Cannabis (suite)

Généralités

Le cannabis est une plante proche du houblon, qui peut être cultivée en tant que chanvre (cannabis sativa)  à destination industrielle (production de fibres ou de produits cosmétiques). C’est la résine de la plante « cannabis » qui contient la substance active responsable des effets psychotropes (psychotrope = « qui a un effet sur le mental ») : le tétrahydrocannabinol ou THC.

Histoire

Le cannabis a été cultivé à travers les siècles pour ses qualités horticoles et psychotropes.

La Chine aurait utilisé cette plante comme psychotrope depuis au moins 2700 av. J.-C.
En Europe, Napoléon (XVIIIe siècle) en interdit la vente et l’usage, ce qui n’empêcha pas l’apparition de salons fumoirs clandestins. Parallèlement, des médecins s’y intéressèrent dans le cadre de traitements des troubles mentaux. La plante servit dans certaines préparations pharmaceutiques jusqu’en 1960.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, le cannabis fut utilisé pour ses fibres de très bonne qualité. Celles-ci servaient alors à réaliser des cordages, voiles de bateau, etc.

Aujourd’hui, on en redécouvre l’usage comme matériau de construction, de papeterie, de textiles, de cosmétiques, etc.

Désormais, le THC et le CBD servent de modèles pour l’élaboration de nouveaux médicaments de synthèse (exemple : Sativex). Il est utilisé médicalement dans certains pays pour réduire les douleurs et combattre les effets secondaires des chimiothérapies, ainsi que les symptômes liés au sida, au cancer, à la sclérose en plaques, notamment.

Les usagers

Entre 15 % (Wallonie) et 22 % (Bruxelles) de la population a déjà fumé du cannabis une fois au cours de sa vie [1]. Il n’y a pas de portrait type de l’usager. Toutes les périodes de la vie sont concernées, bien que les personnes âgées de 15 à 34 ans soient les plus concernées selon l’EMCDDA.

La majorité des consommateurs de cannabis en font un usage occasionnel et festif, mais d’autres développent une dépendance avec un usage quotidien (comparable à l’usage du tabac).

Variantes

De l’Inde au Moyen-Orient en passant par l’Amérique du Sud, le cannabis porte des noms différents et fait l’objet de préparations multiples en fonction des cultures et des traditions : Marijuana au Mexique, Bangh et Gandjah en en Inde, Kief au Maroc et en Algérie, Charas au Népal, Haschich au Moyen Orient et en Afrique du Nord. La langue française lui a attribué des noms d’argot très divers : Shit, Pot, Marie-Jeanne, Taf, Pétard

Les principales préparations obtenues à partir du cannabis sont :

  • l’herbe (marijuana, weed…),
  • le haschisch (hash, shit…),
  • l’huile

Il est important de ne pas confondre le cannabis synthétique (cannabinoïdes de synthèse) préparé en laboratoire avec les préparations naturelles obtenues à partir de la plante (herbe et haschich).

marijuana
Marijuana (weed, beuh, herbe)

L’herbe

La marijuana est composée des feuilles supérieures et surtout des fleurs séchées. Sa teneur moyenne en THC est de 2 à 10 %. Aux Pays-Bas, on trouve néanmoins des plantes cultivées en intérieur dont la teneur en THC est bien supérieure (+/- 30 % dans le cas des Nederwiet, Skunks et autres variétés).

Le haschich

haschich
Haschich (shit, chichon, hash)

Le haschich est fabriqué à partir de la résine produite par la plante. Il se présente sous la forme d’une pâte assez dure, dont la couleur varie du vert au noir, en passant par le brun. Sa concentration moyenne en THC est de 5 à 25 %. Le « skuff » en est une variante hollandaise: de couleur vert clair, ce « pollen » est obtenu par congélation et centrifugation. Sa teneur en THC est variable.

Jusqu’à la fin des années ’90, le haschich était 4 à 10 fois plus concentré que la marijuana. Ce n’est plus le cas actuellement : les deux variétés présentent des taux de concentration similaires. Cela dépend de la culture (en nature vs sous lampe) et/ou de leur lieu géographique de production.

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Huile

L’huile

L’huile est un produit peu utilisé, fabriqué à partir du haschisch. Elle a l’aspect d’une pâte visqueuse, le plus souvent marron foncé. Sa teneur en THC peut atteindre 50 %. L’huile est une préparation rare, car très coûteuse. On n’en trouve en Europe qu’à titre exceptionnel.

