Les drogues psychédéliques sont des extraits de plantes ou des produits fabriqués chimiquement dont la consommation entraîne une profonde modification de la conscience (psychédélique = qui ouvre l’esprit sur une autre perception de soi et du monde).
Sous l’influence de ces produits, l’usager perçoit son monde intérieur et le monde extérieur (objets, personnes, environnement) de façon inhabituelle. Ces modifications peuvent être minimes ou importantes, allant parfois jusqu’à l’hallucination.
Les effets de ces produits dépendent de la quantité de principe actif qu’ils contiennent. Ils diminuent rapidement en cas de consommation quotidienne car l’organisme s’adapte très vite. Après une semaine, ils disparaissent complètement, quelle que soit la dose ingérée.
Quelques jours de repos sont indispensables après une expérience pour permettre à l’organisme de récupérer.
Les drogues psychédéliques n’occasionnent pas de lésions des organes (cœur, foie, reins, etc.). Il n’existe pas de dose mortelle. Néanmoins, en période de difficulté psychique, prendre un produit qui modifie l’état de conscience comporte des risques non négligeables. Nous y reviendrons.
La puissance d’action de ces drogues ainsi que le caractère tout à la fois épuisant, surprenant et déconcertant d’une expérience sous leur influence, en font des drogues à usage occasionnel plutôt que répétitif.
La plupart de ces produits sont connus depuis des siècles. Dans certaines cultures, on les consomme en groupe, au cours de rites. C’est le cas du cactus Peyotl en Amérique du Sud (dont le principe actif est la mescaline), de l’Amanite-tue-mouche en Sibérie ou encore des champignons psilocybes , appelés au Mexique « la chair des dieux ».
Il existe aussi des produits de synthèse, tels que le 2CB dont les effets sont proches de ceux de la mescaline.
Les drogues psychédéliques les plus connues et les plus utilisées en Belgique sont le LSD et les champignons psilocybes, dont une variété pousse dans nos prés.
Le LSD
Aussi appelé “acide” ou “trip”, le LSD (de l’allemand « Lyserg Saüre Diäthylamid ») est une drogue semi-synthétique, dérivée de l’ergot de seigle (champignon parasite) . Ses effets psychotropes furent découverts par hasard en 1943 par le chercheur Albert Hoffman. D’abord utilisé en psychiatrie, il est apparu sur le marché clandestin dans les années ’60. Porté par le mouvement hippie, l’acide a fait partie des valeurs de la contre-culture américaine.
Sous quelle forme le trouve-t-on ?
Incolore et inodore, le LSD est actif à des doses infimes, ce qui en fait la drogue la plus puissante connue à ce jour. Le LSD est extrêmement sensible à l’air et à la lumière: exposé quelques jours, il perd de sa force.
Il est vendu sous la forme d’un papier buvard (« carton ») de moins d’1/2 cm de côté sur lequel a été déposée une goutte de LSD. Sur ce buvard figure généralement un petit symbole – personnage (Panoramix, Bart Simpson, Freddy, …), fruit (fraise, …), ou autre – qui varie en fonction de la mode.
On en trouve également sous forme de petites pierres à briquet (micro-point) ou encore de pilules de couleurs différentes (gélatine) en forme d’étoiles, de pyramides, etc.
Contrairement à la rumeur, le LSD vendu sur le marché clandestin n’est pas coupé: il ne comporte ni speed ni strychnine. De même, on n’a jamais vendu ou donné de décalcomanies pour enfants au LSD. Celui-ci ne passe pas au travers de la peau.
Quels sont les effets ?
Il a parfois été qualifié de « bombe psychique » à cause de l’intensité des effets qu’il provoque : chez les uns, il crée des visions, des sensations d’une beauté indescriptible; chez les autres, il entraîne terreur, angoisse, voire envies suicidaires. Une même personne expérimente parfois les deux types de sensation au cours d’un même trip.
Attention, les effets recherchés peuvent être différents des effets psychotropes (effets sur le cerveau). Il s’agit alors de répondre à un ou des besoins fondamentaux plus importants à ressentir pour le consommateur que les effets psychotropes en eux-mêmes. Par exemple le besoin de transgression, de se montrer courageux, de faire groupe peuvent constituer des raisons de consommation d’un produit. Chaque produit a une image sociale comme par exemple l’héroïne et la morphine sont le même produit de base, mais le premier évoque plutôt la rupture, la révolte et la clandestinité alors que l’autre est davantage associé au soin et au monde médical. Cette image peut pousser une personne à consommer tel produit plutôt qu’un autre en fonction de son besoin. Notons que ce besoin est souvent inconscient.
