L’héroïne ou diacétylmorphine est un opiacé synthétisé à partir de la morphine. Celle-ci est naturellement présente dans l’opium (suc du pavot somnifère). L’héroïne est proche de substances naturellement produites par le corps, appelées « endorphines ». Le cerveau produit des endorphines en plusieurs occasions : en cas de tristesse ou en cas de grande douleur, dans le but de diminuer ces sensations. L’héroïne est surtout recherchée pour le bien-être psychique et physique qu’elle procure.
En Belgique, l’héroïne blanche ne se trouve presque plus sur le marché noir. Elle se présente actuellement sous forme de poudre allant du beige clair au brun foncé (brown sugar, héro, brun, smack). Elle est vendue en petit paquet (pacson) ou emballée dans un plastique (boulette). En Belgique, une dose contient de 0% à 70% (extrêmement rare) d’héroïne. La concentration varie fortement suivant les régions, les fournisseurs, les arrivages et les pays d’origine. La composition des produits de coupe est incertaine, parfois dangereuse (ex.: caféine, barbituriques, talc, voire, dans de très rares cas, strychnine).
L’héroïne, comme les endorphines, est un « dépresseur » du système nerveux central. Elle agit en « endormant » certaines fonctions du système nerveux. Elle ralentit, par exemple, la respiration.
L’héroïne, en remplacant l’endorphine, génère un sentiment de bien-être et atténue douleur et anxiété lorsqu’elle est consommée avec modération. De plus grandes quantités entraînent le sommeil. De très fortes doses peuvent provoquer l’arrêt de fonctions vitales de l’organisme (circulation sanguine, respiration, …).
Un usage quotidien d’héroïne entraîne une diminution importante de la production des endorphines. En cas d’apport extérieur important et continu d’héroïne, le cerveau cesse de produire des endorphines. Lors de l’arrêt de cette consommation, le corps aura besoin de quelques jours pour produire à nouveau des endorphines. D’où une sensation intense de mal-être, voire de douleur : le manque.
L’héroïne peut être:
L’héroïne fut synthétisée en 1874 et commercialisée en 1897 par la firme Bayer comme un médicament aux vertus héroïques (courage, insensibilité à la douleur, à la fatigue…). Elle fut utilisée comme produit de substitution à la morphine, comme antidouleur et comme traitement de la toux. Dès la fin de la première guerre mondiale et suite à de nombreux problèmes de dépendance, son usage thérapeutique fut contesté. Dès lors, comme la morphine, elle fut uniquement prescrite dans le traitement de douleurs extrêmes (brûlures sévères, douleurs post-opératoires, soins palliatifs, cancer, etc.) avant de disparaître récemment de la pharmacopée belge (liste de substances pouvant êtres dispensés par les médecins).
Les effets du produit dépendent non seulement de la dose, de la fréquence d’usage et du mode de consommation, mais également des caractéristiques de chaque individu, de son état psychique, de sa personnalité, de son humeur, de son accoutumance et de ses attentes vis-à-vis du produit.
Attention, les effets recherchés peuvent être différents des effets psychotropes (effets sur le cerveau). Il s’agit alors de répondre à un ou des besoins fondamentaux plus importants à ressentir pour le consommateur que les effets psychotropes en eux-mêmes. Par exemple le besoin de transgression, de se montrer courageux, de faire groupe peuvent constituer des raisons de consommation d’un produit. Chaque produit a une image sociale comme par exemple l’héroïne et la morphine sont le même produit de base, mais le premier évoque plutôt la rupture, la révolte et la clandestinité alors que l’autre est davantage associé au soin et au monde médical. Cette image peut pousser une personne à consommer tel produit plutôt qu’un autre en fonction de son besoin. Notons que ce besoin est souvent inconscient.
La durée des effets est la même (4 à 6h), quel que soit le mode de consommation mais la perception diffère selon le mode de prise et l’individu.