Consommations

Fumé

Le haschich et l’herbe peuvent être mélangés au tabac dans une pipe ou, le plus souvent, dans une cigarette roulée à la main : c’est ce qu’on appelle un joint, un pétard ou un stick. Dans bien des cas, le rituel social qui accompagne la consommation du cannabis (le groupe se passe le joint…) est tout aussi apprécié et recherché que les effets du produit.

Ingéré

Le cannabis peut aussi être cuisiné et avalé (beurre de cannabis, space cake, infusions…).

Effets

Les effets, variables, du cannabis dépendent de/du :

  • l’âge du consommateur
  • sa santé générale
  • la quantité et la qualité du produit
  • dosage en substances actives présentes dans le produit;
  • la condition physique du consommateur;
  • son humeur, de ses attentes, de sa personnalité, de son mode de vie;
  • l’environnement, favorable ou non, dans lequel se réalise la consommation.

L’effet principal du cannabis est de stimuler et de modifier l’imagination, l’humeur, les sensations et les comportements. La perception du temps et de l’espace peut être altérée et des associations d’idées diverses et variées sont susceptibles de se présenter à l’esprit.

Le cannabis agit comme un amplificateur de l’humeur. Dans le cas où une personne se porte bien, le cannabis peut accentuer la légèreté d’esprit et déclencher l’euphorie. Inversement, il peut engendrer des malaises chez les personnes anxieuses ou sujettes à dépression. Dans ce dernier cas, le bad trip est possible.

Lors de la première consommation, les effets sont souvent incertains. Certains usagers ne ressentent pas d’effets ; d’autres sont pris de fous rires suivis d’un appétit féroce et d’autres encore ont des réactions de paniques avec ou sans hallucinations.

Effets recherchés

  • légèreté d’esprit, euphorie, hilarité
  • perceptions spatio-temporelles modifiées
  • perceptions sensorielles modifiées
  • impression de planer
  • inhibition et facilité de communication

Attention, les effets recherchés peuvent être différents des effets psychotropes (effets sur le cerveau). Il s’agit alors de répondre à un ou des besoins fondamentaux plus importants à ressentir pour le consommateur que les effets psychotropes en eux-mêmes. Par exemple le besoin de transgression, de se montrer courageux, de faire groupe peuvent constituer des raisons de consommation d’un produit. Chaque produit a une image sociale comme par exemple l’héroïne et la morphine sont le même produit de base, mais le premier évoque plutôt la rupture, la révolte et la clandestinité alors que l’autre est davantage associé au soin et au monde médical. Cette image peut pousser une personne à consommer tel produit plutôt qu’un autre en fonction de son besoin. Notons que ce besoin est souvent inconscient.

Effets non recherchés

  • Diminution de la concentration et altération de la mémoire à court terme
  • Ralentissement du rythme général et augmentation du temps de réaction
  • Troubles du mouvement, vertiges, détente musculaire, parfois somnolence
  • Hallucinations possible (en cas de prise rapide d’une quantité élevée de THC, notamment avec l’huile)
  • Sécheresse de la bouche, blanc de l’œil rougi
  • Hypoglycémie : diminution du niveau de glucose dans le sang, ce qui est responsable de la sensation de faim après la consommation.
  • Modification du rythme cardiaque et de la pression artérielle

Parfois, des sensations angoissantes peuvent survenir lors de la montée des effets du produit.

Durée des effets

  • Lorsqu’il est fumé : un joint est fumé en quelques minutes. Les effets surviennent environ après 10-20 minutes et peuvent durer de 2 à 4 heures.
  • Lorsqu’il est ingéré : les effets sont plus imprévisibles que lorsque le cannabis est fumé, car le consommateur n’a aucune idée de la dose ingérée. Ceux-ci se ressentent subitement au bout d’une heure en moyenne et peuvent durer jusqu’à 24 heures selon le dosage.
Qu'est-ce qu'on risque ?

