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Héroïne (suite)

Qu’est-ce que c’est ?

L’héroïne ou diacétylmorphine est un opiacé synthétisé à partir de la morphine. Celle-ci est naturellement présente dans l’opium (suc du pavot somnifère). L’héroïne est proche de substances naturellement produites par le corps, appelées « endorphines ». Le cerveau produit des endorphines en plusieurs occasions : en cas de tristesse ou en cas de grande douleur, dans le but de diminuer ces sensations. L’héroïne est surtout recherchée pour le bien-être psychique et physique qu’elle procure.

En Belgique, l’héroïne blanche ne se trouve presque plus sur le marché noir. Elle se présente actuellement sous forme de poudre allant du beige clair au brun foncé (brown sugar, héro, brun, smack). Elle est vendue en petit paquet (pacson) ou emballée dans un plastique (boulette). En Belgique, une dose contient de 0% à 70% (extrêmement rare) d’héroïne. La concentration varie fortement suivant les régions, les fournisseurs, les arrivages et les pays d’origine. La composition des produits de coupe est incertaine, parfois dangereuse (ex.: caféine, barbituriques, talc, voire, dans de très rares cas, strychnine).


Comment agit l'héroïne ?

L’héroïne, comme les endorphines, est un « dépresseur » du système nerveux central. Elle agit en « endormant » certaines fonctions du système nerveux. Elle ralentit, par exemple, la respiration.

L’héroïne, en remplacant l’endorphine, génère un sentiment de bien-être et atténue douleur et anxiété lorsqu’elle est consommée avec modération. De plus grandes quantités entraînent le sommeil. De très fortes doses peuvent provoquer l’arrêt de fonctions vitales de l’organisme (circulation sanguine, respiration, …).

Un usage quotidien d’héroïne entraîne une diminution importante de la production des endorphines. En cas d’apport extérieur important et continu d’héroïne, le cerveau cesse de produire des endorphines. Lors de l’arrêt de cette consommation, le corps aura besoin de quelques jours pour produire à nouveau des endorphines. D’où une sensation intense de mal-être, voire de douleur : le manque.

Les modes de consommation

L’héroïne peut être:

  • sniffée à l’aide d’une paille ou d’un billet roulé (prise nasale);
  • fumée à l’aide d’un tube, après avoir au préalable été chauffée sur du papier aluminium (  » une tache « ); on appelle cela, « chasser le dragon » ou faire une fumette;
  • injectée par voie intraveineuse (« shoot »).
Quelle en est l’origine ?

L’héroïne fut synthétisée en 1874 et commercialisée en 1897 par la firme Bayer comme un médicament aux vertus héroïques (courage, insensibilité à la douleur, à la fatigue…). Elle fut utilisée comme produit de substitution à la morphine, comme antidouleur et comme traitement de la toux. Dès la fin de la première guerre mondiale et suite à de nombreux problèmes de dépendance, son usage thérapeutique fut contesté. Dès lors, comme la morphine, elle fut uniquement prescrite dans le traitement de douleurs extrêmes (brûlures sévères, douleurs post-opératoires, soins palliatifs, cancer, etc.) avant de disparaître récemment de la pharmacopée belge (liste de substances pouvant êtres dispensés par les médecins).

Les effets immédiats (durant le temps d’action du produit)

Les effets du produit dépendent non seulement de la dose, de la fréquence d’usage et du mode de consommation, mais également des caractéristiques de chaque individu, de son état psychique, de sa personnalité, de son humeur, de son accoutumance et de ses attentes vis-à-vis du produit.

Effets recherchés

  • apaise la douleur morale (tristesse, angoisse, …)
  • calme la douleur physique
  • en cas de dépendance physique, supprime les désagréments liés au manque
  • sensation de bien-être physique
  • euphorie, tout en restant lucide
  • sentiment de confiance en soi, désinhibition
  • sensation de chaleur agréable
  • Sentiment de calme, d’apaisement (être « zen »)

Attention, les effets recherchés peuvent être différents des effets psychotropes (effets sur le cerveau). Il s’agit alors de répondre à un ou des besoins fondamentaux plus importants à ressentir pour le consommateur que les effets psychotropes en eux-mêmes. Par exemple le besoin de transgression, de se montrer courageux, de faire groupe peuvent constituer des raisons de consommation d’un produit. Chaque produit a une image sociale comme par exemple l’héroïne et la morphine sont le même produit de base, mais le premier évoque plutôt la rupture, la révolte et la clandestinité alors que l’autre est davantage associé au soin et au monde médical. Cette image peut pousser une personne à consommer tel produit plutôt qu’un autre en fonction de son besoin. Notons que ce besoin est souvent inconscient.

Effets indésirables

  • nausées, vomissements (surtout lors de consommations occasionnelles, des premières prises ou après une longue période d’abstinence)
  • ralentit pendant quelques heures la production de sécrétions (retard d’éjaculation, absence de larmes, constipation, sécheresse vaginale, …)
  • perturbation du cycle menstruel
  • modifie le désir sexuel (l’augmente ou le diminue)
  • relaxant musculaire
  • parfois chatouillement
  • perturbation du cycle de sommeil
  • diminue la sensation de faim
  • rétrécissement des pupilles (en tête d’épingle)
  • antitussif

Les étapes

  • L’effet du produit est rapide:
  • en injection: +/- 20 secondes;
  • en sniff: +/- 5 minutes;
  • en fumette: 1 à 2 minutes.

La durée des effets est la même (4 à 6h), quel que soit le mode de consommation mais la perception diffère selon le mode de prise et l’individu.

1. Le flash
Lors de l’injection intraveineuse, le « flash est une sensation soudaine et irradiante de chaleur, un changement d’état très rapide et bref (5 à 10 secondes), qui se produit au moment où l’héroïne irrigue le cerveau. Le flash est une montée rapide des effets tant physiques que psychiques.

2. le plateau
Période de bien-être intense, sensation de chaleur et de relaxation profonde qui peut durer 3-4 heures. Selon le témoignage d’usagers, on perçoit différemment ses problèmes, l’angoisse est calmée et l’on ressent un sentiment de paix.

3. La descente
Au cours de la descente, les effets de l’héroïne s’estompent progressivement et le besoin de dormir se fait sentir (somnolence). Le retour à l’état « sans produit » peut être pénible pour certains usagers : fatigue et déprime, sorte de « gueule de bois ». En cas de dépendance physique, les premiers signes de manque apparaissent.

NB : l’héroïne peut être détectée dans les urines jusqu’à 12 jours après la prise.

Les effets à long terme et les risques

Dépendance et tolérance

L’héroïne peut engendrer une dépendance psychologique et physique. Celle-ci est due essentiellement aux liens complexes qui se tissent entre l’usager (ses attentes, ses manques, ses désirs), le produit et le contexte de vie. Cette dépendance survient bien souvent avant que l’usager ne s’en rende compte.

  • la dépendance psychologique
    Certains usagers éprouvent un mal-être que l’héroïne apaise momentanément (déprime, anxiété, timidité, inhibition psychologique…). Une consommation, même occasionnelle, peut alors entraîner une forte dépendance psychologique. Cette dépendance se manifeste par le besoin de consommer à nouveau le produit pour retrouver ses effets plaisants et apaisants.
  • la dépendance physique
    À l’arrêt d’une consommation quotidienne, le corps manque d’héroïne et d’endorphines naturelles. En effet, l’héroïne ayant remplacé la production naturelle d’endorphines, le corps est en manque de celles-ci. À ce moment, l’usager est confronté à des manifestations physiques liées au manque. C’est ce qu’on appelle la dépendance physique.

Le manque se caractérise par les signes suivants :

  • pouls élevé (+ de 100 pulsations/ minute);
  • sensation de froid intense ( » froid dans les os »);
  • eternuements, transpiration, nez qui coule, yeux qui pleurent;
  • douleurs musculaires, crampes;
  • maux de ventre, dérangements intestinaux (diarrhée…);
  • nausées, envie de vomir;
  • pupilles dilatées;
  • angoisse et irritabilité, insomnie;
  • hypersensibilité à la douleur (le moindre « bobo » est insupportable).

Ces manifestations cessent après 5 à 10 jours d’abstinence ou de sevrage. Ce sevrage n’est pas facile. Il est préférable de se faire accompagner par des professionnels qui peuvent conseiller différents types de traitements. Il y a une différence entre sevrer quelqu’un et soigner la toxicomanie d’une personne. Dans le deuxième cas, il s’agit d’une entreprise à long terme qui considère la personne dans son ensemble. Différents traitements, dont des traitements de substitution, existent. Une brochure sur la méthadone est disponible à Modus Vivendi (voir adresse en fin de brochure).

Une fois que la dépendance physique a été installée, s’il y a consommation après une période d’abstinence, l’usager risque de redevenir beaucoup plus vite dépendant et de voir réapparaître les signes de manque physique après quelques jours seulement.

La tolérance

En ce qui concerne l’héroïne, la tolérance est très rapide : après quelques jours de consommation (plusieurs fois/jour), l’usager ressent la nécessité d’augmenter les doses, d’abord en quantité, puis en fréquence pour retrouver les effets du produit.

Détérioration du style de vie

L’interdit légal génère des risques spécifiques. En effet, bien que l’héroïne ne coûte pas cher en termes de fabrication, son prix, fixé par les trafiquants, est élevé. Certains usagers parviennent à gérer leur consommation ; d’autres, pour faire face au coût élevé de cette consommation, commettent des délits.

D’autre part, par le seul fait que la consommation soit illégale, le consommateur qui souhaiterait avoir accès aux soins de santé (autres que le sevrage ou la substitution) peut rencontrer des difficultés.

Enfin, les réactions de rejet de l’entourage (famille, conjoints, amis, collègues, employeur, …) peuvent provoquer l’isolement social du consommateur.

Toxicité

L’héroïne pure, nous l’avons vu, est similaire aux endorphines : elle n’entraîne donc pas de dommages physiques directs tels que lésions d’organes, cirrhose, destruction cellulaire. Cependant les modalités de consommation de l’héroïne, la détérioration du style de vie (alimentation, hygiène..) liée à la dépendance et surtout l’illégalité peuvent entraîner des risques particuliers (voir Chapitre x).

Surdose

La surdose est la dose excessive et dangereuse, voire mortelle. Elle se traduit par une dépression respiratoire allant d’une faible diminution de la respiration à l’arrêt respiratoire, entraînant l’arrêt cardiaque et ensuite la mort.

La dose mortelle varie considérablement en fonction de chaque individu : une personne peut augmenter progressivement sa consommation jusqu’à des doses qui seraient mortelles pour un non-consommateur. En certaines circonstances, le risque de surdose augmente :

  • une première prise ;
  • une reprise après un arrêt (cure, séjour en prison) ;
  • la prise d’une nouvelle héroïne (plus concentrée, par exemple) ;
  • en cas de changement de dealer ;
  • la prise d’une trop grosse quantité.

Le risque de surdose est donc difficile à mesurer pour chacun. L’héroïne étant coupée avec des produits dont la composition n’est pas connue, le risque de surdose n’est jamais absent. Enfin, la surdose survient plus fréquemment à la suite d’une injection intraveineuse (l’effet du produit survient brusquement d’un seul coup).

Une partie des accidents mortels n’est cependant pas directement due à une surdose mais plutôt à l’absorption simultanée d’un autre psychotrope qui accentue les effets de l’héroïne.

