Kétamine

Connue sous les appellations « Spécial K », « Ket », « Ketty » ou « Keta » dans les pays francophones, le chlorhydrate de kétamine, de son vrai nom, a été synthétisé pour la première fois en 1962. Il est utilisé en science vétérinaire et en médecine comme anesthésiant général d’action rapide. Il s’administre par voie intramusculaire (IM), intraveineuse (IV) ou sous-cutanée (SC). La kétamine est anesthésiant puissant car elle est un antagoniste des récepteurs NMDA responsables de la transmission de la douleur.

Il faut savoir que la kétamine est produite à partir d’un médicament, le Ketalar® qui se présente sous forme liquide injectable. La kétamine vendue en rue provient le plus souvent de stocks volés en pharmacie. Généralement l’usager ou le revendeur réduit le Ketalar® à la poêle ou au four pour qu’il se transforme en poudre, la kétamine, pour qu’elle puisse être sniffée. En poudre, son prix de rue se situe entre 40 et 60 €/g. À titre indicatif, un usager fait de 10 à 20 doses avec un gramme, en fonction de la tolérance qu’il a développée à l’égard de ce produit.

La kétamine est un produit interdit classé comme stupéfiant à l’exception de l’usage médical et vétérinaire.

Remarque : il ne faut pas confondre la kétamine avec la méthoxétamine qui se présente sous la même forme que la kétamine et est également une drogue dissociative. Toutefois, la méthoxétamine est fabriquée clandestinement, sa composition est ainsi beaucoup plus aléatoire avec tous les risques qui vont avec.

Histoire de la consommation

Dès la fin des années 70, la kétamine a été détournée de son usage médical. Elle a fait son apparition dans les premières discothèques gay de New York et sur les campus d’Universités. Il semble que son usage ait été assez marginal et expérimental jusqu’à l’apparition des nouvelles drogues de synthèse comme les premiers comprimés d’XTC, au début des années ’90.

Depuis environ 20 ans, on observe un usage détourné de la kétamine beaucoup plus important en Europe. C’est surtout dans le cadre des free party (soirées non autorisées et clandestines) et des festivals d’été que la kétamine est présente. Plus récemment, la kétamine est consommée dans les dancings, les sex clubs (milieux gay et échangiste) et les festivals de musiques électroniques.

Effets recherchés

Les effets ainsi que leur intensité varient selon chaque personne, le contexte dans lequel elle consomme, la qualité du produit et le mode de consommation.

Attention, les effets recherchés peuvent être différents des effets psychotropes (effets sur le cerveau). Il s’agit alors de répondre à un ou des besoins fondamentaux plus importants à ressentir pour le consommateur que les effets psychotropes en eux-mêmes. Par exemple le besoin de transgression, de se montrer courageux, de faire groupe peuvent constituer des raisons de consommation d’un produit. Chaque produit a une image sociale comme par exemple l’héroïne et la morphine sont le même produit de base, mais le premier évoque plutôt la rupture, la révolte et la clandestinité alors que l’autre est davantage associé au soin et au monde médical. Cette image peut pousser une personne à consommer tel produit plutôt qu’un autre en fonction de son besoin. Notons que ce besoin est souvent inconscient.

À « petites doses »

Les effets sont d’abord un sentiment d’apaisement, d’euphorie, de flottement, voire d’une impression de rêve éveillé, liés à son effet anesthésiant. Les consommateurs recherchent parfois un effet stimulant qui provient de la disparition de symptômes physiques de fatigue (crampes, etc.).

La kétamine a également des effets hallucinogènes. Elle ralentit les capacités motrices et induit des distorsions sensorielles que ce soit au niveau de la vision (couleur, espace), de l’ouïe, du temps et du mouvement.

À « fortes doses »

L’effet anesthésiant entraîne la perte de la sensation physique de son propre corps, c’est-à-dire une déconnexion conscience/corps (qu’on appelle aussi « état dissociatif ») qui donne l’impression de flotter dans l’espace (avec ou sans hallucinations) et un détachement vis-à-vis de la réalité extérieure.