Risques liés à la consommation elle-même

  • Fumé, le cannabis fait courir les mêmes risques que le tabac (irritations, cancer des voies respiratoires), et ce, tout particulièrement s’il est mélangé au tabac.
  • Quand le cannabis est avalé (sous forme de « space cake » ou autres), les effets peuvent être plus puissants que lorsque le cannabis est fumé. En effet lorsqu’il est mangé le cannabis agit quelques heures plus tard et peut donc surprendre le consommateur par l’intensité des effets. Il y a également un risque de consommer plus qu’on ne le souhaiterait.
  • Comme avec les autres produits (y compris les médicaments), le mélange cannabis avec d’autres substances peut provoquer des effets imprévus…
  • Il n’y a pas de doses mortelles de cannabis.

Flip et mauvaises expériences

Le cannabis, à l’instar de la plupart des drogues, renforce l’humeur initiale du consommateur. Si ce dernier est mal dans sa peau, une crise d’angoisse peut survenir. C’est ce qu’on appelle « flipper ».

Dans ce cas, il est préférable que le consommateur cherche un endroit tranquille, s’entoure de personnes de confiance, boive quelque chose de sucré. Ces effets indésirables se dissipent après environ une heure.

Dépendance

Rappelons qu’il y a dépendance physique lorsque :

  1. un phénomène de tolérance s’installe (l’accoutumance) : la tolérance à un produit se définit par le besoin d’augmenter les doses afin d’obtenir le même effet.
  2. lorsque un syndrome de sevrage est observable suite à l’arrêt de la consommation.

Concernant la tolérance au cannabis, les scientifiques sont maintenant d’accord sur le fait qu’elle se développe lors d’un usage régulier (quotidien) et prolongé. Plus la consommation est fréquente et plus la teneur en THC est forte, plus la tolérance sera importante et rapide.

Comparé à d’autres substances psycho-actives, la tolérance au cannabis reste de manière générale faible.

La dépendance physique

La dépendance physique au cannabis soulève encore beaucoup de questions et de polémiques.

En effet, certains scientifiques critiquent beaucoup de nombreuses études car les biais méthodologiques sont importants (par exemple, la dépendance à la nicotine n’est pas toujours prise en compte). De plus, les symptômes observés ne sont peut-être pas spécifique au cannabis. Par exemple, une personne dépendante aux jeux de hasard qui doit s’abstenir de jouer peut ressentir un malaise physique semblable à celui décrit pour le cannabis (irritabilité, insomnie, sueurs, etc). Pourtant, il ne s’agit pas d’une dépendance liée à un produit pour autant (Smith N.T., 2002).

De manière prudente, nous dirions que l’usage excessif et prolongé de cannabis peut provoquer une légère dépendance physique (Eehr et coll., 1983 ; O’Brien, 2001) qui touche une faible proportion de consommateurs (Hall, Room et Bondy, 1999 ; Institute of Medecine, 1999). Cela rejoint la description du Manuel Diagnostique et Statistiques de l’Association américaine de psychiatrie (DSM IV) qui précise que la dépendance au cannabis n’est pas , en général, de nature physique.

La dépendance psychologique

Le consensus est ici plus clair. La communauté scientifique s’accorde pour dire qu’une dépendance psychologique peut s’installer chez certains usagers. Elle se manifeste par une envie très intense de consommer pour se sentir bien, surmonter ses difficultés, décompresser, dormir, réaliser certaines activités, etc.

La consommation devient alors une habitude ou une nécessité pour soi.

Par ailleurs, cette dépendance psychologique n’est pas aussi tyrannique que celle provoquée par des produits tels que l’alcool, la cocaïne ou l’héroïne. Toutefois, certains consommateurs peuvent néanmoins perdre le contrôle de leur consommation.

Le syndrome de sevrage

Plusieurs études tentent de démontrer l’existence d’un syndrome de sevrage et de le mesurer. À l’heure actuelle nous constatons une absence de consensus dans l’interprétation des résultats ainsi que l’absence d’une définition du sevrage spécifique au cannabis.

Voici ce que l’on peut lire dans la littérature spécialisée :

Les symptômes de manque énumérés par les différentes études sont les suivants : sueurs, anxiété, agitation, nervosité, maux de tête, nausées, troubles du sommeil, diminution de l’appétit et du poids corporel, douleurs ou crampes d’estomac, et tremblements (Kaplan et Sadock, 1998 ; Ashton, 2001 ; Johns, 2001).