Risques particuliers liés au mode de consommation

En sniff :

  • Petit risque d’infection de la paroi nasale et de rhinite (rhume chronique)
  • Risque de transmission des hépatites B ou C par le partage des pailles

En fumette :

  • Complications pulmonaires : difficultés plus ou moins importantes à respirer.

En injection intraveineuse :

  • Risque de destruction des veines (inflammations, veines bouchées)
  • Risque d’abcès, septicémie, nécroses
  • Risque de transmission du sida et des hépatites par le partage du matériel (aiguille, coton, filtre, cuillère, eau)
  • Risque de surdose accru
  • Risque d’endocardite (infection du cœur) suite à une injection non stérile.
Quelques conseils de réduction des risques
  1. Pour éviter la surdose, commencez par une petite dose pour tester votre tolérance au produit, en particulier lorsque vous changez de dealer ou lorsque vous consommez pour la première fois ou après un arrêt (séjour en hôpital, fin de cure, séjour en prison, …).
  2. Les mélanges de produits sont dangereux, y compris les drogues légales telles que médicaments et alcool.
  3. Si vous êtes sous traitement à la méthadone, sachez que la méthadone est mortelle à partir de 10 mg pour un enfant et à partir de 30 mg pour quelqu’un qui n’a jamais consommé. Cela dépend notamment du poids de la personne. Rangez toujours vos médicaments hors de portée des enfants.
  4. Ne partagez pas vos pailles afin d’éviter tout risque de transmission des hépatites.
  5. En cas d’injection, ne partagez pas l’ensemble du matériel d’injection (seringue, cuillère, coton, filtre, eau) afin d’éviter les risques de transmission du sida et des hépatites. Ne laissez pas vos seringues à la portée de tous. Ne les jetez pas: ramenez-les aux comptoirs d’échange de seringues où vous pourrez aussi vous réapprovisionner gratuitement. Afin de diminuer les risques d’overdoses, injectez toujours lentement. Commencez par injecter une petite quantité, faites un break afin de la tester.
  6. En cas de grossesse, l’héroïne passe au travers du placenta et du lait maternel. L’héroïne n’entraîne pas de malformations ni de lésions du foetus. Par contre, il peut souffrir de manque, lorsque sa mère en souffre elle-même. Les épisodes répétés de manque risque d’entraîner une fausse-couche ou un accouchement prématuré. Il est donc conseillé de démarrer un traitement de substitution (sevrage progressif pendant la grossesse ou traitement de maintenance) et de ne pas se sevrer de manière brutale lorsqu’on est enceinte. A la naissance, le bébé devra être sevré. Il s’agit d’une technique que l’on maîtrise bien actuellement et qui ne provoque pas de conséquences négatives à long terme.
  7. L’héroïne modifie le désir sexuel: tantôt elle l’augmente, tantôt elle le diminue. Elle retarde, voire empêche, l’éjaculation et peut entraîner une sécheresse vaginale. Dans tous les cas, pensez à vous munir d’un préservatif et à utiliser un lubrifiant à base d’eau.
  8. Après une prise d’héroïne, somnolence et envie de dormir peuvent survenir. Abstenez-vous de conduire ou d’entreprendre une activité qui demande de la concentration ou qui risque de vous mettre ou de mettre autrui en danger.
  9. La consommation chronique d’héroïne peut entraîner un manque d’hygiène. Pour limiter les problèmes dentaires (abcès, caries, détérioration de l’émail, …), brossez-vous les dents avec du dentifrice au bicarbonate de soude et consultez régulièrement un dentiste.
  10. Mangez régulièrement des aliments variés et riches en vitamines (légumes, fruits).

Que faire en cas d’urgence ?

Si la personne pique du nez et qu’elle a les pupilles en tête d’épingle, restez à proximité.
Une overdose pourrait survenir. Vérifiez de temps en temps sa capacité de réaction.

Si les signes suivants apparaissent, intervenez sans tarder :

  • La respiration se fait plus lente et moins profonde
  • Les muscles sont complètement relâchés
  • La personne dort profondément, elle ne se réveille pas.
  • Si elle se réveille, elle se rendort aussitôt.
  • La peau blanchit / pâlit tandis que les lèvres et les extrémités des doigts bleuissent

Comment intervenir ?

  • Essayez de réveiller la victime, appelez, criez, défaites ses vêtements, aérez la pièce.
  • Appelez les secours en formant le n° 100 ou le n°112 (services médicaux d’urgence – appel gratuit).
  • Décrivez la personne comme suit: consciente / inconsciente – respire / ne respire plus – son coeur bat / son coeur ne bat pas
  • Donnez l’adresse exacte (rue, n°, étage).
  • L’état de la personne et le lieu de l’accident sont les seules informations nécessaires!
  • Une fois le personnel médical sur place, signalez-lui les produits consommés: il est tenu au secret professionnel.
  • Accompagnez si possible la personne à l’hopital et évitez qu’elle ne signe une décharge (sortie de l’hopital exigée par le patient)

En intervenant rapidement vous pouvez sauver la vie de quelqu’un. Pensez-y !

La police n’accompagne le service d’urgence dans un lieu privé que si la personne est inconsciente (nécessité de réanimation, décès possible).

En cas de besoin :
Centre anti-poison : 070/245.245
SOS Médecins (à Bxl) : 02/513.02.02
Autres services de garde : 100

Les mélanges

De façon générale, les mélanges augmentent les risques. Le résultat exact de tel ou tel mélange est imprévisible du fait de la composition incertaine des produits illégaux.

Héroïne + méthadone:
La méthadone, comme l’héroïne, est un opiacé. En cas de prise occasionnelle d’héroïne en cours de traitement, la méthadone peut réduire le risque d’overdose. Par contre, si elles sont consommées en même temps, l’usager risque d’être insatisfait des effets de l’héroïne et le risque d’overdose augmente. Si vous consommez de l’héroïne, ne consommez pas votre méthadone en même temps. Pour rappel, la méthadone a une durée d’action de 24h.

Héroïne + benzodiazépines:

1. Rohypnol
Ce mélange peut être pratiqué avant la prise d’héroïne pour augmenter les effets de la montée ou, en descente, pour prolonger les effets de l’héroïne tout en diminuant les aspects négatifs de la descente. Ce mélange augmente les risques de coma et de difficultés respiratoires.

2. Autres (ex. : Lexotan)
De manière générale, ce mélange augmente les risques de coma et de difficultés respiratoires.

Héroïne + barbituriques (ex: Vesparax):
Un des mélanges les plus dangereux. 2 à 3 comprimés entraînent un risque important de surdose!

Héroïne + cocaïne:
Le Speed-ball est la prise simultanée de ces deux produits. L’effet stimulant de la cocaïne diminue le risque d’arrêt respiratoire. Ce type de mélange, fort apprécié des usagers, comporte des risques accrus d’overdose. En effet, la durée d’action de la cocaïne étant beaucoup plus brève que celle de l’héroïne, un arrêt respiratoire peut survenir quand l’effet de la cocaïne prend fin..

Héroïne + amphétamines:
L’action stimulante des amphétamines agit dans un sens opposé à celle de l’héroïne. L’effet stimulant des amphétamines diminue le risque d’arrêt respiratoire.

Héroîne + alcool:
A petite dose, l’alcool atténue les effets de l’héroïne, d’où le risque d’augmenter les doses. A forte dose, l’alcool aura tendance à accentuer l’effet sédatif de l’héroïne. Risque accru de surdose dans les deux cas.

Héroïne + cannabis (et dérivés):
Combinaison moins dangereuse que les autres. Chez les uns, il atténue le stress de la descente; chez les autres, il accentue les réactions paranoïdes.

Donc, héroïne + dépresseurs du système nerveux central => risque accru d’overdose

Vous pouvez également consulter notre brochure de réduction des risques dédiée à l’héroïne

En résumé

Infor-Drogues a conçu pour vous une synthèse graphique relative au produit.

Soyez vigilant qu’une infographie est à manipuler avec précaution dans un cadre aussi sujet aux présupposés que le sont les drogues. Tout ce qui fait suite ne sont que des généralités, et il convient de ne pas omettre que les effets recherchés et non recherchés peuvent être spécifiques et différenciés à chaque usager ou à chaque consommation ponctuelle.

Le triangle multifactoriel de Claude Olievenstein

Héroïne infographie

ParInfor Drogues & Addictions

Médicaments (suite)

Qu’ils fassent ou non l’objet d’une prescription médicale, certains médicaments psychoactifs sont détournés de leur usage médical pour leurs effets calmants ou stimulants. Sans prescription médicale, ces médicaments psychotropes tombent sous la loi sur les stupéfiants de 1921, révisée en 1975: leur détention, même à usage privé, est donc passible de poursuite pénale. Les plus couramment utilisés dans la recherche d’effets stimulants sont les amphétamines (voir brochures « XTC » et « speed-amphétamines » dans la même collection). Cette brochure aborde principalement les médicaments à effets calmants et apaisants que sont les benzodiazépines et les opiacés.

Le but de ce document n’est pas d’encourager ou de décourager l’usage de médicaments mais de donner une information correcte et détaillée, pour un usage à moindre risque.

 

Les médicaments « actifs sur le mental », qu’est-ce que c’est?

La frontière entre médicament et drogue est étroite. Une substance est reconnue comme médicament si elle est intéressante du point de vue de la santé.

Sont “actifs sur le mental”, les produits/substances/drogues qui modifient notre humeur et notre comportement. En inter-agissant avec les substances naturellement produites par l’organisme (la dopamine, la sérotonine, la noradrénaline ou les endorphines, …), les médicaments psychoactifs peuvent calmer, endormir, ou, au contraire, réveiller, stimuler, exciter.

Plusieurs catégories sont distinguées:

  • les dépresseurs du système nerveux, comme les benzodiazépines, les opiacés (analgésiques morphiniques) ou encore les barbituriques entraînent un ralentissement de l’activité motrice et mentale.
  • les excitants de type amphétaminique stimulent l’activité motrice et mentale.
  • les antidépresseurs ne sont pas le contraire des dépresseurs mais traitent les états de dépression.

Les médicaments psychoactifs se présentent sous forme de comprimés, de gélules, de sirop ou de gouttes. Ils sont généralement consommés par voie orale. Certains usagers les prennent aussi en « sniff » ou par voie intraveineuse, après les avoir broyés s’il s’agit de comprimés.

Les médicaments génériques
On trouve aujourd’hui de plus en plus de médicaments génériques, que les usagers appellent des « produits blancs ». Ceux-ci ont la même composition chimique que les produits de marque et sont nettement moins chers. Le nom repris sur les produits blancs est celui de la molécule de base du médicament. Le nom de marque déposée est toujours suivi d’un ®. ex: flunitrazépam (générique) = Rohypnol ® (marque).

Les antidépresseurs

Exemple: Redomex®, Anafranil®, Tofranil®, Nardelzine®, Prozac®, Trazolan®, etc.

Il est rare que les antidépresseurs soient utilisés à d’autres fins que médicales. Hormis à des fins suicidaires, ils sont peu ou pas utilisés dans la recherche d’effets particuliers qu’ils pourraient procurer. Par contre, comme ils sont facilement prescrits, ils peuvent poser des problèmes d’intoxication en cas de surconsommation ou lorsqu’ils sont associés à d’autres produits.

Les barbituriques

Exemple : Vesparax®, Gardenal®, Bellanox®, Penthotal®, etc.