1. Le flash
Lors de l’injection intraveineuse, le « flash est une sensation soudaine et irradiante de chaleur, un changement d’état très rapide et bref (5 à 10 secondes), qui se produit au moment où l’héroïne irrigue le cerveau. Le flash est une montée rapide des effets tant physiques que psychiques.
2. le plateau
Période de bien-être intense, sensation de chaleur et de relaxation profonde qui peut durer 3-4 heures. Selon le témoignage d’usagers, on perçoit différemment ses problèmes, l’angoisse est calmée et l’on ressent un sentiment de paix.
3. La descente
Au cours de la descente, les effets de l’héroïne s’estompent progressivement et le besoin de dormir se fait sentir (somnolence). Le retour à l’état « sans produit » peut être pénible pour certains usagers : fatigue et déprime, sorte de « gueule de bois ». En cas de dépendance physique, les premiers signes de manque apparaissent.
NB : l’héroïne peut être détectée dans les urines jusqu’à 12 jours après la prise.
L’héroïne peut engendrer une dépendance psychologique et physique. Celle-ci est due essentiellement aux liens complexes qui se tissent entre l’usager (ses attentes, ses manques, ses désirs), le produit et le contexte de vie. Cette dépendance survient bien souvent avant que l’usager ne s’en rende compte.
Le manque se caractérise par les signes suivants :
Ces manifestations cessent après 5 à 10 jours d’abstinence ou de sevrage. Ce sevrage n’est pas facile. Il est préférable de se faire accompagner par des professionnels qui peuvent conseiller différents types de traitements. Il y a une différence entre sevrer quelqu’un et soigner la toxicomanie d’une personne. Dans le deuxième cas, il s’agit d’une entreprise à long terme qui considère la personne dans son ensemble. Différents traitements, dont des traitements de substitution, existent. Une brochure sur la méthadone est disponible à Modus Vivendi (voir adresse en fin de brochure).
Une fois que la dépendance physique a été installée, s’il y a consommation après une période d’abstinence, l’usager risque de redevenir beaucoup plus vite dépendant et de voir réapparaître les signes de manque physique après quelques jours seulement.
En ce qui concerne l’héroïne, la tolérance est très rapide : après quelques jours de consommation (plusieurs fois/jour), l’usager ressent la nécessité d’augmenter les doses, d’abord en quantité, puis en fréquence pour retrouver les effets du produit.
L’interdit légal génère des risques spécifiques. En effet, bien que l’héroïne ne coûte pas cher en termes de fabrication, son prix, fixé par les trafiquants, est élevé. Certains usagers parviennent à gérer leur consommation ; d’autres, pour faire face au coût élevé de cette consommation, commettent des délits.
D’autre part, par le seul fait que la consommation soit illégale, le consommateur qui souhaiterait avoir accès aux soins de santé (autres que le sevrage ou la substitution) peut rencontrer des difficultés.
Enfin, les réactions de rejet de l’entourage (famille, conjoints, amis, collègues, employeur, …) peuvent provoquer l’isolement social du consommateur.
L’héroïne pure, nous l’avons vu, est similaire aux endorphines : elle n’entraîne donc pas de dommages physiques directs tels que lésions d’organes, cirrhose, destruction cellulaire. Cependant les modalités de consommation de l’héroïne, la détérioration du style de vie (alimentation, hygiène..) liée à la dépendance et surtout l’illégalité peuvent entraîner des risques particuliers (voir Chapitre x).
La surdose est la dose excessive et dangereuse, voire mortelle. Elle se traduit par une dépression respiratoire allant d’une faible diminution de la respiration à l’arrêt respiratoire, entraînant l’arrêt cardiaque et ensuite la mort.
La dose mortelle varie considérablement en fonction de chaque individu : une personne peut augmenter progressivement sa consommation jusqu’à des doses qui seraient mortelles pour un non-consommateur. En certaines circonstances, le risque de surdose augmente :
Le risque de surdose est donc difficile à mesurer pour chacun. L’héroïne étant coupée avec des produits dont la composition n’est pas connue, le risque de surdose n’est jamais absent. Enfin, la surdose survient plus fréquemment à la suite d’une injection intraveineuse (l’effet du produit survient brusquement d’un seul coup).