D’autres études récentes tentent de décrire le déroulement temporel de ce sevrage mais nous observons que l’intensité et la durée de ses symptômes différent d’une expérience à l’autre. Selon ces études, les symptômes apparaîtraient 3 à 7 jours après l’arrêt de la consommation et pourraient durer entre 4 à 15 jours selon les études. L’irritabilité pourrait perdurer un mois (Kouri E.M. et coll., 1999 ; Budney A.J. et coll., 2003).

Nous attirons également l’attention sur le fait que ces symptômes de « manque » peuvent également s’inscrire dans un contexte de dépression et/ou d’anxiété. Il est donc difficile de les distinguer facilement sans demander l’avis d’un professionnel de la santé.

Il faut donc considérer ces données avec prudence mais retenons tout de même qu’une proportion significative des fumeurs de cannabis éprouvent des difficultés à stopper leur consommation et ressentent un malaise lorsqu’ils l’interrompent. La façon de ressentir un inconfort varie d’une personne à l’autre : les symptômes peuvent être tantôt physiques, tantôt psychologiques. Il semblerait que ces personnes soient de plus en plus à la recherche d’une aide pour arrêter ou reprendre le contrôle de leur consommation. Surtout si celle-ci interfère avec des activités quotidiennes.

Cannabis et santé mentale

Depuis 2003, de nombreuses études tendent à vouloir démontrer que le cannabis peut induire des troubles mentaux sévères telles que les psychoses.

Il est vrai que des doses élevées de THC produisent parfois de la confusion, des illusions, de l’anxiété ainsi que de l’agitation. Toutefois, de telles réactions sont rares et dans la plupart des cas les effets disparaissent rapidement après l’arrêt du cannabis. Néanmoins, certaines personnes présentent des prédispositions à des troubles psychiques graves. Dans ces cas relativement rares mais non moins préoccupants, il y a un consensus scientifique pour affirmer que la consommation de cannabis — même à faible dose — peut précipiter ces troubles (Degenhardt L. et coll., 2003 ; Verdoux H. et coll., 2003).

La revue d’Arseneault et coll. (2004) estime que le risque est modéré, mais qu’il est loin d’être marginal compte tenu de la large exposition des adolescents à cette consommation. Ces auteurs concluent donc que le cannabis, bien que n’étant ni nécessaire, ni suffisant, peut être un facteur déclenchant de schizophrénie chez ces personnes prédisposées.

Cannabis et sommeil

Le cannabis est bien souvent considéré comme une substance qui favorise l’endormissement. Chez les personnes qui en consomment régulièrement pourtant, le cannabis peut altérer la qualité du sommeil, ou même provoquer des insomnies en cas d’arrêt.

En effet, la consommation fréquente de cette plante entraine la suppression du sommeil paradoxal. Or, c’est cette phase qui permet à notre cerveau de traiter les informations accumulées pendant les heures où nous sommes réveillés, notamment au travers des rêves. Une opération inconsciente qui permet de ne garder que les informations importantes et de les traiter plus efficacement au réveil. Puisque la consommation de cannabis perturbe cette phase du sommeil, il n’est pas rare que les usagers se réveillent avec l’impression d’avoir l’esprit embrumé et ce même malgré l’impression d’avoir passé une bonne nuit. Si le cannabis favorise l’endormissement, il n’offre pas un sommeil réparateur et les fumeurs réguliers sont souvent fatigués ou ont du mal à se réveiller.

Des scientifiques ont récemment découvert que le cannabis retarde la production de la mélatonine, aussi appelée hormone du sommeil, durant la nuit. Le cannabis contribuerait donc à altérer le rythme du sommeil en le décalant. Les consommateurs peuvent dès lors souffrir d’insomnie à l’arrêt de la consommation (Conroy DA1, Arnedt JT, 2014). Ce phénomène transitoire peut durer plusieurs semaines au cours desquelles le sommeil paradoxal reprend sa place. Un « effet rebond » peut alors être observé, entrainant une réparation des rêves et de cauchemars pouvant être très intense et provoquer réveils et insomnies, et donc fatigue. Le cycle du sommeil revient à la normal après environ quatre semaines d’abstinence.

Et le CBD ?

Beaucoup pensent que le CBD peut atténuer les troubles du sommeil associés à un sevrage cannabique. Si l’on considère que le THC est sédatif, alors son antagoniste, le CBD, aura un effet « éveillant » et ne va donc pas non plus favoriser le sommeil.