L’acide barbiturique a été découvert le 4 décembre 1864, fête de la… Sainte-Barbe! Cette découverte a permis de mettre au point le barbital et d’autres médicaments dérivés. Les barbituriques ont longtemps été la référence en matière de traitement des troubles du sommeil. Ils ont également été prescrits comme tranquillisants. Aujourd’hui, ils sont le plus souvent remplacés par les benzodiazépines aux effets plus précis. On les utilise encore dans le traitement de l’épilepsie et en anesthésie.

Le Vesparax® et le Bellanox® font partie des barbituriques aujourd’hui retirés du commerce. Ceux qui seraient encore vendus au marché noir sont probablement périmés.

Les benzodiazépines

Qu’est-ce que c’est ?

Exemple: Diazépam (Valium®), Alprazolam (Xanax®), Flunitrazépam (Rohypnol®), Lorazépam (Témesta®), Bromazépam (Lexotan®), Lormetazepam (Loramet®), (Tranxène®), etc.

Les benzodiazépines, dépresseurs du système nerveux, sont nées suite à la découverte du librium, synthétisé en 1949 et commercialisé en 1958. Elles sont le plus souvent prescrites pour traiter l’anxiété, l’insomnie et les crises d’épilepsie.

Chaque benzodiazépine a des champs d’action spécifiques et leurs effets varient en termes de durée, d’intensité et de vitesse d’action.

Les benzodiazépines sont délivrées sur prescription médicale. Au marché noir, il s’agit le plus souvent de comprimés achetés en pharmacie puis revendus à la pièce.

Quels sont les effets des Benzodiazépines ?

Les médicaments actifs sur le mental peuvent induire des effets différents, voire opposés en fonction de la dose, de la fréquence d’usage, du contexte actuel et du passé de consommation, des mélanges avec d’autres produits, de la résistance physique et psychologique de l’individu et de ses attentes.

Effets recherchés :

  • Baisse de l’anxiété
  • Régulation des émotions
  • Relâchement musculaire
  • Sensation de bien-être
  • Calme
  • Ébriété
  • Somnolence

Attention, les effets recherchés peuvent être différents des effets psychotropes (effets sur le cerveau). Il s’agit alors de répondre à un ou des besoins fondamentaux plus importants à ressentir pour le consommateur que les effets psychotropes en eux-mêmes. Par exemple le besoin de transgression, de se montrer courageux, de faire groupe peuvent constituer des raisons de consommation d’un produit. Chaque produit a une image sociale comme par exemple l’héroïne et la morphine sont le même produit de base, mais le premier évoque plutôt la rupture, la révolte et la clandestinité alors que l’autre est davantage associé au soin et au monde médical. Cette image peut pousser une personne à consommer tel produit plutôt qu’un autre en fonction de son besoin. Notons que ce besoin est souvent inconscient.

Effets indésirables :

  • Somnolence
  • Troubles de la mémoire
  • Baisse de la vigilance
  • Confusion mentale
  • Agressivité
  • Dépendance

Effets possibles à long terme :

  • Troubles sexuels
  • Troubles de l’élocution
  • Pertes d’équilibre et vertige
  • Sédation exagérée
  • Dépendance physique et psychique forte

Les effets spécifiques du Rohypnol® (Flunitrazépam)

Parmi les usagers de drogues, le terme « Roche » (du nom de la firme pharmaceutique Hoffman-LaRoche) est utilisé pour désigner le Rohypnol®. Le Rohypnol® est la plus connue des benzodiazépines parmi les usagers de drogues qui l’utilisent comme substitut et/ou complément à l’héroïne. Certains appellent « Rocheman » un utilisateur compulsif et disent qu’il est « en Roche » lorsqu’il est sous l’effet du Rohypnol®.

À fortes doses :

  • Excitation, désinhibition
  • Sensation d’être “ravagé, mort pété”
  • Vertiges
  • Relaxation musculaire
  • Baisse des réflexes
  • Troubles de l’équilibre et de la coordination des mouvements
  • Baisse de la pression artérielle
  • Troubles du sommeil
  • Confusion mentale
  • Hallucinations
  • Difficultés d’élocution et de compréhension
  • Insensibilité à la douleur

Ces effets apparaissent une demi-heure après la prise, et peuvent durer une dizaine d’heures selon la quantité absorbée. Il n’est pas rare que la prise d’une grande quantité de Rohypnol® mette l’usager dans un état inhabituel : celui-ci ne se rend plus compte des conséquences de ses actes et peut se croire tout-puissant et invincible. On parle d’effet « Rambo ». Cet état peut l’entraîner à faire des choses dangereuses pour lui ou son entourage. Il arrive, par exemple, que des personnes sous l’emprise du Rohypnol® agressent leurs proches et commettent des vols. L’usager se trouve dans une sorte d’état second qui, par la suite, est généralement suivi d’une amnésie totale : il s’endort et ne se rappelle de rien.

Les médicaments à base d'opiacés (analgésiques morphiniques)

Qu’est-ce que c’est?

Exemple: Dafalgan Codéine®, Panadol Codéine®, Perdolan Codéine®, Depronal®, Valtran®, Méphénon® (Méthadone), Actifed® (codéine), etc.

L’opium (extrait du pavot somnifère) est utilisé depuis environ 6000 ans. Il est constitué d’une vingtaine de substances différentes (la morphine, la codéine, la papavérine, etc.) dont on connaît plusieurs centaines de dérivés.

Les médicaments à base de ces opiacés sont prescrits pour soulager la douleur, la toux et la diarrhée. Ils agissent en remplaçant certaines hormones produites naturellement par le corps, telles les enképhalines et les endorphines (produites en cas de grande douleur mais aussi de tristesse).

Quels sont les effets?

Effets recherchés :

  • Apaisement de la douleur physique et morale
  • Sensation de bien-être et d’euphorie
  • Sentiment de confiance en soi, désinhibition
  • Somnolence
  • Confusion

Effets indésirables :

  • Troubles digestifs
  • Diminution de la capacité respiratoire
  • Tolérance
  • Constipation
  • Diminution de la vigilance
  • Somnolence
  • Sécheresse bucale

Effets à long terme :

    • Dépendance physique et psychologique forte
Quels sont les risques ?

Dépendance et tolérance

Certains médicaments psychoactifs entraînent une dépendance physique. La plupart peuvent entraîner une dépendance psychique lorsque consommés en grande quantité ou pendant une période prolongée (plusieurs mois).

La dépendance psychologique se traduit par une envie incessante, irrépressible d’en reprendre à intervalles rapprochés. On ne se sent pas bien sans le produit. Elle peut être de longue durée (parfois plusieurs années après l’arrêt de la consommation !).

L’usage répété de certains médicaments psychoactifs entraîne un phénomène de tolérance de l’organisme: plus on en consomme, plus on doit en consommer pour retrouver les mêmes effets.

La dépendance physique entraîne des symptômes physiques en cas d’arrêt de la consommation. C’est ce qu’on appelle le symptôme de sevrage.

Un sevrage brutal des benzodiazépines ou des opiacés peut provoquer:

  • douleur;
  • irritabilité;
  • troubles du sommeil;
  • angoisse;
  • dépression;
  • tremblements (uniq. avec les « benzos »);
  • crises d’épilepsie (uniq. avec les « benzos »).

Selon le médicament, ces symptômes apparaîssent dans les heures qui suivent la dernière dose et durent de 10 à 30 jours. Les symptômes aigus sont en général à leur maximum entre le 2ème et le 6ème jour du sevrage.

Pour éviter que le sevrage ne soit désagréable, voire dangereux (« benzos » et barbituriques), il est préférable de diminuer progressivement les doses plutôt que d’arrêter brutalement de prendre des médicaments. Une aide médicale est souhaitable.

A long terme, l’usage prolongé de médicaments psychoactifs peut entraîner des complications multiples, y compris sur les plans social, familial et relationnel. En général, le traitement de la dépendance nécessite un accompagnement médical et psychosocial.

Overdose (intoxication aiguë pouvant entraîner la mort)

La plupart des médicaments psychoactifs sont susceptibles de provoquer une overdose en particulier en cas de consommation simultanée avec d’autres produits, surtout l’alcool, ou en cas de problèmes rénaux, hépatiques, respiratoires ou cardiaques.

Une overdose aux benzodiazépines ou aux opiacés se traduit par un ralentissement respiratoire, parfois mortel.

Plusieurs signes annoncent l’overdose. Il est possible d’intervenir: reportez-vous en page X (« Que faire en cas d’urgence?).

Risques particuliers liés aux modes de consommation

Par voie orale : il s’agit du mode de consommation le moins nocif. Cependant, les effets étant plus lents à venir, il y a risque de surdose si le consommateur en reprend dans l’espoir d’accélérer les effets.

En sniff : Les médicaments ne sont pas faits pour être « sniffés ». Il y a risque d’endommagement de la cloison nasale et de rhinite (rhume chronique). Le partage de pailles ou de billets s’accompagne de risques de transmission des hépatites et du sida.

En injection intraveineuse : Les médicaments ne sont pas faits pour être injectés. Même bien écrasés, il reste toujours des micro-particules qui peuvent abîmer les veines et entraîner des dégâts (abcès, septicémie, etc.). Certains médicaments se solidifient après injection, ce qui peut aussi endommager veines et artères (risque de gangrène). De plus, le partage de l’ensemble du matériel d’injection ou l’emploi de matériel non stérile favorise la transmission du sida, des hépatites et autres infections.

Quelques conseils de réduction des risques

Rappel: les médicaments actifs sur le mental peuvent induire des effets différents, voire opposés, en fonction de chaque individu et du contexte de consommation.

  1. Préférez les médicaments emballés sur lesquels figurent le nom et la date de péremption. Lisez, si elle existe, la notice d’usage.
  2. Mieux vaut commencer par une petite quantité (par ex., 1/2 comprimé) pour évaluer votre réaction et la puissance du médicament. Laissez au médicament le temps de faire son effet avant d’en reprendre: cela limite le risque d’overdose. Une consommation modérée en quantité et en fréquence aide à limiter les risques de dépendance.
  3. Évitez de mélanger ou de consommer, dans un laps de temps court, différents médicaments ou produits (spécialement l’alcool). Le mélange de ces substances peut provoquer des effets inattendus, voire dangereux.
  4. Laissez de côté les activités exigeant de la concentration (ex: conduite automobile, utilisation de machines) car, comme l’alcool, certaines médicaments altèrent le jugement, la coordination, les réflexes et peuvent induire le sommeil.
  5. Somnolence, envie de dormir… On s’allume une cigarette et on s’endort. Bon nombre d’incendies ont démarré ainsi. Évitez de fumer au lit après la prise de médicaments.
    Ne consommez pas seul ou parmi des gens que vous ne connaissez pas. La consommation de médicaments peut entraîner des complications respiratoires, un coma, ou simplement une baisse de la vigilance.
  6. Injection: Évitez d’injecter des médicaments. Si néanmoins vous le faites: lavez-vous les mains et limitez la manipulation des comprimés avec les doigts. Évitez tout contact avec la bouche ou la salive afin de limiter les accidents infectieux. Pensez à désinfecter au préalable le point d’injection. Utilisez de l’eau stérile pour dissoudre ou diluer les comprimés et filtrer plusieurs fois la préparation.
  7. Ne partagez pas l’ensemble du matériel d’injection (seringue, cuillère, coton, filtre, eau) ou de sniff (pailles, billets…) afin d’éviter les risques de transmission des hépatites et du sida.
  8. En cas de problèmes de foie, de rein ou de cœur, évitez de consommer des médicaments psychoactifs. Si vous souffrez d’épilepsie ou de maladies rares, la consomma (risques de fortes convulsions).
  9. Rangez vos médicaments hors de portée des enfants, par ex., dans une armoire haute fermée à clé. Pour les flacons, demandez au pharmacien un bouchon de sécurité.
  10. La consommation de médicaments psychotropes peut masquer temporairement des problèmes sans pour autant les résoudre. Dans ce cas, une aide psycho-médico-sociale peut vous aider. Reportez-vous en fin de brochure.
  11. Si vous souhaitez arrêter de consommer, faites-le progressive-ment, principalement pour les benzodiazépines et les barbituriques : réduisez la quantité à raison de 10 à 20 % par semaine. Un suivi médical peut vous aider à mieux vivre cette étape… et à moindre risque!
  12. Ne jetez pas vos médicaments à la poubelle ou dans les toilettes, car ils peuvent nuire à l’environnement. Mieux vaut les déposer dans une pharmacie, un centre médical ou une clinique.

