapport de l’OMS reconnaît pourtant que l’application de ce type de législation est le « maillon faible » des politiques « anti-alcool ». En effet, le nombre de points de vente à contrôler est énorme et les commerçants sont en général peu enclins à ne pas vendre aux jeunes [2].
Quant aux consommations des jeunes, elles sont plutôt stables pour les jeunes de 13 à 17 ans et même en recul pour les plus jeunes (enfants de 5ème et 6ème primaire) [3].
Un récent coup de gueule des associations du groupe « Jeunes, Alcool & Société » dénonce les slogans prétendant réserver la bière aux adultes. Ainsi, un interdit aux moins de 18 ans ne serait peut-être pas un handicap commercial. La bière gagnerait en image de produit pour les « vrais hommes », ayant de la « maturité » et de « l’expérience de vie ». La campagne dénoncée par « Jeunes, Alcool & Société », visible en ce début juin dans nos rues, interdit elle-même sa bière aux « moins de 35 ans ».
En cas d’interdiction aux moins de 18 ans, la publicité pourra encore plus facilement jouer sur le registre du « produit fort » pour « les hommes forts ».
A cet égard, rappelons le paradoxe dans lequel se trouvent les jeunes vis-à-vis des alcopops ou de l’alcool distillé : une interdiction d’achat alors qu’ils sont les cibles de campagnes marketing effrénées. Infor-Drogues rappelle sa proposition, partagée par le groupe « Jeunes, Alcool & Société », d’interdire, non pas l’alcool, mais bien la publicité pour l’alcool. Par ailleurs, le rapport de l’OMS suggère que chaque commerce vendant de l’alcool soit soumis à une licence spécifique qui pourrait être révoquée en cas d’infraction. L’OMS observe aussi que les pays disposant d’un monopole d’Etat ont « un nombre plus limité de points de vente et des heures d’ouverture moins étendues que dans les pays où cette activité ressort du secteur privé ».