Risques liés au caractère illégal du produit

  • La qualité du produit n’est jamais assurée. Le cannabis est néanmoins rarement coupé.
  • On le trouve sur le marché clandestin chez des revendeurs qui, parfois, proposent d’autres drogues.
  • La consommation de cannabis étant illégale, elle est loin d’être culturellement et socialement acceptée, contrairement à l’alcool. Elle entraîne donc un risque d’isolement social (éloignement des proches, problèmes sur le lieu du travail ou à l’école, etc.).
  • Le risque principal du consommateur de cannabis est de s’exposer aux sanctions judiciaires. Or, le THC est détectable dans le sang et dans la salive après une consommation récente (moins de 24 h), mais il peut laisser des traces détectables jusqu’à 6 semaines lors d’un test urinaire chez les usagers réguliers. Pour les consommateurs occasionnels, les traces de THC sont détectables dans les urines pour une durée plus courte.
Deux notions sans fondements scientifiques
  • La théorie de l’escalade (passage automatique d’une drogue à l’autre ; dans le cas du cannabis, celui-ci « pousserait » l’usager à prendre des produits plus « durs ») à laquelle nous préférons la théorie de la porte d’entrée (théorie de nature sociologique expliquant que l’usage clandestin et régulier du cannabis conduit le consommateur à se voir proposer d’essayer d’autres drogues illégales ce qui peut exposer les personnes plus vulnérables à essayer d’autres produits.
  • Le syndrome amotivationnel (perte automatique de toute motivation hormis la consommation de cannabis) qui n’est bien souvent qu’un aspect d’un tableau clinique comprenant dépression, décrochage scolaire, problème familiaux, pression du groupe des pairs, etc.
CBD

Le cannabidiol (CBD) est un constituant du cannabis dépourvu des effets psychotropiques de la plante (THC). Historiquement, il a reçu beaucoup moins d’intérêt en tant que drogue unique que les autres composants du cannabis. Actuellement, le CBD suscite un intérêt considérable en raison de ses propriétés neuroprotectrices, antiépileptiques, anxiolytiques, antipsychotiques et anti-inflammatoires. En 2017, la phase clinique test sur l’humain est toujours en cours. Le CBD semble être toutefois prometteur pour soigner ce type d’affections [2]. Le CBD est l’ « antidote » naturel du THC : si des doses élevées de THC provoquent de l’anxiété voire des symptômes psychotiques, ces effets sont significativement réduits par l’action du cannabidiol. Lorsqu’une plante de cannabis n’a pas un ratio 50 % THC-50 % CBD, celle-ci peut induire des effets indésirables (anxiété, flip, bad trip).

Législation

Les produits contenant du CBD sont autorisés à condition que leur taux de THC reste en dessous des 0,2 % (règlement européen).
Officiellement, aucune loi n’interdit le CBD en Belgique, car ce produit n’est pas considéré comme un psychotrope. De ce fait, il demeure légal pour le moment. Un certain flou entourait néanmoins quelques produits du CBD, qui ne pouvaient pas être officiellement vendus comme produits à fumer. Il fallait les présenter comme objets de décoration ou pots-pourris, bien qu’il y eût peu de doute sur leur utilisation réelle. En avril 2019, le Service Public Fédéral Finances indique que les fleurs ou la résine de cannabis CBD sont désormais considérés comme « autres tabacs à fumer » et doivent donc être taxés comme tels. À partir de juillet 2019, l’achat et la vente de ligne de CBD sont interdits, de même que la promotion d’un quelconque effet positif sur la santé. Les contrôles de conformité sont également renforcés : le produit doit être préemballé et être muni d’un timbre fiscal. En cas de non-conformité, la marchandise pourra être plus facilement confisquée. Plus d’informations.

Cannabis synthétique

Le cannabis synthétique se présente sous différentes formes : herbes séchées dans des sachets métalliques (molécule de cannabis synthétique vaporisée par dessus), liquide de cigarette électronique, notamment. Dans tous les cas, il est fumé et serait nettement plus addictif que le cannabis naturel.