Mélanges : effets et risque

Médicaments psychoactifs + …

+ alcool : Dangereux, voire mortel, ce mélange multiplie les risques de coma et d’overdose.

+ cannabis : Combinaison moins dangereuse que les autres, mais qui peut entraîner des troubles du comportement et un état de confusion mentale. Chez les uns, il atténue le stress; chez les autres, il accentue des réactions « paranos ».

+ amphétamines / speed : Ces stimulants sont souvent consommés soit pour neutraliser les effets dépresseurs (calmants) des médicaments psychoactifs, soit pour alterner effets stimulants et effets calmants. Attention: ce mélange peut masquer les signes qui annoncent l’overdose.

+ cocaïne : Certains usagers prennent des médicaments psychoactifs pour faciliter la descente de cocaïne, ou plus rarement pour contrer les effets négatifs de la montée. Les risques de surdose sont importants.

+ héroïne : Associés dans le but d’une sensation d’euphorie, ce mélange est dangereux car il perturbe fortement la respiration. Le risque est le même pour la méthadone.

+ XTC : Utilisés en descente d’XTC, les médicaments psychoactifs ont tendance à neutraliser l’effet stimulant de l’ecstasy.

+ médicaments psychoactifs : L’association de différents médicaments psychoactifs peut entraîner des effets et des troubles très variés, difficiles à déterminer et souvent dangereux. Par exemple, le mélange de certains antidépresseurs entre eux peut entraîner des arrêts cardiaques.

En cas de grossesse et d’allaitement

Si vous êtes enceinte et prenez des médicaments (quels qu’ils soient), consultez rapidement votre médecin ou un centre spécialisé. Suivant le type de médicaments consommés, différents types de sevrage existent. Certains médicaments nécessitent un sevrage progressif. Le bébé peut souffrir de manque si sa mère en souffre elle-même. Lors de l’allaitement, il y a également des risques pour le bébé car les médicaments passent dans le lait maternel. Mieux vaut arrêter d’allaiter et passer au biberon si vous avez repris votre consommation.

Pour toutes questions relatives à la grossesse, contactez les centres spécialisés suivants:

– Hôpital St Pierre, rue Haute 322, 1000 Bruxelles – Tél: 02/535.36.66 (Service gynécologie, « grossesses à risque »).
– Centre Alfa, rue St Denis 4, 4000 Liège – Tel: 04/223 53 28 (Service Parentalité)

Que faire en cas d'urgence ?

En cas de malaise ou d’intoxication suite à la prise de médicaments, n’hésitez pas à demander conseil aux médecins du Centre Antipoison: 070/245 245.

En cas de dépression respiratoire, il faut agir vite:

La dépression respiratoire se traduit par les signes suivants:

  • La personne somnole
  • Sa respiration se fait plus lente et moins profonde
  • Ses muscles sont complètement relâchés
  • La personne dort profondément, elle ne se réveille pas
  • Si elle se réveille, elle se rendort aussitôt

Comment intervenir

  1. Essayez de réveiller la personne, parlez-lui, tapez dans vos mains à hauteur de ses yeux, criez, défaites ses vêtements, aérez la pièce.
  2. Appelez les secours en formant le n°100 (services médicaux d’urgence – appel gratuit)
  3. Précisez si la personne est consciente ou inconsciente, si elle respire ou non, si son coeur bat ou non.
  4. Donnez l’adresse exacte (rue, n°, étage).

Dans un premier temps, l’état de la personne et l’adresse sont les seules informations nécessaires.

En attendant les secours:

  • Essayez de connaître le nom exact des produits ingérés et les circonstances de l’intoxication: la quantité ingérée, les mélanges avec d’autres produits, les symptômes divers, le moment de la prise de médicaments, etc.
  • Faites régulièrement boire de l’eau à la personne : cela n’a aucun effet sur l’élimination du produit, mais permet de contrôler son état de conscience.
  • Ne donnez pas de lait : le lait n’est pas un antidote.
  • Ne faites pas vomir sans avis médical, car ce n’est pas toujours indiqué et peut être dangereux.

En intervenant rapidement vous pouvez sauver la vie de quelqu’un. Pensez-y !

Une brochure d’information sur l’overdose existe: « Comment éviter l’overdose« , disponible à Infor-Drogues au 02/227.52.52.

Si vous voulez parler de drogue, aider un ami, faire le point sur votre consommation… Si vous souhaitez recevoir d’autres brochures dans la même série(LSD-champignons, XTC, cannabis, speed-amphétamines, cocaïne, héroïne, alcool, …), appelez-nous : 02/227.52.52

Vous pouvez également consulter notre brochure de réduction des risques dédiée aux médicaments

ParInfor Drogues & Addictions

Les principaux textes de loi

Ci après figurent les textes législatifs originels. La plupart d’entre eux sont amendés régulièrement. Leurs modifications figurent généralement en dessous des pages web distantes JUSTEL.

Substances psychotropes, stupéfiantes etc.CannabisDrogues et circulation routièreTraitements de substitutionAlcoolMédicamentsTabacJeunesseAutres
  • Directive commune du 25 janvier 2005 relative à la constatation, l’enregistrement et la poursuite des infractions en matière de détention de cannabis
  • Circulaire du 1er février 2001 concernant les règles en vigueur suite aux communications du Gouvernement fédéral à propos du cannabis
  • Règlement européen n°1307/2013 établissant les règles relatives aux paiements directs en faveur des agriculteurs au titre des régimes de soutien relevant de la politique agricole commune et abrogeant le règlement (CE) no 637/2008 du Conseil et le règlement (CE) no 73/2009 du Conseil (article 32, paragraphe 6) : teneur en THC autorisée
  • Loi du 16 mars 1968 relative à la police de la circulation routière
  • Loi du 31 juillet 2009 relative à l’introduction des tests salivaires en matière de drogues dans la circulation
  • Arrêté royal du 27 novembre 2015 relatif à la recherche de drogue dans la salive et le sang
    (abroge l’Arrêté royal du 4 juin 1999 relatif au prélèvement sanguin en vue du dosage d’autres substances que l’alcool susceptibles d’avoir une influence sur les capacités de conduite d’un véhicule)
  • Arrêté royal du 10 juin 1959 relatif au prélèvement sanguin en vue du dosage de l’alcool et fixant la date de l’entrée en vigueur de la loi du 15 avril 1958 modifiant le Code d’instruction criminelle, la loi du 1er août 1899 portant révision de la législation et des règlements sur la police du roulage et l’arrêté-loi du 14 novembre 1939 relatif à la répression de l’ivresse
  • Arrêté royal du 4 juin 1999 relatif au prélèvement sanguin en vue du dosage d’autres substances que l’alcool susceptibles d’avoir une influence sur les capacités de conduite d’un véhicule
  • Arrêté royal du 19 avril 2014 relatif à la perception et à la consignation d’une somme lors de la constatation d’infractions en matière de circulation routière
  • Loi du 24 janvier 1977 relative à la protection de la santé des consommateurs en ce qui concerne les denrées alimentaires et les autres produits
  • Loi du 8 avril 1965 relative à la protection de la jeunesse, à la prise en charge des mineurs ayant commis un fait qualifié infraction et à la réparation du dommage causé par ce fait
  • Circulaire du 1er octobre 1999 relative à la prévention des violences en milieu scolaire (page 15 chapitre « Stupéfiants »)
  • Circulaire du 1er février 2001 concernant les règles en vigueur suite aux communications du Gouvernement fédéral à propos du cannabis
  • Circulaire du 07/07/2006 en vue du renforcement et/ou de l’ajustement de la politique de sécurité locale ainsi que de l’approche spécifique en matière de criminalité juvénile avec, en particulier, un point de contact pour les écoles
  • Circulaire du 4 janvier 2007 relative à la circulaire PLP41
  • Circulaire du 16 novembre 2010 relative aux ressources disponibles en matière de prévention et assuétudes
  • Arrêté royal du 12 août 1994 déterminant les conditions auxquelles les communes peuvent bénéficier d’une aide financière pour le recrutement de personnel civil supplémentaire chargé de l’accompagnement de mesures judiciaires alternatives et de la prévention de la criminalité et l’accueil en matière de toxicomanie
  • Protocole d’accord du 15 mai 2012 conclu entre le Gouvernement fédéral et les autorités visées aux articles 128, 130 et 135 de la Constitution, concernant la mise en place d’un monitoring annuel des dépenses publiques en matière de drogues illicites, de tabac, d’alcool et de médications psychoactives
  • Déclaration conjointe de la Conférence interministérielle Drogues du 25 janvier 2010 – « Une politique globale et intégrée en matière de drogues pour la Belgique »

 

Cette page est en cours de construction et résumera à l’avenir les principaux textes législatifs.

Màj de la page : 06/12/2017

ParInfor Drogues & Addictions

Présentation du clip vidéo de la campagne « la drogue c’est de la merde »

A travers la présentation et la défense du clip vidéo « La drogue c’est de la merde » est soulevée la question de l’impact des messages par les méthodes publicitaires. Différents points de vues permettent de poser la question de l’intérêt ou non de l’utilisation de tels procédés. Même si ce débat date de 1987, les questions qu’il pose sont toujours d’actualité aujourd’hui.

 

Intervenants : Eddie Garbarski (de l’agence Garbarski RSCG, associé de Jacques Seguela), Jean-Marie Perier (cinéaste), Docteur Alfred Saillon (psychiatre – Président de l’Association pour la Prévention des Toxicomanies)


Présentation du clip « la drogue c’est de la merde »

Fiche technique du film « La drogue, c’est de la merde ».
Campagne lutte anti-drogue.
Médias : Cinéma, T.V., Radio, Affichage.
Durée : 1’02’’, date de sortie 8 janvier 1986.
Directeur de création : Jean-Marie Perier.
Directeur artistique : Jacques Seguela.
Commercial agence : Jean-Jacques Lacasse.
Responsable annonceur : Docteur Saillon.
Réalisateur : Jean-Marie Perier.
Maison de production : Major.
Musique : Michel Colombier.

Synopsis

Cour du Lycée Pasteur, à Neuilly-sur-Seine. Trois adolescents. Une presque jeune fille de treize ans parle avec un « grand » (quinze ans, peut-être). A quelques pas, un garçon d’une douzaine d’années les observe avec inquiétude, un mélange d’angoisse et de tendresse pour la jeune fille… Le couple s’éloigne, direction les toilettes. Le grand glisse alors un billet de banque dans sa poche et dépose sur le lavabo un petit paquet argenté. La fille hésite. L’aîné a le regard à la fois sûr et modeste de ceux qui croient avoir réussi à convaincre… Mais… le « petit » va intervenir, bondir, s’emparer du paquet et le jeter dans le cuvette des W. C. avant de tirer la chaîne. Pendant que l’eau coule, des mots apparaissent en surimpression : « La drogue c’est de la merde ». Close-up et fin, le héros prend la fille par l’épaule et affiche… un sourire de héros.

