Les acteurs
Ci-après nous vous proposons des témoignages des différents acteurs du projet « autonomies – dépendances » : exposition et défilé de mode. La démarche générale des projets réalisés les deuxièmes et troisièmes années est la même. Simplement, le projet de la première année a fait l’objet d’un petit documentaire vidéo. De ce fait, Infor-Drogues dispose de témoignages plus nombreux.
Ont participé à ce projet:
- Les professeurs volontaires du centre scolaire Pierre Paulus,
- Certaines classes dans lesquelles le projet a pris une ampleur différente, de quelques heures à plusieurs semaines.
Les élèves et les professeurs de l’école mais aussi des visiteurs de cette exposition venant d’autres écoles témoignent dans un documentaire réalisé par Infor-Drogues. Nous en avons retiré quelques témoignages parlants:
En quoi cela peut-il aider le jeune au niveau d’une réflexion par rapport aux dépendances? En quoi cette manière de faire est plus intéressante qu’une information de façon magistrale aux élèves?
Claudine Hulstaer, professeur de géographie et de sciences à Pierre Paulus : « Une information c’est toujours passif, l’élève reçoit. Or il reçoit depuis l’école maternelle, voire avant. Il ne fait pas, il n’agit pas. Tandis qu’ici ce sont vraiment les élèves qui ont agi, qui ont eu les idées, qui ont choisi leur dépendance et la façon d’être le plus parlant pour les autres. Ils ont cerné toute une série de dépendances qu’ils ont montré de façon extraordinaire, de façon très différente. Comme ça vient de jeunes c’est aussi beaucoup plus proche des autres jeunes. »
Pourquoi une exposition?
Claudine Hulstaert : « Les élèves ont pu faire des panneaux à partir d’images à partir de mots aussi, les élèves qui ont créé le défilé ont fait bouger leur corps et habillé leur corps ce qui dans un cadre scolaire n’arrive jamais, excepté en section couture. Mais il n’y a plus de section couture, mais ça leur est venu à l’esprit de faire de la couture, des chapeaux ensemble, alors que dans un cadre scolaire on est généralement individualiste et on a peu de temps et l’occasion de travailler ensemble, donc l’intérêt d’un tel projet c’est que ça favorise les contacts prof-élève, prof-prof, et prof-milieu extérieur aussi et ça, pour elles, est quelque chose de très important, sortir l’école de son cadre, de sa classe! «
Infor-Drogues abonde dans ce sens: « La dimension collective du projet s’est affirmée progressivement. Au départ, chacun faisait quelque chose dans son coin et puis grâce aux élèves cela a pris des proportions plus importantes, exposition, défilé et finalement une vidéo créée. Cette dimension collective, de confrontation et d’apports réciproques entre les travaux des élèves est importante car elle montre bien la multiplicité des réalités et des vécus des jeunes. Ainsi chacun apprend doublement: d’une part en formalisant sa propre expérience et d’autre part en la confrontant à celle des autres ».
Christiane Dehouck, professeur de mathématiques et sciences, coordinatrice du projet : « C’est quelque chose de très subtil, ce n’est pas tellement le résultat final qui permet de révéler ce qui s’est passé mais plutôt en cours de travaux toute une série de petites choses qui sont venues à la surface, des prises de conscience qui sont venues à la surface. En tant que coordinatrice de projet, j’avais envie de rappeler aux enseignants que ça ne passait pas inaperçu et donc j’ai pris une série de notes tout au long de la préparation du projet. »
« Une anecdote assez comique c’est qu’à un moment donné dans une des classes qui a participé au défilé, tout au début c’était de lancer des mots concernant les autonomies et les dépendances et dans les mots concernant les autonomies il y avait le mot préservatif et quand on a pensé à réaliser le défilé une élève s’est portée volontaire, elle avait fait les démarches dans un planning et ramené plein de préservatifs et quelques jours avant le défilé, une fille enceinte a décidé de faire un chapeau, tout le monde s’y est mis, il y a avait une petite pompe mais non, ils ont gonflé les préservatifs à la bouche ce qui est une façon d’approcher l’objet, d’en parler, de le toucher de le manipuler de manière simple, à travers la réalisation de ce chapeau. »
Ca va changer quelque chose dans l’absolu?
« Ce qui est bon dans le travail avec les élèves c’est que quand on arrive à établir une relation surtout par rapport à des jeunes en difficulté, quand on sent que ce lien commence à s’établir qu’il y a des petites choses qui se passent, on ne peut pas dire si ça aura des conséquences ou pas, ça il faudra peut-être attendre 10 ans pour qu’ils réalisent qu’il y a eu ce jour là quelque chose de différent qui a eu lieu et qui a mis en marche quelque chose de différent et ça c’est bon quand on sent qu’il y a une relation qui s’est établie et qu’il y a un potentiel de possibilités plus large qui s’ouvre. »
Les élèves qui ont participé à ce projet témoignent d’un certain plaisir retrouvé dans le cadre scolaire: » Il y avait beaucoup d’enthousiasme, de solidarité, tout le monde s’est aidé, on s’est prouvé qu’on était capable de le faire, on est fier de nous! »
L’exposition fut visitée par des groupes scolaires venant d’autres écoles, Madame Botton de l’Institut de l’Enfant Jésus: « Nous étions allés chez Infor-Drogues et l’exposition a permis d’appréhender la problématique sous un angle totalement différent. Mes élèves ont vu des réalisations d’autres écoles et peuvent s’en inspirer pour d’autres projets. »
Cela a permis aux élèves qui ont visité cette exposition de se rendre compte de différents objets de dépendance comme la dépendance au gsm, au chocolat, à la nourriture… ce dont ils n’avaient pas conscience auparavant.