Le dosage et le durée d’action
Les effets du produit sont d’autant plus imprévisibles et incontrôlables que l’on ignore bien souvent la quantité réelle de LSD et sa puissance exacte.
La plupart des « cartons » contiennent une dose de 75 à 200 microgrammes. Selon le dosage, les effets varient d’une ivresse proche de celle d’une forte dose de cannabis à une profonde modification de la conscience, au point quitter toute réalité. Plus le dosage est élevé, plus les effets sont intenses, atteignant cependant à 400-500 microgrammes un plafond de saturation au-delà duquel les effets ne diffèrent plus. La durée d’action du LSD oscille entre 8 et 12 heures.
L’insomnie est totale pendant la durée d’action du produit.
État d’esprit et contexte
Les effets du LSD dépendent également des éléments suivants:
L’environnement, les personnes présentes, la musique ou les bruits sont autant de facteurs qui conditionnent la qualité du voyage. La présence d’un « accompagnateur » qui n’a pas consommé tout en connaissant les effets du produit peut s’avérer rassurante.
L’état psychique du consommateur, son humeur du moment, ses attentes vis-à-vis du produit comptent autant, voire davantage que le cadre extérieur.
Le LSD a en effet tendance à accentuer l’état psychique dans lequel on se trouve au moment de la prise: un sentiment de bien-être peut mener à l’extase, une déprime au désespoir. Une situation trouble ou malheureuse (rupture amoureuse, crise d’angoisse, …) peut ainsi devenir dramatique sous l’influence du LSD.
Les effets ressentis
Sous l’influence du LSD, l’usager capte des milliers de messages à la seconde. Cette avalanche sensorielle peut être déconcertante, voire effrayante.
Selon le témoignage de certains consommateurs, on est submergé de centaines de lumières, de couleurs, de sensations et d’images. Des rayons de couleurs et d’énergie se mettent en mouvement. Le temps semble s’immobiliser dans un présent éternel. Les pensées courent et se chevauchent, les murs respirent, les objets avancent et reculent, …
La frontière entre le “ moi ” et le monde extérieur peut se brouiller, voire se dissoudre totalement. Cela est parfois vécu comme une plongée dans la folie ou, au contraire, comme une expérience d’union mystique.
Au cours du trip, le consommateur revit parfois une émotion ou un conflit ancien. Cette résurgence d’éléments du passé peut être ressentie comme très déstabilisante ou comme épanouissante car permettant une meilleure compréhension de soi.
Un voyage à l’acide comporte trois phases :
La montée : les premiers signes sont plutôt physiques (raideur dans la nuque, goût métallique sur la langue, sensation de chaleur irradiante, le regard semble s’allumer, …). Ils apparaissent approximativement 1/2 heure après l’ingestion et durent environ 1/4 d’heure.
Le plateau : les effets décrits plus haut se déploient au maximum de leur intensité pendant +/- 3 à 4 heures.
La descente : Le retour à la conscience ordinaire est lent (4 à 5 heures) et progressif (fait d’aller-retour).
Qu'est-ce qu'on risque ?
RAPPEL : ces risques sont majorés par :
Un dosage élevé ;
Un état d’esprit négatif lors de la prise;
Un environnement inapproprié ou hostile.
Les hallucinations et accidents
Lorsque l’effet est modéré, il est possible de garder contact avec la réalité. L’usager sait que ce qu’il expérimente fait partie des effets habituels du produit. Dans certains cas cependant, des hallucinations peuvent survenir avec une telle intensité que le consommateur ne parvient plus à faire la différence entre ce qu’il expérimente et la réalité. La confusion, voire la panique qui s’ensuit parfois, peut avoir pour conséquence des accidents (de voiture, par exemple). D’où la nécessité d’une tierce personne qui n’est pas sous l’influence du LSD (une espèce de « bob »).
Pour ceux qui ont vécu des problèmes psychiatriques, l’utilisation de LSD est à déconseiller. Le LSD peut par ailleurs révéler une fragilité de la personne.(problèmes psychologiques).