L’affiche.

Simultanément à la diffusion du clip, sur TF1-A2-FR3 et aux messages radio diffusés sur les radios nationales, une affiche conçue par RSCG a été placardée sur 1.500 panneaux à Paris et en banlieue.


Défense du clip « la drogue c’est de la merde »

Le point de vue du publicitaire : Monsieur Eddie Gabarski

J’ai la redoutable tâche de remplacer Jacques Seguela, et ceux qui le connaissent savent que le remplacer est une tâche redoutable. Aussi, je tiens à préciser que je n’ai pas été personnellement impliqué dans le concept et les étapes qui ont précédé la réalisation de la campagne. Je voudrais que vous me considériez en tant qu’homme de communication et non en tant que père du concept, malgré le fait que je m’identifie à 100% à ce qui a été fait par notre agence de Paris.

Ce que la publicité peut faire pour la lessive, elle devrait pouvoir le faire pour les idéaux. Aussi la publicité est le spectacle préféré des enfants. (Ils passent presque 1.000 heures devant la T.V. et uniquement ± 800 heures à l’école)Pourquoi la publicité ne pourrait-elle pas les convaincre du mal de prendre des drogues, bien entendu dans certaines proportions et avec les limites évidentes ?

Je n’essaie pas de vous vendre la publicité, mais je vais vous démontrer par les « pré-tests » et « post-tests » de la campagne qu’il y a une certaine efficacité du langage publicitaire au niveau de la prévention.

Avant d’entrer dans les chiffres, je voudrais faire deux remarques en guise d’introduction.

L’astronaute Glenn a dit un jour : « il y a des gens qui regardent les choses telles qu’elles sont et se demandent pourquoi et il y en a d’autres qui rêvent d’autres choses et se demandent pourquoi pas ?

Et Sartre a dit que « l’argent n’a pas besoin d’idées ».

La Lutte contre la drogue n’aura jamais assez d’idées et de gens qui se battent et essayent de faire quelque chose.

Et je voudrais ici, dans cet état d’esprit, saluer le travail de mon associé français, J. Seguela, de son équipe et des gens qui ont collaboré à la réalisation de cette campagne.

Résultats des pré-tests / Résultats des post-tests

 

Le point de vue du réalisateur : Jean-Marie Perier

L’important est de savoir s’il faut ou non utiliser les médias pour lutter contre la drogue. Car je pense que la moindre des choses lorsqu’on se lance dans une campagne publicitaire contre un fléau comme celui de la drogue, c’est de la réussir. Certaines personnes sont opposées à l’usage des médias dans ces circonstances. Je ne demande qu’à les entendre et je ne prétends pas avoir raison, mais personnellement je suis favorable à cet usage, car c’est tout ce que je sais faire, et je travaille avec les moyens du bord.

Dans la mesure ou l’on se décide de se servir des médias pour engager une campagne de prévention, il est essentiel de garder à l’esprit qu’un film publicitaire est régi par la même règle que celle qui régit les spectacles en général : à savoir, un message touche le public en passant par l’émotion.

Le message publicitaire, c’est du spectacle; le spectacle, c’est d’abord l’émotion.

Les grandes campagnes (appelées dans le jargon publicitaire les campagnes de ministères) sont préparées par de nombreux spécialistes, des psychiatres, des politiques, des technocrates qui réfléchissent, qui travaillent beaucoup et très longtemps pour produire un message juste, intelligent, et qui serve bien la cause qu’ils défendent. Malheureusement, la plupart du temps de tels messages passent beaucoup plus par la réflexion que par l’émotion et du coup manque leur cible.

C’est encore plus vrai lorsqu’on cherche à s’adresser à des enfants.

Or notre conviction est : il faut en parler aux enfants de la drogue. L’idée du Docteur Saillon de faire un film publicitaire se fonde sur la constatation qu’aujourd’hui la conversation en famille a été remplacée par la télévision (télévision qui constitue une des drogues du XXèmè siècle : se servir de la télévision pour lutter contre la drogue, c’est comme se servir d’une maladie pour fabriquer un vaccin). La conversation étant remplacée par la télévision, le seul moyen de s’adresser aux enfants est de passer par la télévision afin de provoquer la conversation indispensable entre parents et enfants à propos de la drogue.

Le pire ennemi de la lutte anti-drogue chez les adolescents est le silence. Beaucoup de parents hésitent à en parler, ne savent pas quoi dire, ont peur. C’est pour briser ce silence que le Ministre français de la Santé, Madame Barzac, vient de lancer une campagne anti-drogue à la télévision et par affiches. C’est formidable car c’est la première fois, qu’un ministre français se sert de la télévision pour lutter contre la drogue. Cette campagne s’adresse aux parents et leur dit : « La drogue parlons-en avant qu’elle ne lui parle » (NDLR : « lui » désigne l’enfant d’une douzaine d’année représenté par le visuel de l’affiche). C’est vrai, c’est juste, c’est cela qu’il faut faire.

Il s’agit d’une campagne destinée aux adultes, c’est pourquoi elle est à la fois calme, prudente et réfléchie, car les parents ont beaucoup de problèmes et de responsabilités. Ils ont souvent peur, ils sont fragiles.

Si les enfants sont en danger, c’est qu’ils n’ont peur de rien. C’est pourquoi lorsqu’on s’adresse à eux, il faut être direct et dire la vérité. C’est la seule façon de véritablement faire passer un message à des enfants. Les conseils, comme chacun sais , ils ne les écoutent pas. La campagne du Ministre de la Santé s’adresse aux adultes. De notre côté, nous avons estimé qu’il était important de faire une campagne s’adressant aux enfants, pour que le dialogue s’installe. Notre clip est beaucoup plus le résultat d’une émotion que d’une réflexion, c’est ce qui fait qu’il a marché, qu’il a été entendu. Je ne crois pas qu’il puisse faire de mal, quoiqu’on nous ait reproché d’être irresponsables, de ne pas savoir ce qu’on faisait, de faire le mal en voulant bien faire, d’effrayer les gens au lieu de les conseiller.

Les enfant, à partir de 11-12 ans, sont confrontés à la drogue et les endroits et les moments auxquels la drogue leur sera proposée échappent aux adultes : les enfants se retrouvent seuls devant ce problème.

Le but de note clip est d’armer les enfants en leur donnant un réflexe ou en essayant de leur faire comprendre qu’ils peuvent avoir le beau rôle de l’histoire en refusant la drogue et non pas, comme c’est courant, en ayant l’air d’un imbécile ou d’un peureux en la refusant.

Tel était notre but, je pense qu’il a été atteint.

C’est pourquoi je répondrais « oui », à la question « faut-il ou non se servir des médias ? ».

 

Le point de vue du psychiatre : Docteur A. Saillon

Les premiers exposés de ce matin m’ont fait comprendre, m’ont convaincu, que nous nous étions complètement trompés, et que nous nous sommes égarés en utilisant ce type de message « coup de marteau, coup de point » et en assénant des vérités qu’il n’aurait peut-être pas fallu dire.

Je retiens la phrase de Monsieur Bastin qui me rend sage puisqu’il m’a convaincu qu’il ne fallait pas chercher à convaincre les gens lorsqu’ils étaient convaincus de ne pas avoir tort. Je ne vais donc pas chercher à vous convaincre et faire mon mea culpa d’avoir fait une ignominie que vous avez pu voir tout à l’heure. Et enfin, j’ai tout à fait compris le message de Madame Roelandt : finalement dans quelques années, nous considérerons que la condamnation du recours aux drogues est tout aussi erronée que la condamnation que pendant des siècles nous avons eu vis-à-vis des sorcières et de la masturbation. En conséquence, ce que je vais vous raconter, c’est donc la somme d’erreurs que nous avons commises jusque-là en considérant qu’il fallait chercher à dissuader les adolescents de recourir à la drogue.

Vous vous êtes beaucoup étendu, et à juste titre, sur les motivations de ceux qui ont recours à la toxicomanie pour comprendre le meilleur moyen d’aborder le problème avec eux.

C’est un aspect du problème, l’aspect thérapeutique individuel, et il est indubitable qu’en face de chaque toxicomane on a affaire à un problème parfaitement individuel, à une histoire tout à fait originale et qui n’a rien à voir avec l’histoire de tous les autres.

Si l’on veut faire de la prévention, nous nous sommes dit bêtement que si on perdait du temps à regarder les problèmes de chacun, on ne pourrait jamais s’adresser à la collectivité. Que si on voulait s’adresser à la collectivité efficacement il fallait chercher le plus petit commun dénominateur qui nous permette par un seul message – et le message collectif ne peut être que bref si on veut qu’il soit compris – de s’adresser à tout le monde et il fallait bien commencer par un des aspects du problèmes, et tout comme la masturbation était épidémique, tout comme la sorcellerie était épidémique, nous nous sommes demandés si la toxicomanie n’était pas aussi en partie épidémique. Nous nous trompons sûrement mais il se fait qu’il y a quelques années il y avait peu de toxicomanes mais lorsque le produit est arrivé sur le marché, la toxicomanie est apparue de façon plus extensive.

Erreur scientifique mais erreur dans laquelle nous avons plongé et à partir de laquelle nous avons considéré que le produit avait une certaine importance, ce qui est faux nous a dit Monsieur Bastin ce matin. Que la puissance du produit n’était pas anodine dans le fait que l’on devienne plus ou moins vite un adepte, il semblerait que ce ne soit pas vrai.

Il semblerait aussi que les conséquences du produit ne soient dues qu’à la littérature. Donc nous allons arrêter tout parce que finalement s’il n’y a plus de littérature, il n’y aura plus de conséquences au produit. Nous sommes donc partis du fait qu’on pouvait agir au stade de l’apprentissage; il n’y avait pas de drogues avant, la drogue arrive, on n’en consommait pas, on apprend à en consommer. Comment apprend-on a en consommer ? De quelle façon ? Peut-on intervenir à ce niveau ? Peut-on intervenir sur un phénomène d’imitation, sur un phénomène de mode, sur un phénomène d’apprentissage ? Je n’entrerai pas dans des perspectives psychologiques plus compliquées mais c’est là-dessus que nous avons cherché à travailler. Et c’est le seul message que le psychiatre est allé demander au publicitaire en lui disant : essaye de donner aux enfants la possibilité de dire « non », de le dire fièrement, de ne pas avoir honte de le dire, et de ne pas être en position de dépendance en face de celui qui le sollicite.

Et à partir de là, on est entré dans des discussions, des scénarios possibles et multiples et finalement le film que vous avez vu est sorti du fruit de l’imagination de J.-M. Perier, du fruit de son émotion personnelle, d’un vécu d’une expérience propre et qui a fait qu’il nous a sorti quelque chose qui vient du fond de ses tripes et qui à touché considérablement – et les chiffres sont secs et durs mais ils sont tout à fait spectaculaires sur le fait que le message en tout cas a été ressenti parfaitement, intégralement, sans déviance, sans faux-message comme on avait pensé initialement que ce type de message pouvait être plus incitatif que etc…

Voilà, ce n’est pas un exposé scientifique mais un cri de foi d’un médecin qui considère que lui, médecin, ne sait pas soigner les toxicomanes, qu’il en a laissé trop mourir, mais qu’il fallait faire autre chose que tout simplement attendre, écouter et comptabiliser ensuite les décès.


