Fouilles policières « anti-drogues » dans les écoles : il est urgent… d’arrêter – Communiqué de presse
Au lendemain de la journée internationale des droits de l’homme, Infor-Drogues est interpellé par des parents d’élèves suite à une intervention policière « anti-drogues » dans un athénée de la Région bruxelloise. Ce type d’intervention, qui a tendance à se multiplier ces dernières années, est problématique pour différentes raisons. Infor-Drogues et la Ligue des Droits de l’Homme publient une brochure à ce sujet.
Un premier élément qui étonne concernant les interventions policières est l’ampleur du dispositif déployé (on parle souvent d’une vingtaine de policiers avec plusieurs chiens) par rapport aux quantités de substances découvertes : en moyenne 2,3 g [1] (à 99 % du cannabis) par établissement scolaire.
A cet égard, les auteurs de la brochure relèvent que depuis plusieurs années les enquêtes de santé publique ne constatent pas d’augmentation de consommation de drogue parmi les jeunes scolarisés, bien au contraire.
D’un point de vue réglementaire, les directions d’école disposent de plusieurs circulaires ministérielles quant aux actions à entreprendre face à la consommation de drogue. Aucune ne promeut le recours à la police et encore moins aux fouilles collectives. De plus, la Ligue des Droits de l’Homme et Infor-Drogues s’appuient sur une solide analyse juridique qui démontre que les fouilles, ou les reniflages canins, doivent se baser, pour chaque élève visé, sur des indices sérieux de culpabilité. Une fouille ne peut donc pas être mise en œuvre sur de simples présomptions et ne peut pas être justifiée a posteriori par une découverte de drogue.
Les deux associations insistent également sur les effets néfastes de telles opérations car elles sapent la confiance nécessaire entre les élèves et l’école. Une école qui ne gère plus elle-même ses problèmes disciplinaires est une école qui risque de perdre son autorité dans le sens où elle ne sera plus une référence pour ses élèves.
Enfin, le secteur prévention-drogues rappelle que la peur (des produits ou du policier) n’est pas une stratégie efficace, seule l’approche centrée sur l’élève et ses besoins porte des fruits. La question de l’aide à proposer aux écoles est importante et c’est tout un secteur [2] qui se mobilise pour aider les écoles à mettre en place des alternatives. A ce propos, le secteur réfléchit à l’organisation d’un vaste colloque participatif autour de cette thématique.
[1] Chiffres fournis par le ministère de l’Intérieur en 2013.
[2] La question des fouilles policières est abordée au sein de la CREP (Concertation Réflexion Ecole Police) par le Délégué général aux droits de l’enfant, le point d’appui assuétudes de Bruxelles, le service droits des jeunes, Prospective jeunesse, la liaison anti-prohibitionniste, Bruxelles-Laïque, la Ligue des Droits de l’homme et Infor-Drogues.