« Flip » et « bad trip »
C’est un état dominé par la peur, dans un monde devenu cauchemardesque. L’usager peut perdre le contrôle de lui-même, se croire devenu fou, prisonnier ou « calé » à jamais dans son trip. Si cet état se prolonge, la panique l’envahit, entraînant parfois un comportement agressif ou violent, essentiellement à l’égard de lui-même. La confusion en est le symptôme majeur. Le paroxysme de la peur peut mener au suicide.
Si cette panique se prolonge au-delà d’une heure, une aide médicale et médicamenteuse peut s’avérer nécessaire. Un état anxieux se prolonge parfois des semaines après le flip mais c’est assez rare.
Toute prise d’acide peut se transformer en “bad trip”, même pour un consommateur expérimenté, y compris dans de bonnes conditions de départ.
Les flash-back
Il arrive que l’usager revive une partie du trip alors qu’il n’est plus sous l’influence du produit. Ces flash-back, aussi appelés « retours de trip », sont assez rares et ne durent généralement pas plus de quelques minutes. Ils peuvent survenir des semaines, parfois des mois, voire un an, après l’arrêt de la consommation de LSD.
Les champignons
Beaucoup préfèrent les champignons dont les effets sont perçus comme plus communicatifs, plus ludiques et répondant mieux à leur désir de s’amuser. Les mauvais trips sont également plus rares, l’expérience étant souvent moins intériorisée, plus sociable que lors d’une prise de LSD.
Quels sont les effets ?
Les principes actifs (alcaloïdes) consistent essentiellement en psilocybine (PSB) et psilocine (PS). La structure moléculaire de la psilocine est proche de celle de la sérotonine, un neurotransmetteur naturellement présent dans l’organisme et agissant sur l’humeur.
Attention, les effets recherchés peuvent être différents des effets psychotropes (effets sur le cerveau). Il s’agit alors de répondre à un ou des besoins fondamentaux plus importants à ressentir pour le consommateur que les effets psychotropes en eux-mêmes. Par exemple le besoin de transgression, de se montrer courageux, de faire groupe peuvent constituer des raisons de consommation d’un produit. Chaque produit a une image sociale comme par exemple l’héroïne et la morphine sont le même produit de base, mais le premier évoque plutôt la rupture, la révolte et la clandestinité alors que l’autre est davantage associé au soin et au monde médical. Cette image peut pousser une personne à consommer tel produit plutôt qu’un autre en fonction de son besoin. Notons que ce besoin est souvent inconscient.
Le mode d’action est le même que celui du LSD
Les amateurs de champignons hallucinogènes savent que leur force varie d’une année à l’autre et d’une plante à l’autre. Un champignon d’une espèce donnée peut contenir 20 fois plus d’alcaloïdes (principe actif) que ceux d’une autre. Et au sein d’une même espèce, il existe des différences entre tous les spécimens.
Qu'est-ce qu'on risque ?
On retrouve dans une moindre mesure les mêmes risques que ceux encourus avec le LSD. Des risques spécifiques aux champignons existent aussi.
La cueillette des champignons est potentiellement dangereuse car on risque de confondre les variétés et d’avaler des champignons vénéneux. Les psilos qui poussent dans nos régions sont de petits champignons bruns d’une dizaine de centimètres de hauteur. Frais, ils bleuissent lorsqu’on les brise. Cette caractéristique aide certains cueilleurs à les reconnaître. Cependant, d’autres variétés présentent cette même caractéristique sans être des psilos.
Des champignons dits d’origine mexicaine ou hawaïenne sont aussi vendus. Il s’agit de champignons cultivés en intérieur, beaucoup plus riches en principes actifs, donc plus puissants que les psilos de nos prés.
Des produits vendus pour des psilos peuvent n’être que de banals champignons sur lesquels a été pulvérisé du LSD ou du PCP (ou Angel Dust).
Enfin, sachez que l’ensemencement à partir des spores de champignons nécessite un milieu absolument aseptisé, sans quoi d’autres germes s’associent pour donner naissance à des champignons d’une qualité fort douteuse.
Quelques conseils de réduction des risques
Toutes les drogues psychédéliques comportent des risques pour l’usager. Si vous décidez cependant de prendre du LSD ou des champignons, ces quelques conseils pourront vous être utiles :
Mieux vaut être accompagné d’une personne expérimentée en qui vous avez confiance. Au besoin, elle pourra vous rassurer ou vous guider.