Faire dire « non à la drogue »

Jacques Zwick

Merci à l’équipe. Utiliser les médias, utiliser la pub, elle l’a fait. Du message qui nous est transmis, je retiens personnellement trois choses essentielles :

  • Il faut passer par l’émotion. C’est vrai.
  • Il faut parler aux enfants, la prévention doit commencer tôt.
  • Il faut dire la vérité.

Le Docteur Saillon a montré qu’à provocateur, il peut y avoir provocateur et demi. Il a eu raison de relever ce qui pouvait être perturbant dans des questions sans réponse. Une conviction nous est commune et, je crois, est commune à tous ceux qui sont dans cette salle : la drogue c’est de la merde.

Si nous ne le pensions pas, nous n’aurions jamais créé Infor-Drogues pour lutter contre elle. Notre interrogation porte uniquement sur les moyens les plus adéquats à cette lutte mais quant aux fondements de cette lutte, nous sommes tout à fait sur la même longueur d’onde, je tiens à vous le dire. Avoir appris aux enfants à voir la fierté de dire « non » alors qu’on sait le snobisme qu’il peut y avoir à dire « oui », est chose extrêmement importante et, à cet égard, nous avons intérêt à nous écouter les uns, les autres. Les publicitaires ont raison d’écouter les psychologues. Et les psychologues doivent aussi écouter ceux qui utilisent la publicité parce que c’est vrai qu’aujourd’hui, il faut utiliser les médias d’aujourd’hui pour atteindre un public qui en est incontestablement friand.

J.-M. Perier

Je voudrais, si vous permettez, donner la parole à un autre publicitaire, Monsieur Baudry, car il a fait récemment une action d’intérêt communal qui reprend la même trajectoire : recourir aux multimédias et faire dire aux gens : « nous on dit non à la drogue ».

J. Zwick

C’est un apport imprévu, mais tout enrichissement est heureux. Je vais lui donner la parole en lui demandant la brièveté parce que je crois que la débat sera très important.

M. Baudry

En tant que publicitaire, j’ai été amené à travailler pour une municipalité qui se trouve à côté de Marne la Vallée et qui a fait en France, une première.

Vous avez vu la campagne faite par J. Seguela avec le Dr Saillon et J.-M. Perier. Auparavant, il y a eu quelques actions en France, mais toujours à l’origine du privé. Il a fallu attendre 1986 pour que l’Etat, avec Michèle Barzach, fasse quelque chose.

Les différentes personnes qui avaient des contacts avec les localités, les municipalités, leur disaient : « N’attendez pas que tout vienne tout cuit de l’Etat, n’attendez pas qu’une autre institution vous donne les moyens de faire quelque chose, si vous êtes concernés par le fléau, faites quelque chose, faites-le vous-même ». Aucune municipalité ne l’avait fait en France jusqu’à Noisy, et Noisy l’a fait parce que le département sur lequel elle se trouve est un département très touché par le phénomène et sa municipalité, son territoire, commençait à être fortement touché notamment par les phénomène de circulations liés au métro et aéroair via Marne la Vallée.

Elle a donc commencé par ouvrir un centre de prévention, appelé « Marie Curie », qui se définit en quelques mots : dialogue – accueil – écoute – information.

Pour l’inauguration de ce centre, elle a décidé de parler par l’intermédiaire des médias et des grands médias puisqu’il s’agit des panneaux d’affichage. Or, sur la ville il n’y a pas plus grand média que l’affichage. Il n’y a pas de réseau câblé, il n’y a pas de télévision. L’affichage, la presse et les radios locales, voilà les trois grands médias qui ont été utilisés, relayés par un certain nombre de matériels, distributions de tracts, des badges et des autocollants.

Cette campagne c’est : « Nous, on dit non à la drogue ! » et il est vrai qu’elle reprend le schéma, l’idée de base que J.-M. Perier et J. Seguela ont créé : c’est la valorisation des jeunes qui disent non à la drogue. Ils sont là. Ils ont les bras levés, ils sont en V.

On a voulu faire une campagne d’ouverture et d’espoir, avec les jeunes eux-mêmes mis en scène. Il y a également eu un message destiné aux parents, parce que Noisy le Grand est une ville nouvelle, entièrement bétonnée, avec des gens qui viennent travailler et qui repartent, une déstructuration ressentie de façon profonde et le phénomène de la drogue est peut-être aussi lié au phénomène de la cellule familiale.

Donc, on a cherché à montrer une famille : le père, la mère, entourés d’enfants qui disent tous : « Non à la drogue » et on leur fait dire : « Apprenez leur à jouer, à parler, à rire, à aimer ». En gros, on leur dit : « Apprenez leur à vivre bien ».

Ces mots, ce sont des mots forts. Que ce soit la profession de foi, « nous on dit non à la drogue », ou que ce soit l’utilisation de ces mots qui sont des mots simples, des mots justes mais des mots qui définissent bien et qui qualifient bien la vie qu’on aimerait tous avoir. Il y a eu donc le cumul des deux messages avec mise en place des jeunes et mise en place des enfants. Voilà pour ce qui est de la campagne.

A notre niveau, les résultats sont facilement calculables en termes pratiques, pragmatiques. Cela a été des jeunes qui sont venus au centre Marie Curie acheter des tee-shirt sur lesquels est imprimé : « Nous, on dit non à la drogue ! », demander des affichettes parce qu’ils les trouvaient belles et simplement pour cela, demander des badges. Il y a eu également des parents qui ont téléphoné au centre pour obtenir des rendez-vous et dire : « Écoutez, je ne sais pas si mon fils ou ma fille se drogue, mais je voudrais savoir aborder le dialogue avec eux. Comment faire pour ouvrir ce dialogue ? » Et puis, il y a eu des enfants qui sont venus et qui nous ont dit : « Moi, la drogue on m’en a déjà proposé, je n’y ai pas encore touché ou pas vraiment mais je voudrais en savoir plus ».

Je crois que c’est un petit peu la vocation de chaque municipalité d’offrir à ses administrés une structure de cette sorte composée d’un centre et de faire vivre le message qu’on veut faire passer c’est-à-dire « la drogue c’est de la merde », « nous on dit non à la drogue ». Il est sans doute plus facile de travailler au niveau du microcosme qu’est une petite ville qu’au niveau de l’Etat.

On a pensé agir sur les classes de 4ème et de 3ème, 12, 13, 14 ans, là où apparaît le risque de chuter sur la drogue. Une fois que ces enfants se droguent, que peut faire la communication ? On va organiser un concours, c’est un projet qui est en train de se mettre en place, et leur dire : nous, on dit non à la drogue. Vous, est-ce que vous le diriez ?

On va leur demander de se regrouper de 4 ou 5. On leur a distribué des chartes de story board, de sorte à faire des films parce qu’on pense que l’audio-visuel est pour eux le meilleur outil pour s’exprimer. Le meilleur projet sera réalisé, on s’y est engagé. On le fera réaliser de façon professionnelle et on le diffusera dans les salles de cinéma locales et environnantes.

Les établissements scolaires de Noisy et d’ailleurs ont demandé au centre Marie Curie de faire des interventions de sensibilisation, c’est-à-dire que les enfants demandent qu’on vienne leur parler de la drogue.

C’est une action locale, une action de relais de tout ce qui est engagé tant par l’Etat, par le Dr Saillon, mais c’est une action exemplaire parce que c’est la première fois qu’une municipalité s’engage à dire non à la drogue.


Débat

Les différents thèmes abordés :

  • La publicité comme toxicomanie
    Intervenant : Claude Stoclet, docteur du « Rapid » à Liège

  • L’impact des messages diffusés
    Intervenants : G. Muller; J-M Perier, cinéaste; Dr Parisel, psychiatre; Dr Figel, hôpital « Volière » à Liège; J-P Jacques, médecin au projet LAMA; Dr Saillon, psychiatre; Isabelle Voisin, psychologue-psychothérapeute en centre de planning familial
  • L’utilisation des messages
    Intervenants : Henri Bartes, proviseur de l’athénée Charles Jansens; Philippe Bastin, directeur d’Infor-Drogues; Dr Saillon, psychiatre; Claude Bloch, psychiatre – membre du conseil d’administration d’Infor-Drogues; Mr Garbarski, publicitaire; Martin Petras, psychologue; J-M Perier, cinéaste

 

La publicité comme toxicomanie

Claude Stoclet, docteur du « Rapid » à Liège

Ma question s’adresse au Dr Saillon ainsi qu’à Philippe Bastin. Il semble que quand on parle du message publicitaire, il y a un grand vide dans cette explication dans la mesure où on donne un message, mais on ne le justifie pas, on s’adresse aux jeunes en leur disant : la drogue c’est de la merde.

On nous parle d’émotions, mais toute campagne publicitaire a un sens, et je trouve que le sens de celle-ci n’est pas tellement apparu.

Au delà des questions posées par le pré et post-test, j’aurais voulu qu’on réfléchisse de manière plus large sur les bons et mauvais effets d’une telle campagne.

Je crois pour ma part qu’il faut se servir des médias, mais en s’interrogeant sur la signification des messages. La publicité a, c’est évident, des effets. Certains disent que la publicité incite à la toxicomanie car elle propose un « produit » comme réponse à tout problème de société. Elle se sert de l’émotion pour suggérer un produit comme solution. En ce sens, la publicité fait plus qu’inciter à la toxicomanie : elle est elle-même une toxicomanie, qui engendre une dépendance.

Cette hypothèse mérite à mon avis une toute autre réflexion celle qu’on nous a proposée ici.

L’impact des messages diffusés

G. Muller

Je représente l’Association Nationale des Intervenants en Toxicomanie en France et mon métier est éducateur de rue dans le Forum des Halles à Paris.

Ma question s’adresse peut-être à J.-M. Perier, parce que j’ai envie de parler avec lui. Il ne faut pas être ringard et on doit se servir des médias pour faire passer les messages.

Mais je me suis opposé, en France, à la diffusion du clip que l’on vient de voir, ne serait-ce que parce qu’à la fin il ne propose pas de solution.

Mon autre critique était l’absence de numéro de téléphone auquel le public aurait pu appeler et qui aurait permis à la fois de prolonger l’information et d’en mesurer l’impact.

Le Comité National de Prévention de la Délinquance, sous l’égide du Ministre de la Santé, Madame Barzach, a lancé un autre clip doté d’un « numéro vert », c’est à dire un numéro d’appel téléphonique gratuit. J’ai eu un compte rendu des appels et donc une mesure de l’impact. De l’avis des intervenants en toxicomanie en France, cet impact est un échec, surtout si on se rappelle que le clip à coûté 6,5 millions de FF, malgré le travail gratuit de l’agence Havas et du réalisateur Luc Besson. Le numéro vert a reçu 23.675 appels, dont seulement 20% constituaient une véritable conversation (± 10 minutes).

Le message du clip s’adressait aux parents, mais ce sont surtout des enfants de moins de 12 ans qui ont appelé.

Voilà l’impact ! Où s’est-on planté ? Mais il y a pire : ce clip passait à la télévision en même temps qu’un autre clip publicitaire – cela me faisait hurler de rire – pour le parfum « OPIUM » qui avait de merveilleux relents de dépendance. C’est un peu dur quand même d’entendre des trucs comme ceux-là.

J.-M. Perier

De quel film parlez-vous ?

G. Muller

De celui du Ministère de la Santé, pas du vôtre !