Les effets recherchés avec le cannabis synthétique sont les mêmes que ceux recherchés avec cannabis naturel. Toutefois, ses effets indésirables sont beaucoup plus intenses et nombreux. En effet, contrairement au cannabis naturel, il ne contient pas les mêmes cannabinoïdes (CBD, THC…). Par conséquent, les effets sont très différents de ceux induits par la plante lorsqu’elle est fumée. Le cannabis synthétique est fabriqué en laboratoire. Il s’agit de substances chimiques imitant l’effet du THC seul, ce qui rend son usage particulièrement dangereux. Comme on l’explique ci-dessus, le THC en l’absence de CBD provoque des effets puissants (comportement délirant et inconscience d’être sous l’effet de la drogue) qui ne sont pas comparables à ceux du cannabis naturel.

On peut en déduire que les risques de surdose sont plus importants et les complications psychiatriques plus fréquentes (idées suicidaires, convulsions, hypertension, troubles du rythme cardiaque, insuffisances rénales et même décès).

Quelques conseils de réduction des risques
  1. En cas d'effets indésirables, cherchez un endroit tranquille, un entourage apaisant, buvez quelque chose de sucré. Surtout ne paniquez pas: dans une heure, ces effets négatifs seront passés.
  2. Les space cakes mettent du temps à produire un effet (+/- 1 heure): soyez patient et ne cédez pas à la tentation d'en reprendre, car vous ne connaissez pas la quantité de produit qui a été incorporée et donc la puissance des effets. Si vous en reprenez, vous risquez d'être complètement dépassé par les effets.
  3. Le cannabis modifie la capacité de concentration: n'en consommez pas à l'école, au travail, au volant ou lorsque vous travaillez sur des machines.
  4. Dans la mesure du possible, n'achetez pas de cannabis auprès de personnes inconnues. Informez-vous sur la qualité du produit auprès de personnes de confiance.
  5. Si vous vous sentez mal ou avez une quelconque appréhension, reportez l'expérience.
  6. Comme pour les autres substances psychotropes, évitez de consommer de l'alcool en même temps.
  7. Il est déconseillé aux femmes enceintes et allaitantes de consommer du cannabis.
  8. Si la police se présente à votre domicile , elle n'a pas le droit d'entrer sans un mandat. Rien ne vous oblige à signer un accord de perquisition.
  9. Le cannabis augmente le désir de contact: n'oubliez pas votre préservatif en cas de relations sexuelles!
  10. Si vous ne vous sentez plus maître de votre consommation, parlez-en à une personne de confiance.

Que faire en cas d'urgence?

En cas de mélange de cannabis avec d'autres substances, les informations suivantes peuvent s'avérer utiles:

  • En cas de malaise, si la personne est consciente, amenez-la au calme, rassurez-la, aérez-la, offrez-lui de l'eau.
  • Si la personne est inconsciente, appelez d'urgence les secours: formez le n°100 ou n°112 (service médical d'urgence - appel gratuit).
  • Décrivez la personne comme suit: est-elle consciente ou inconsciente, respire-t-elle ou non, son coeur bat-il ou non. Donnez l'adresse exacte (rue, n°, étage).
    L'état de la personne et le lieu de l'accident sont les deux seules informations nécessaires! Une fois le personnel médical sur place, signalez-lui les produits consommés; il est tenu au secret professionnel.
  • En intervenant rapidement, vous pouvez lui éviter des problèmes graves, peut-être même lui sauver la vie. Pensez-y!
  • Si l'accident a lieu dans un endroit privé, la police n'est pas autorisée à y pénétrer sans un mandat.

En cas d'urgence

Centre anti-poison : 070/245 245
SOS médecins (à Bruxelles) : 02/513 02 02
Autres services de garde: 100

Vous pouvez également consulter notre brochure de réduction des risques dédiée au cannabis

En résumé

Infor Drogues & Addictions a conçu pour vous une synthèse graphique relative au produit.

Soyez vigilant qu'une infographie est à manipuler avec précaution dans un cadre aussi sujet aux présupposés que le sont les drogues. Tout ce qui fait suite ne sont que des généralités, et il convient de ne pas omettre que les effets recherchés et non recherchés peuvent être spécifiques et différenciés à chaque usager ou à chaque consommation ponctuelle.

Cannabis infographie

 

[1] L’usage de drogues en Wallonie et à Bruxelles. Eurotox, 2016.

[2] An Overview on Medicinal Chemistry of Synthetic and Natural Derivatives of Cannabidiol / P. Morales, P. H. Reggio, N. Jagerovic. Front Pharmacol, 2017.