« La guerre contre la drogue transforme chaque Bruxellois en suspect potentiel »

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Tel est le titre de la revue de presse de Nicolas Vandenschrick (RTBF) de ce jeudi 5 juin, inspiré par L’édito du Het Laatste Nieuws du même jour concluant : « Il y a fort à parier, que ce facteur a joué un rôle bien plus important dans la mort de Fabian, bien plus que de l’herbe mouillée. »

Sans vouloir présager des conclusions de l’enquête dans cette affaire, l’hypothèse de l’éditorialiste nous semble intéressante en effet. Elle peut d’ailleurs se compter comme la somme de facteurs anxiogènes de notre société.

Cette guerre, parce qu’elle se joue parfois à coups de kalachnikov, perpétrés notamment par des personnes circulant à trottinette, contribue certainement à une forme de paranoïa. L’image même des trafiquants est aujourd’hui terriblement brouillée puisqu’on entend partout que ces réseaux emploient des enfants de plus en plus jeunes.

La réaction policière aux trafics, seule politique actuellement mise en œuvre, augmente non seulement le niveau de violence globale à Bruxelles[1], mais augmente également le risque de violence policière, pour tous les habitants des hotspots voire pour tous les Bruxellois.

Le secteur « Drogues & Addictions » n’est pas le seul à penser qu’un changement de modèle est indispensable et urgent. Nous relayons ici une pétition présente sur le site de la fédération des comités de quartier (ieb.be) « pour un plan régional de justice urbaine, contre les amalgames et la gestion punitive de la précarité ».

Sur l’initiative du Groupe Citoyen Démocratie Active Bruxelles, cette pétition a été lancée pour solliciter le Parlement bruxellois sur divers questions liées aux « pratiques de gestion de l’espace urbain, qui dérivent vers des mesures d’exception: arrêtés communaux anti-nuisance, descentes policières, expulsions collectives, surveillance massive par caméras intelligentes et drones, et dispositifs de dénonciation citoyenne parfois coordonnés avec des autorités locales. Ces pratiques visent de manière disproportionnée les plus précaires — personnes sans abri, migrantes, racisées, usager·es de drogues — sans résoudre les causes profondes: pauvreté, isolement, absence de logement ou de perspective. »[2]


[1] Voir à ce propos notre carte blanche « Violence des trafics de drogues : chronique d’une défaite policière annoncée » du 13 février dernier.

[2] Pour lire et signer la pétition, suivez ce lien.