Outox nous intoxique !
Outox, la boisson « miracle » qui réduirait le taux d’alcool dans le sang et la gueule de bois après son ingestion qui fait son apparition à travers un large buzz bien orchestré par la marque sur le net et dans nos médias (et ce n’est pas le fruit du hasard) s’apparente tout-à-fait à de la poudre de Perlimpinpin.
Il n’existe aucune preuve scientifique qui soutiendrait l’efficacité de cette potion magique. Bien au contraire ! Le Crioc a fait l’état des lieux quant aux recherches scientifiques existantes sur le produit : « Une étude scientifique menée par l’Institut de Médecine Légale de l’Université d’innsbruck en Autriche conclut que Outox n’augmente pas le taux d’élimination de l’alcool absorbé (Outox does not increase the alcohol elimination rate) mais permettrait uniquement une absorption gastrique plus lente de l’alcool (selon le profil des individus) et que l’allégation de santé associée au produit ne peut être prouvée du point de vue scientifique. Bref, un grand coup de bluff pour pas grand chose. » Cela signifie donc que l’alcool sera bel et bien absorbé dans le sang. Il en est de même quant à l’élimination de l’éthanol : à titre de comparaison, là où il faudrait une heure pour éliminer un drink, il en faudrait 55 minutes grâce au fameux produit « miracle ». Pas de quoi pavoiser donc !
Ce qui est sûr, cependant, c’est que la promotion de ce produit contribue une nouvelle fois à une évolution regrettable, à savoir l’incitation à boire, la banalisation de comportements extrêmes en matière de consommation d’alcool et des risques qui en découlent. En effet, « Faire chuter le taux d’alcool dans le sang » n’est utile que pour ceux qui ont bu des quantités importantes. Cette promesse incite à boire plus d’alcool que raisonnable…
Une fois de plus, c’est bien beau que le monde adulte (en général) se plaigne de la consommation d’alcool des jeunes mais à travers ce nouvel exemple de dérapage commercial, ce sont aussi les adultes qui inondent les jeunes de publicités et maintenant de boissons pour, soit disant, atténuer les effets de l’alcool. L’incohérence des messages envoyés aux jeunes est à nouveau flagrante.
Il est maintenant urgent que l’industrie se responsabilise plutôt que de s’enrichir sur le dos des consommateurs et se taire dans toutes les langues quand ces derniers sont accablés pour leurs « dérives ». Les publicitaires et les alcooliers sont les rois pour trouver le slogan ambigu qui ne pourra pas être attaqué par leur propre code de bonne conduite (seule l’autorégulation existe en Belgique) mais qui sera malgré tout bel et bien interprété comme une incitation à boire de l’alcool.
Cette pratique consiste bien plus à se faire de l’argent sur le dos de consommateurs crédules que de participer à réduire les risques d’une consommation abusive. Il n’existe pas de vigilance et de bon sens en canette. Seules les mesures de prévention et de promotion de la santé peuvent contribuer concrètement à la réduction des risques et à la responsabilisation des consommateurs.
A nouveau, ce dérapage met en évidence toutes les limites de l’autocontrôle des pratiques commerciales en Belgique. Il est temps de réagir ! Les associations qui forment « Jeunes, Alcool & Société » demandent l’interdiction de la publicité pour l’alcool. De plus, notre pays doit se doter d’un organe public, transparent et au pouvoir réellement contraignant pour observer, contrôler et sanctionner les pratiques commerciales et publicitaires douteuses, quel que soit le produit.
Le Groupe porteur « Jeunes, alcool et société » : Univers-Santé, Infor-Drogues, Latitude Jeunes, Fédération des Etudiant(e)s Francophone, Jeunesse et Santé, la ligue des Familles, Prospective Jeunesse, R.A.P.I.D., la Fédération des centres de jeunes en milieu populaire.
www.jeunesetalcool.be