Je suis d’accord avec un slogan comme « la drogue parlons-en », parce que je pense effectivement qu’il faut en parler. Mais lorsqu’on se lance dans une campagne à l’échelle nationale, il faut être attentif à éviter les effets pervers, les contradictions, et un coût trop élevé.

Dr Parisel, Psychiatre

Ceux qui répondent « oui », à la question « faut-il utiliser les médias ? » le font par croyance. Je voudrais dépasser cette croyance en répondant « oui, il faut employer les médias dans la mesure où cela peut permettre de faire circuler une parole ». Le média a son importance en tant que tel mais si le message qu’il diffuse n’est pas repris à l’intérieur d’une structure ou d’un groupe permettant de faire circuler la parole émise et qui peut émerger grâce à l’émotion suscitée par le clip, ce message sera nul et non avenu. Parallèlement à l’usage des médias, il y a lieu de créer des structures où ces médias sont en quelque sorte « remédiatisés », reparler. Sinon, le travail est incomplet.

Dr Figel, hôpital « Volière » à Liège

Je voudrais savoir si l’impact des messages du genre de ceux qu’on nous a présentés a été étudié sur les sujets qui consomment déjà, soit occasionnellement, soit habituellement. Autrement dit, a-t-on vérifié que ces messages ne passent pas à côté de ceux qu’ils concernent réellement et ne se contentent pas de renforcer les convictions des personnes déjà convaincues ?

Par ailleurs, je voudrais dire que les réactions du Docteur Saillon m’ont convaincu de l’importance, comme le disait Micheline Roelandt, de l’aspect émotionnel et passionnel du thème de la drogue.

Jean-Pierre Jacques, médecin au projet LAMA

J’ai trouvé très vive et saillante la réponse du Dr Saillon. J’ai l’impression que les publicitaires sont, inévitablement, mis à contribution pour promouvoir une nouvelle morale. Et il va de soi que nous y souscrivons. En tout cas, nous sommes bien priés d’y souscrire et d’applaudir, aussi bien quand on est interviewé par les enquêteurs de la firme d’enquête dont on a eu les résultats que quand on est dans la salle, ainsi mis à notre tour à contribution.

Ma réflexion de thérapeute est celle-ci : pour la plupart des toxicomanes que l’on rencontre, et dans notre centre c’est par bon nombre qu’on les voit arriver, on constate que ce sont des gens qui on raté la marche. Ce sont des gens qui n’ont pris le discours moral et les instructions qui sont ainsi émises qu’à contre-pied. Cela se vérifie actuellement avec le crack. Quand une émission passe sur le « crack », les gens que nous rencontrons, s’ils sont des adultes, bien dans leur peau, tressaillent d’horreur et se disent : comment peut-on consommer des produits pareils ? Quand ce sont des toxicomanes ou des gens en difficulté sur un versant suicidaire ou sur un versant profondément interrogateur, interrogés par leurs douleurs et par leurs désirs, cela leur donne envie d’en prendre.

Au plus le message contient de prescriptions morales, au plus on voit se dessiner un partage entre ceux qui vont observer ces règles morales et ceux qui vont y contrevenir.

Je voulais savoir quelle était votre position, confrère Saillon, à cet égard ?

Docteur Saillon

Il faut situer notre film dans son contexte historique. Jusqu’à sa sortie, en janvier 1986, il était tabou, en France d’utiliser les grands médias pour aborder le problème de la drogue. Ce tabou se basait sur des interrogations que Monsieur Muller, ici présent, nous a rappelées ce matin. Monsieur Muller était opposé à notre campagne, il l’a clairement exprimé avant et après. Il a quand même accepté de participer avec nous à une relance de notre campagne ciné-télé-affiches, cette fois avec un numéro vert et en association avec l’ANIT. Mais un numéro suppose une structure d’accueil et d’écoute basée sur une organisation beaucoup plus vaste que celle qu’un groupe de pirates comme nous pouvait monter : cela à avorté, malheureusement.

Si je suis heureux de vous présenter aujourd’hui Monsieur Baudry, c’est qu’au delà du slogan « Nous on dit non à la drogue », le slogan le plus fort de son affiche est « Noisy le Grand s’engage ». C’est à dire une ville s’engage : chacun de nous dit « moi aussi je dit non ». C’est contagieux.

Lorsqu’une commune s’engage, lorsque les enfants des écoles de Noisy le Grand vont faire ce concours, vont défiler dans la rue disant : « Nous aussi on dit non ! », cela crée des lieux de paroles, des lieux d’échanges. Le Centre Pierre Marie Curie existe. Il est annoncé par ça. Certains centres en France manquent de clients. Ils sont là, les thérapeutes sont là, mais personne n’y vient. Pourquoi ? Parce qu’ils ne se vendent pas. Ils ne font pas savoir qu’ils existent, ce qu’ils font. Je n’ai pas à critiquer les méthodes thérapeutiques de chacun. Chacun est très sûrement convaincu que ce qu’il fait est très bien. Et je suis sûr qu’il le fait avec beaucoup de cœur et très bien. Mais cela ne se sait pas. La publicité sert à vendre son savoir-faire. Sert à dire aux toxicomanes, aussi : « Mon centre existe, venez me voir ». Il y a un lieu de parole, d’écoute.

Notre campagne était une première. Ce n’est ni la seule ni la meilleure possible, mais elle a eu la vertu d’ouvrir le débat. Elle est suivie. La campagne de Monsieur Baudry peut exister aujourd’hui parce que nous avons violé les consciences. Nous espérons que des campagnes à l’échelon local (et c’est là que c’est le plus fort) prendront naissance un petit peu partout, que nous pourrons organiser beaucoup plus souvent des actions comme celle-ci au niveau communal.

Je pense avoir répondu aux soupçons d’effets pervers, d’incitation et de transgression qui ont été formulés contre notre film. Comment mesurer ces effets pervers ? Les tests présentés n’ont pas été faits à notre demande mais à celle de la mission interministérielle de lutte contre la toxicomanie qui voulait démontrer que le clip comportait des messages pervers d’incitation et d’incompréhension.

Les psychologues et psychométriciens (nombreux dans la salle) savent à quel point les test sont relatifs. Mais ce sont les seuls outils dont nous disposons et, dans le cas présent, ils n’ont pas été réalisés par nous et sont donc peu susceptible d’avoir été pervertis.

Isabelle Voisin, psychologue-psychothérapeute en centre de planning familial

Je suis responsable d’une consultation qui s’occupe de problèmes de drogues, et essentiellement du questionnement des parents. J’ai eu également l’occasion de rencontrer des jeunes, dans une permanence « jeunes ». Ce qui m’a fort intéressée dans le débat aujourd’hui, c’est votre implication personnelle à tous.

On l’a suffisamment répété avant moi, à tous les niveaux, média, individuel, relationnel, nous sommes tous émotionnellement impliqués. Alors je voudrais remercier tout particulièrement Madame Roelandt d’avoir attiré l’attention sur le rôle de notre inconscient dans ce questionnement que pose la drogue aujourd’hui.

Effectivement, les publicitaires, à leur niveau, en parlant « émotions », ont joué à plein avec leur inconscient pour répondre ou pour questionner peut-être un inconscient de masse auquel à fait référence Monsieur Bastin.

Mais sur le plan individuel, ces messages ne passent pas toujours. Les groupes-relais, dont Madame Bertouille a parlé, sont peut-être le lieu où faire passer le niveau inconscient au niveau relationnel.

En tant que psychothérapeutes, nous avons l’occasion de répondre, de questionner les personnes qui ont fait appel à nous.

L’utilisation des messages

Henri BARTES, proviseur de l’athénée Charles Jansens

Ma question s’adresse à Monsieur Bastin.

Dans les établissements scolaires, nous sommes fort désemparés face au phénomène, nous voudrions y faire face mais on a peur de mal faire, surtout au niveau de l’information, de la prévention. Je viens à la recherche de conseils. Que faire ? Comment organiser une information ? Est-ce les professeurs eux-mêmes qui sont les mieux placés pour faire cette information ? Les professeurs de morale plus particulièrement ? A quel niveau, 1ère, 2ème, 3ème, l’information doit-elle se situer ? Est-il préférable de faire venir des personnes extérieures ? Vaut-il mieux s’adresser à un petit groupe qu’à un grand groupe ? Éviter l’information frontale ?

Je m’adresserai peut-être au Dr Saillon. Le clip qui a été fait peut-il être utilisé en classe en vue d’une discussion, dans le souci d’une information complète et sécurisante ?

Philippe Bastin

Nous n’avons pas organisé cette journée pour prétendre détenir la vérité ou régler des comptes mais pour donner la parole à tout le monde. Car notre société ne va pas sortir de sitôt de problèmes comme celui de la drogue.

Micheline Roelandt nous a expliqué que le problème n’est pas neuf : il existe peut-être depuis le début des temps.

Je dis clairement « oui aux médias » et je les utilise moi-même. La question « pourquoi parler des drogues dans les médias ? » me semble dépassée, car, de toute façon, les médias en parlent. L’intérêt est de s’interroger sur le « comment ? ». Si j’ai invité l’équipe de Paris, c’est parce qu’elle a fait un travail de qualité, qui a été pensé et réalisé avec émotion. Je ne désire donc pas polémiquer. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas la question technique « comment fait-on un clip ? », mais ce qu’un clip produit comme sens, comme effet non sur des gens déjà « vaccinés » contre la drogue mais sur des gens « flottants ». Quel sera l’effet à long terme de l’usage des médias ?

Il est nécessaire d’utiliser les médias en se posant cette question car ce qui passe sur les antennes de radio et de télévision n’est pas satisfaisant, mais engendre l’angoisse, la fatalité, la panique.

Je voudrais qu’on arrive à changer l’état d’esprit. La question que je me pose est : faut-il indiquer ce qu’il faut changer, faut-il être raisonnable, raisonnant, logique ? Ne risque-t-on pas de tomber dans le message « dubbel band » style « soyez spontané » qui fait que plus personne ne rigole ou n’est spontanée. Peut-être est-il préférable de faire réfléchir, c’est-à-dire parler un rien à côté du sujet. Faire réfléchir les adultes, susciter la question « tiens, au fond, qu’est-ce que c’est que cette histoire de drogues ? » C’est peut-être moins spectaculaire mais plus payant qu’un message normatif.

Concernant l’information dans les écoles, je ne développerai pas ce sujet ici mais rappellerai certains principes et techniques utilisés. Notre principe fondamental est de ne pas disqualifier les gens qui sont dans l’école. Nous ne sommes pas là pour prendre leur place : nous faisons un travail de spécialistes mais nous ne sommes pas des spécialistes dans l’école. Des actions sont possibles au niveau des jeunes ou des adultes dans l’école, mais il faut les faire ensemble, les réfléchir, les préparer. Une école n’est pas une autre, un public n’est pas un autre. Il s’agit donc de prendre le temps de réfléchir, de se rencontrer, de voir de quoi il s’agit. Que veulent faire les gens de l’école ? Qu’y a-t-il lieu de faire ? Comment allons-nous procéder ?

Ce n’est certainement pas en étant parachuté dans une classe pour y parler deux heures des dangers de la drogue que l’on arrive à un résultat. Du moins, un résultat positif ! Nous travaillons donc sur le long terme.

Le Ministre Bertouille a lancé des projets pilotes de travail de formation de relais dans un certain nombre d’établissements. C’est une formule que nous serions ravis de multiplier avec vous ! Outre Infor-Drogues, nombreuses sont les institutions qui sont prêtes aujourd’hui à travailler au niveau de la Communauté française dans cet esprit-là.