Commencez par une petite dose (1/2, voire 1/4 de buvard, quelques champignons, voire un champignon).
Veillez à planifier au mieux votre consommation :*Choisissez un environnement dans lequel vous vous sentez en confiance.*Ne prenez du LSD ou des psilos que si vous êtes en bonne condition physique et mentale. En cas de problèmes psychologiques sérieux (dépression, instabilité, anxiété, crise d’identité, passé psychiatrique), abstenez-vous!Ce point est crucial pour éviter de vivre un mauvais trip, voire des problèmes psychologiques graves et de longue durée.*Il est préférable de consommer avec modération en quantité et en fréquence.
En cas de flip ou de mauvais voyage (bad trip):*Si vous ressentez une anxiété incontrôlable, une peur de devenir fou, rappelez-vous que vous êtes sous l’influence d’une drogue psychédélique et que cet effet se dissipera avec l’effet du produit. Recherchez un environnement apaisant et faites appel à une personne de confiance. Calmez votre respiration. Laissez-vous porter par l’expérience. Lutter contre elle ne ferait qu’empirer la situation.*Si vous êtes en compagnie de quelqu’un qui flippe, restez à ses côtés en lui apportant sécurité et bienveillance. Montrez-vous très rassurant quant au temps qui s’écoule, car la personne qui a pris du LSD en a une notion très perturbée. De légers changements d’ambiance peuvent aussi l’aider (musique douce, lumière tamisée, …).*Si la panique se prolonge au-delà d’une heure, appelez le médecin et informez-le de la cause de la panique.
Ne combinez pas les drogues psychédéliques avec d’autres drogues, alcools ou médicaments.
Après une prise d’acide ou de champis, même si l’effet du produit ne se fait pas encore sentir, ne prenez pas le volant! Attendez au moins 6 heures après la fin d’un trip avant d’entreprendre une activité qui demande de la concentration ou qui risque de vous mettre ou de mettre autrui en danger.
Prévoyez un temps de repos et de récupération suffisant.
Comme les autres drogues, les substances psychédéliques sont à déconseiller pendant la grossesse et l’allaitement.
Pour ne pas confondre les champignons psilocybes avec des variétés vénéneuses, renseignez-vous auprès d’usagers expérimentés.
Pour certains usagers, la vie peut sembler terne sans drogues psychédéliques. S’en tenir à un usage occasionnel limite les risques de dépendance psychologique.
Que faire en cas d’urgence?
En cas de mélange de drogues psychédéliques avec d’autres substances, les informations suivantes peuvent s’avérer utiles:
En cas de malaise, si la personne est consciente, amenez-la au calme, rassurez-la, aérez-la, offrez-lui de l’eau.
Si la personne est inconsciente, appelez d’urgence les secours: formez le n°100 ou n°112 (service médical d’urgence – appel gratuit).
Décrivez la personne comme suit: est-elle consciente ou inconsciente, respire-t-elle ou non, son coeur bat-il ou non. Donnez l’adresse exacte (rue, n°, étage).
L’état de la personne et le lieu de l’accident sont les deux seules informations nécessaires! Une fois le personnel médical sur place, signalez-lui les produits consommés; il est tenu au secret professionnel.
En intervenant rapidement, vous pouvez lui éviter des problèmes graves, peut-être même lui sauver la vie. Pensez-y!
Si l’accident a lieu dans un endroit privé, la police n’est pas autorisée à y pénétrer sans un mandat.
Si vous voulez parler de drogue, aider un ami ou faire le point sur votre consommation:
Infor Drogues & Addictions : 02/227 52 52
En cas d’urgence
Centre anti-poison : 070/245 245 SOS médecins (à Bruxelles) : 02/513 02 02 Autres services de garde: 100
Infor Drogues & Addictions a conçu pour vous une synthèse graphique relative au produit.
Soyez vigilant qu’une infographie est à manipuler avec précaution dans un cadre aussi sujet aux présupposés que le sont les drogues. Tout ce qui fait suite ne sont que des généralités, et il convient de ne pas omettre que les effets recherchés et non recherchés peuvent être spécifiques et différenciés à chaque usager ou à chaque consommation ponctuelle.