Grève du 31 mars : pourquoi les mesures d’austérité augmenteront la consommation de drogues

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Le 31 mars, une grève générale est annoncée dans tout le pays en réaction aux mesures du gouvernement Arizona. Mais pourquoi est-ce que cela concerne (aussi) le secteur des assuétudes ?

D’une part, Infor Drogues & Addictions, au même titre que d’autres associations du secteur, s’est déjà inquiété de l’augmentation des actions répressives face au trafic et à la consommation de stupéfiants. Celles-ci ne feront que renforcer l’escalade de la violence[1].

Plus fondamentalement, l’augmentation de l’austérité prévue risque d’induire une augmentation de la précarité et de l’exclusion sociale[2]. Les mesures allant dans ce sens ne manquent pas : blocages des salaires, menaces sur l’indexation, diminution des protections contre le licenciement, durcissement des conditions d’octroi au chômage, diminution de la durée et du montant des allocations…

Une étude est récemment venue confirmer ce que les acteurs de terrain savent depuis bien longtemps : le lien entre précarité et consommation de produits stupéfiants est direct. Il est important de rappeler que ce n’est pas la consommation de drogues qui entraîne la précarité, mais plutôt l’inverse. Le rapport de recherche publié le 12 mars 2025 par l’Instituut voor Sociaal Drugsonderzoek (ISD) de l’Université de Gand et l’Observatoire de safe.brussels à propos de la « consommation de crack dans l’espace public en région de Bruxelles-Capitale »[3] l’a encore démontré. Ce rapport a pour objectif « d’informer les décideurs politiques et de leur donner des lignes directrices exploitables qui leur permettront d’améliorer leur approche de [la consommation de crack en région Bruxelles-Capitale] »[4]. Durant plus de 80 pages détaillées, analyses chiffrées et réactions des acteurs du terrain à l’appui, il souligne à quel point l’augmentation des consommations de crack et de leur visibilité dans l’espace public est avant tout liée à la précarité croissante, au sans-abrisme et à l’accès limité à l’aide sociale. Au lieu de prendre des mesures répressives envers la consommation de crack, et de drogues plus généralement, c’est sur la précarité qu’il convient d’abord d’agir. La consommation de drogues n’est généralement pas une cause des problèmes, mais une façon de tenir le coup face à un contexte difficile, face à la précarité.

Le rapport de recherche insiste : « Les mesures politiques devraient viser à s’attaquer aux causes sous-jacentes de la consommation problématique de drogue, telles que la pauvreté, le sans-abrisme et l’absence d’un statut de séjour. […] Le problème ne doit pas être abordé dans la perspective de le faire disparaître de l’espace public pour préserver l’ordre et la sécurité publique, mais plutôt dans la perspective d’aider les personnes à se réinsérer dans la société. Cette approche nécessite plus de temps et de moyens, mais elle portera ses fruits à long terme »[5].

Ces recommandations semblent bien éloignées de la politique actuelle menée par notre gouvernement fédéral.

Augmenter l’austérité, l’exclusion sociale, la stigmatisation, comme le menacent certaines mesures mises en œuvre par le gouvernement Arizona, c’est aller totalement à l’encontre de la prétendue volonté de ce même gouvernement d’éradiquer le trafic et la consommation de produits stupéfiants.


[1] Lire à ce sujet notre article du 13 février « Violence des trafics de drogues : chronique d’une défaite policière annoncée »

[2] Lire ici certaines des mesures spécifiques concernant les drogues et les addictions

[3] À consulter ici

[4] Rapport de recherche, page 5.

[5] Idem, pages 82 et 83.