Toutefois, il existe le risque que les consommateurs appellent le « K-Hole » : une sorte de bad trip pouvant être défini par une perte d’identité et du contact à la réalité et des visions souvent effrayantes.

La kétamine supprime temporairement l’odorat et le goût.

La durée des effets dépend du mode de consommation et de la dose

  • La pratique la plus courante est le sniff : la kétamine agit alors en 5 à 10 minutes et ses effets durent entre 1 et 2 heures selon la dose.
  • Ingérée, elle met 20 à 30 minutes à agir et les effets perdurent plus ou moins 4 heures.
  • Par injection intraveineuse, les effets surviennent au bout de quelques secondes et durent une dizaine de minutes. Par injection intramusculaire, ils mettent entre 2 à 4 minutes pour se faire sentir et durent environ 1 heure.

Effets non recherchés et risques
  • En raison des effets antidouleurs, le consommateur ne ressent rien s’il se blesse ou se brûle. Or le risque d’accident augmente, car la kétamine entraîne une difficulté motrice à se déplacer normalement.
  • Troubles de la coordination motrice et rigidité musculaire
  • Impossibilité de parler ou tenue de propos incohérents
  • Amnésie
  • Hypertension artérielle
  • Nausées, vomissements
  • Réduction du rythme cardiaque
  • Chez les sujets plus fragiles ou plus jeunes, on observe parfois des troubles psychologiques importants (anxiété, attaque de panique), neurologiques (paralysies temporaires) et parfois psychiatriques (mais temporaires).
  • K-Hole
Dépendance et tolérance

Même si l’usage de la kétamine correspond souvent à une recherche d’expérience ponctuelle, un usage régulier entraîne une tolérance, c’est-à-dire la nécessité d’augmenter les doses pour obtenir un effet identique. Une dépendance peut conduire à des prises compulsives.

Conseils de réduction des risques
  1. Ne consommez jamais un anesthésiant si vous êtes seul. Les propriétés hallucinogènes de la kétamine sont un risque supplémentaire si l’on consomme seul.
  2. Évitez les blessures en consommant dans un environnement calme et confortable.
  3. La kétamine est vendue sous forme de poudre : ne la confondez pas avec de la cocaïne ou du speed !
  4. Évitez les mélanges en général, mais faites surtout attention si vous suivez un traitement médical avec un sédatif ou un neuroleptique.
  5. Soyez particulièrement prudente si vous êtes enceinte ou si vous allaitez.
  6. Le dosage est très délicat. N’hésitez pas à demander à un consommateur expérimenté de vous aider.
  7. Espacez les prises d’au moins 1h30 pour éviter la surdose.
  8. À cause de l’effet anesthésiant, le consommateur ne ressent pas les nausées induites par la kétamine. Cela peut être dangereux en cas de sommeil, car un vomissement peut empêcher la respiration et provoquer l’étouffement. Pour cette raison, ne mangez pas trop et ne consommez si possible pas seul.
  9. Conduire un véhicule est vraiment déconseillé si vous avez consommé de la kétamine !
  10. En cas de bad trip d’un consommateur, expliquez-lui que les effets vont bientôt s’arrêter et proposez-lui un endroit calme.
  11. Si le consommateur est inconscient (vous n’arrivez pas à le réveiller), appelez d’urgence le Service Médical d’Urgence (appel gratuit) : 112

Vous pouvez également consulter notre brochure de réduction des risques dédiée à la kétamine

En résumé

Infor-Drogues a conçu pour vous une synthèse graphique relative au produit.

Soyez vigilant qu’une infographie est à manipuler avec précaution dans un cadre aussi sujet aux présupposés que le sont les drogues. Tout ce qui fait suite ne sont que des généralités, et il convient de ne pas omettre que les effets recherchés et non recherchés peuvent être spécifiques et différenciés à chaque usager ou à chaque consommation ponctuelle.

Le triangle multifactoriel de Claude Olievenstein

Kétamine infographie

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