Une partie des accidents mortels n’est cependant pas directement due à une surdose mais plutôt à l’absorption simultanée d’un autre psychotrope qui accentue les effets de l’héroïne.
En sniff :
En fumette :
En injection intraveineuse :
Si la personne pique du nez et qu’elle a les pupilles en tête d’épingle, restez à proximité.
Une overdose pourrait survenir. Vérifiez de temps en temps sa capacité de réaction.
Si les signes suivants apparaissent, intervenez sans tarder :
Comment intervenir ?
En intervenant rapidement vous pouvez sauver la vie de quelqu’un. Pensez-y !
La police n’accompagne le service d’urgence dans un lieu privé que si la personne est inconsciente (nécessité de réanimation, décès possible).
En cas de besoin :
Centre anti-poison : 070/245.245
SOS Médecins (à Bxl) : 02/513.02.02
Autres services de garde : 100
De façon générale, les mélanges augmentent les risques. Le résultat exact de tel ou tel mélange est imprévisible du fait de la composition incertaine des produits illégaux.
Héroïne + méthadone:
La méthadone, comme l’héroïne, est un opiacé. En cas de prise occasionnelle d’héroïne en cours de traitement, la méthadone peut réduire le risque d’overdose. Par contre, si elles sont consommées en même temps, l’usager risque d’être insatisfait des effets de l’héroïne et le risque d’overdose augmente. Si vous consommez de l’héroïne, ne consommez pas votre méthadone en même temps. Pour rappel, la méthadone a une durée d’action de 24h.
Héroïne + benzodiazépines:
1. Rohypnol
Ce mélange peut être pratiqué avant la prise d’héroïne pour augmenter les effets de la montée ou, en descente, pour prolonger les effets de l’héroïne tout en diminuant les aspects négatifs de la descente. Ce mélange augmente les risques de coma et de difficultés respiratoires.
2. Autres (ex. : Lexotan)
De manière générale, ce mélange augmente les risques de coma et de difficultés respiratoires.
Héroïne + barbituriques (ex: Vesparax):
Un des mélanges les plus dangereux. 2 à 3 comprimés entraînent un risque important de surdose!
Héroïne + cocaïne:
Le Speed-ball est la prise simultanée de ces deux produits. L’effet stimulant de la cocaïne diminue le risque d’arrêt respiratoire. Ce type de mélange, fort apprécié des usagers, comporte des risques accrus d’overdose. En effet, la durée d’action de la cocaïne étant beaucoup plus brève que celle de l’héroïne, un arrêt respiratoire peut survenir quand l’effet de la cocaïne prend fin..
Héroïne + amphétamines:
L’action stimulante des amphétamines agit dans un sens opposé à celle de l’héroïne. L’effet stimulant des amphétamines diminue le risque d’arrêt respiratoire.
Héroîne + alcool:
A petite dose, l’alcool atténue les effets de l’héroïne, d’où le risque d’augmenter les doses. A forte dose, l’alcool aura tendance à accentuer l’effet sédatif de l’héroïne. Risque accru de surdose dans les deux cas.
Héroïne + cannabis (et dérivés):
Combinaison moins dangereuse que les autres. Chez les uns, il atténue le stress de la descente; chez les autres, il accentue les réactions paranoïdes.
Donc, héroïne + dépresseurs du système nerveux central => risque accru d’overdose
Vous pouvez également consulter notre brochure de réduction des risques dédiée à l’héroïne
Infor-Drogues a conçu pour vous une synthèse graphique relative au produit.
Soyez vigilant qu’une infographie est à manipuler avec précaution dans un cadre aussi sujet aux présupposés que le sont les drogues. Tout ce qui fait suite ne sont que des généralités, et il convient de ne pas omettre que les effets recherchés et non recherchés peuvent être spécifiques et différenciés à chaque usager ou à chaque consommation ponctuelle.
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