Docteur Saillon

Un petit mot à propos de la question « le film peut-il être utilisé dans les classes ? Quelle que soit la forme que prendrait, par exemple, l’intervention de délégués d’Infor-Drogues dans une école, cette projection du clip peut être l’amorce d’une discussion dans le classe.

Nous avons l’expérience, en France, de ce qu’on appelle les carrefours de métiers. Il s’agit de réunions annuelles où les adolescents de 11 à 15 ans rencontrent des représentants de diverses professions, pour les interroger sur les carrières possibles offertes par leur spécialité. Lors d’un de ces carrefours de métiers, nous avions installé un stand dans lequel une vidéo diffusait notre clip. Ça a été l’occasion de regroupements, de discussions, de dialogues, d’un lieu de parole.

Notre film n’est donc pas seulement un coup de poing, il est également l’amorce d’un message.

Claude Bloch, psychiatre – membre du Conseil d’Administration d’Infor-Drogues

Je m’adresse aux publicitaires et je voudrais qu’ils m’expliquent la signification exacte du slogan « la drogue, parlons-en ! » La cible est-elle les jeunes ? Parlons-en entre jeunes. La cible est-elle les parents, les adultes. Parlons-en entre adultes. Ou la cible est-elle les parents, parlons-en aux jeunes ? Je dois avouer que l’affiche, qui est passée rapidement et que je ne connaissais pas, ne m’a pas permis de déterminer cela.

Si ce sont les parents qui sont visés, je ne suis pas convaincu qu’ils soient capables de parler aux jeunes de drogues ou de réagir adéquatement. Que les 82% de ceux qui ont dit, après avoir vu les clips, « je suis capable de parler « drogues » avec mes enfants » en soient réellement capables. Et je me rappelle ce dépliant des années 70 aux États-Unis qui disait : « M’enfin, Maman, pourquoi es-tu tellement contre les drogues, tu n’y connais absolument rien ». Si un message doit être envoyé aux parents, je préfère personnellement : « Parles-moi de toi, je t‘écoute ».

Monsieur GARBARSKI

Deux remarques pour commencer. La première est que les chiffres des pré et post-test prouvent irréfutablement l’effet positif de notre clip. La seconde est que les questions qui viennent d’être posées montrent que le public a une fâcheuse tendances à demander des miracles aux publicitaires.

Je crois que le scénario du film est bon. Nous, publicitaires, avons osé faire quelque chose. Nous nous sommes adressé à un public large, en cherchant à toucher la fraction du public susceptible d’être influencée par ce genre de message émotionnel, sans espérer convertir des toxicomanes.

Le pouvoir d’action des médecins sur les toxicomanes est très limité : n’en demandez pas plus aux publicitaires.

En ce qui concerne les critiques qui ont été formulées contre les chiffres que nous vous avons présenté, je voudrais dire que 80% de parents affirment que le clip constitue une bonne entrée en matière d’une discussion avec leur enfant aux sujet de la drogue : il ne prétendent pas que le clip leur donne les informations nécessaires à cette discussion.

Martin PETRAS, psychologue

Je voudrais demander au réalisateur du film, ou au scénariste, plus de précisions au niveau de l’émotion. Quelle émotion pensez-vous manier dans votre film et comment voyez-vous cela ?

Il s’agit d’une histoire d’amour dans votre film et on se demande pourquoi ce dealer, qui est beaucoup plus grand et beaucoup plus fort que le petit, ne réagit pas dans ce scénario, pourquoi il ne lui casse pas la figure par exemple.

Il y a là quelque chose de l’ordre de l’imaginaire que vous suscitez et qui se termine en queue de poisson.

J.-M. Perier Nous sommes conscients, c’est évident, de ce qu’un clip publicitaire ne va pas résoudre le problème de la drogue. La phrase finale – dont je suis l’auteur – a pour unique but de provoquer la conversation entre les enfants et leurs parents. Si le message final du film avait été « moi je dis non à la drogue », tout le monde aurait applaudi, et trois jours après tout était oublié. Il est vrai que l’histoire racontée est incomplète : effectivement, le dealer va peut-être faire une grosse tête au môme. Le clip dure une minute et il est impossible de raconter toutes les histoires en une. L’important est d’atteindre le but fixé, ici de provoquer une conversation entre enfants et parents sur la drogue.

En ce qui concerne les numéros de téléphone gratuits (téléphones verts) qui structurent et récupèrent les demandes, je me sens peu qualifié pour en parler, mais je me demande si l’usage de ces numéro ne suppose pas un accord des répondants sur la thérapie à conseiller. Or, à ce jour, aucune thérapie ne donne plus de 25% de résultats, ce qui, en médecine, constitue un pourcentage faible.


Résultats des pré-tests

Pré-test de la campagne d’affichage fait le 16 juillet 1986 sur des dessins et non sur les documents terminés :

Les questions :

  • Avez-vous remarqué les affiches qui étaient présentées ? / Adultes : oui : 45% Adolescents : 42%
  • Pour chacune de ces affiches, dites-moi si elle vos plaît, déplaît ou vous laisse indifférent.
    • L’affiche « La drogues, c’est de la merde » / Adultes : plaît : 59% Adolescents : 80%
    • L’affiche « La drogue, alors parlons-en » / Adultes : plaît : 55% Adolescents : 62%
  • Ces affiches vous ont-elles fait réfléchir ? / Adultes : oui : 39% Adolescents : 58%
  • Êtes-vous surpris qu’on aborde la question de drogue par l’intermédiaire des affiches ?
    • Adultes : oui : 13% ; non : 87%
    • Adolescents : oui : 17% ; non : 83%
  • Pour vous est-ce une bonne ou une mauvaise chose qu’on aborde la question de la drogue de cette manière ? / Adultes : bonne : 93% Adolescents : 94%
  • Êtes-vous ou non choqué qu’on parle de la drogue avec une expression comme… / Adultes : non : 87% Adolescents : 93%
  • Voici une liste d’adjectifs pouvant qualifier cette campagne d’affichage ; quels sont ceux qui selon vous s’appliquent le mieux à cette campagne ?
    Réponses par ordre décroissant : d’actualité, nécessaire, utile, original, dissuasif, percutant, vulgaire, choquant, déplacé.
  • Ces affiches constituent-elles oui ou non à votre avis, une bonne occasion pour les parents et les enfants d’aborder ensemble les problèmes concernant la drogue ? / Adultes : oui : 81% ; Adolescents : 80%
  • Si après avoir vu ces affiches vos enfants ou vos parents vous posaient des questions sur la drogue et les drogués, vous sentiriez-vous « tout-à-fait », « plutôt », « plutôt pas », « pas du tout », en mesure de leur répondre ? / Adultes : tout-à-fait : 86% ; Adolescents : 72%
  • A propos des enfants tels qu’il sont montrés sur ces affiches, êtes-vous d’accord ou pas d’accord avec chacune des opinions suivantes :
    • Ils ressemblent à tous les enfants et montrent que la drogue est un danger pour tout le monde. / Adultes : oui : 69% ; Adolescents : 86%
    • Tels qu’ils sont montrés, ils donnent une image tentante de la drogue. / Adultes : pas d’accord : 88% ; Adolescents : 94%
    • Au total, diriez-vous que ces affiches incitent plutôt les enfants à rejeter la drogue ou à être tentés par la drogue ? / Adultes : à rejeter : 54% ; être tenté : 9% – Adolescents : à rejeter : 80% ;   être tenté : 8%

Résultats des post-tests

Dans l ‘ensemble, le scénario du film a été convenablement restitué avec plus ou moins d’inexactitude selon les interprétations et selon le slogan « la drogue c’est de la merde ».

L’image choc, c’est la drogue que l’on jette dans le W-C., et qui constitue l’épilogue du film. Son héros est le plus petit des garçons qui jette la drogue dans le W-C.

La quasi totalité des gens interrogés ont plus au moins correctement restitué le scénario. Par contre, ceux qui ne l’ont pas correctement restitué ont retenu le message à 100%.

82% des gens ne sont pas surpris que l’on aborde la question de la drogue par l’intermédiaire d’un film comme celui-ci. 91% considèrent que c’est une bonne chose d’aborder la drogue de cette manière, sous la forme d’un film publicitaire à la TV; 52% trouvent le film émouvant, notamment parce qu’il montre les jeunes et qu’il est réaliste.

Le principe du film est bien accueilli par les personnes qui ont déjà eu l’occasion de le voir; 42% des interviewés estiment qu’il s’agit d’une bonne publicité, simple, explicite et bien faite; l’utilisation des gros mots ne choque que 15% des personnes interviewés. Pour 85% des personnes ce film est une bonne occasion pour les enfants et les parents d’aborder ensemble les problèmes concernant la drogue. Premièrement, parce qu’il permet une bonne entrée en matière et ensuite parce qu’il donne la possibilité aux parents de mettre en garde les enfants.

Au total, 77% des interviewés considèrent que ce film incite plutôt les enfants à rejeter la drogue, versus 9% qui donnent avis contraire.

Quelques questions / réponses du post-test :

  • Pouvez-vous me raconter brièvement ce film ? De quoi vous souvenez-vous ?
    • La drogue jetée dans les toilettes : 70%
    • Reconstitution exacte du scénario : 50%
    • Reconstitution exacte du slogan : 21%
  • Que voulait-on dire par : « La drogue, c’est de la merde » ?
    • Il ne faut pas consommer, toucher à la drogue.
    • La drogue c’est mauvais pour la santé.
    • Mettre en garde les jeunes, les sensibiliser, les informer, leur faire prendre conscience du danger de la drogue.
    • Il ne faut pas imiter les grands, faire comme tout le monde.
    • On sensibilise les parents, « attention à la drogue dans les lycées ».
    • La drogue gâche une vie, ne vaut pas le coup d’essayer.
  • Et qu’en pensez-vous ?
    • C’est une bonne publicité, simple, explicite, bien faite, claire.
    • C’est bien de montrer aux jeunes qu’il ne faut pas se droguer, ne pas se laisser entraîner.
    • C’est bien que la TV en parle, il fallait le faire.
    • La drogue c’est moche, c’est con.
  • Les jeunes sont très toucher par la drogue, est-ce que ça peut les convaincre, quel impact cela peut-il avoir ?
    • Fait réfléchir les parents et les enfants.
    • Tout le monde est concerné.
    • Cela peut arriver à tout le monde et pas « qu’aux autres ».
    • Montre que tout le monde n’est pas attiré par ça, car il met en scène les enfants.
  • Pour vous est-ce une bonne ou une mauvaise chose que d’aborder la question de la drogue de cette manière.
    • Bonne chose : 91%
  • Etes-vous ou non choqué qu’on parle de la drogue sous forme d’un film publicitaire ?
    • Non : 93%
  • Quelques remarques intéressantes :
    • Constitue une entrée en matière pour engager une conversation de manière naturelle au sujet de drogue.
    • Permet aux parents de mettre en garde les enfants contre les méfaits de la drogue.
    • Occasion pour les enfants de poser des questions.
  • Si, après avoir vu le film, vos enfants vous posaient des questions sur la drogue et les drogués, vous sentiriez-vous « tout-à-fait », « plutôt », « pas du tout » en mesure de répondre.
    • 85% se sentent en mesure de répondre grâce à ce film.

En ce qui concerne les réponses négatives, il y en a peu : 12 sur 200.

En conclusion, il est clair que ce film à fait réfléchir plus de ¾ des personnes qui ont été exposées au message et qu’il a constitué une excellente entrée en matière pour aborder le sujet de la drogue.

ParInfor Drogues & Addictions

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